Onze médailles d’or sur quatorze catégories !

A peu près rien ne s’est passé comme attendu aujourd’hui à Osaka. Les Japonais ont souffert, particulièrement les lourds. Dans cette ambiance, c’est le Néerlandais Henk Grol qui prend la victoire en lourds et la double championne du monde et championne olympique cubaine Idalys Ortiz chez les plus de 78 kilos.

Grol sacrée surprise, Ortiz sacrée championne

Henk Grol qui remporte le tournoi d’Osaka en plus de 100 kilos. Inattendu. Le Néerlandais est solide. Mais jusque-là il avait aussi montré une grande inaptitude tactique. Manifestement, il s’adapte bien au modèle actuel d’arbitrage. Il réussit l’exploit de gagner ce Grand Chelem avec un style plus que minimaliste à base d’une attaque dans les quatre minutes et d’une façon de contenir la garde adverse sans se faire prendre à faire du vent. Son sasae sur Bashaev en demi-finale et sa confusion avant-arrière sur Krpalek étaient néanmoins magnifiques. Mais comment fait-il pour se cacher pendant les 3’58 » restantes avec un kumikata briseur de garde et une seule attaque comme une seule balle dans le barillet ? Un contre et un verrouillage des manches pour sortir Tushishvili, que de la garde sur Naidan. Ça marche… Sa finale sur Krpalek est gérée de la même façon. Le Tchèque regrettera peut-être son obsession du sumi-gaeshi. Grol signe quoiqu’il en soit le fait d’arme de cette belle journée pour les « Oranges » avec l’argent de Noël Van T End en moins de 90 kilos. Avec une maîtrise de l’événement, puissance et calme, Idalys Ortiz a éteint les Japonaises Inamori puis Sone. Après son break, elle traverse les compétitions avec le sourire, sans forcément être aussi attaquante que par le passé, mais avec assez d’expérience pour gérer la situation d’arbitrage. Jusqu’où va-t-elle encore aller ?

Les lourds dans le dur

Heureusement pour le Japon, Kokoro Kageura a sauvé le bronze en déroulant Naidan Tuvshinbayar. Mais que cette journée a été un long pensum pour les plus de 100 kilos japonais ! Il y a aussi les succès de Mukai en moins de 90 kilos et de Wolf en moins de 100 kilos qui rappellent quand même le primat du judo nippon. Mais on n’était pas habitué depuis le début de ce grand Chelem à en voir tomber autant. Hisayoshi Harasawa, Takeshi Ojitani, Yusei Ogawa, un bilan de quatre victoires pour quatre défaites dont deux contre le matois Mongol Naidan. Le jeune Ogawa a sûrement été le plus valeureux. Son départ pied au plancher contre Krpalek était courageux. Mais une gêne à un genou a ouvert la porte au Tchèque sur sumi-gaeshi. Ce qu’il y a de plus gênant avec le jeune Ogawa c’est le théâtre autour de lui qu’il fait mine de ne pas voir. Une caméra toujours sur le râble et un père pas loin qui n’hésite pas à monter sur le tatami d’échauffement alors qu’il n’a aucun rôle dans l’équipe nippone. Mais c’est Kageura qui prend les rênes pour le moment. D’autres moments ont noirci le ciel d’Osaka pour les masculins de Kosei Inoue. Mashu Baker retourné sèchement par Ushangi Margiani ou Ryunosuke Haga déroulé par le Suédois Dvarby. Décidément ce Grand Chelem n’était pas vraiment inscrit en rouge dans leur carnet intérieur. Sauf sur celui d’Aaron Wolf (-100kg) ce dimanche, qui cherchait le rachat après sa cinquième place aux Mondiaux. Confiant dans sa posture et ses fauchages, il règle la surprise canadienne Elnahas en finale. Avant ça, son uchi-mata très circulaire sur Buzacarini était le plus beau waza-ari du tournoi. Le jeune Shoichiro Mukai (-90kg) avec ses morote soignés termine en or lui aussi. Le Serbe Majdov, le Géorgien Margiani et en finale Noel Van T End ont été pris de vitesse. Mukai ajoute le tournoi du Japon après Paris cette année. Il va falloir compter sur lui derrière Nagasawa, absent ce week-end. Troisième place pour l’intéressant Murao, très doué sur uchi-mata.

Les Japonaises piégées aussi

On pensait que les filles du Soleil Levant avaient une marge plus grandes chez les lourdes. Mais avec Ortiz dans les parages, il y a toujours danger. Pourtant la petite Akira Sone a sorti magistralement la championne du monde Sara Asahina sur un maitre sode avant d’être piégée dans les pattes d’Ortiz. Trop maline pour ne pas laisser monter les pénalités à son profit dans ce non-match. Peut-être la défaite qui évite à Asahina (3e), la prise de leadership par sa cadette Sone. En moins de 78 kilos en revanche, en l’absence des Françaises notamment, pas la moindre frayeur pour la team Japon. Un triplé, mais là aussi une championne du monde en titre battue. C’est Shori Hamada qui est pliée par Mami Umeki, championne du monde 2015 et victorieuse de la Coupe du Kodokan. Umeki battue à son tour, en puissance, par Ruika Sato en finale. Une fille souvent placée en tournoi, moins en championnat. Sato garde comme un trésor le bras droit de sa compatriote avant de la faire tourner sur le dos jusqu’à l’immobilisation. Ce serait peu-être la prochaine de sa génération à devenir championne du monde.

De l’orange, de l’érable et Cuba

La victoire de Henk Grol est la seule d’un non-Japonais dans ce week-end chez les masculins. Lui et Van T End (vainqueur de Ozerler, Trippel et Silva Morales) mettent leur pays au troisième rang, mais dans une autre galaxie que les onze titres nippons. Juste derrière le Canada (devant grâce à deux cinquième place). Les Nord-Américains ont pris une nouvelle médaille après l’or de Klimkait hier en moins de 57 kilos. Encore plus inattendu, « Slim » Shady Elnahas en argent du podium des moins de 100 kilos. 20 ans, cinquième des mondiaux juniors, premier Grand Chelem, un fin gabarit audacieux au moment de monter ses adversaires sur sa hanche ou de les crocheter en ippon ko-uchi gari. Demandez à Kentaro Iida monté au niveau du mont Fuji une première fois puis collé en o-goshi la fois suivante. Un garçon à revoir dans cette catégorie où le Canada compte déjà Kyle Reyes. Le Portugal de Fonseca (3e), l’Allemagne de Trippel (3e), les Tchèques de Krpalek (2e) ne sont pas fanny. La Russie ajoute une troisième médaille grâce au petit Tamerlan Bashaev, brillant morote-man. Bronze et or pour Cuba puisque Antomarchi (-78kg) vient sur la photo à côté de Ortiz. Raté pour le Brésil avec trois cinquièmes places aujourd’hui tout comme la Géorgie dont les leaders Liparteliani et Tushishvili disparaissent rapidement.La France n’avait aucun engagé aujourd’hui. Avec les médailles de bronze de Buchard et Pinot, les Bleus finissent au dixième rang.