Le nouveau n°1 français en -60kg prend l’argent

Décidément, il va falloir apprendre à écrire son nom. Luka Mkheidze – on propose le surnom « MKH » — a effet continué sur sa lancée en s’emparant de l’argent dans un Grand Prix du Mexique qui était taillé pour ce genre de perfomance. Malheureusement pour la France, il est le seul titulaire français à y parvenir. Même le leader de l’équipe, Cyrille Maret, voit le podium lui échapper.

Rappelons les faits : Ce jeune leader national en juniors (champion de France -55kg en 2014 et vice champion de France 2016 en -60kg derrière Jolan Florimont) – génération Walide Khyar — désormais 22 ans, a su prendre la bonne vague en se plaçant sur le podium de deux Open Européens en 2017 et 2018 et surtout en montant en finale d’un troisième, décrété décisif par le staff, en Biélorussie en août. Propulsé au championnat du monde, il n’y fit pas mauvaise figure par rapport à son niveau d’expérience. Fin du premier acte. Sur ce Grand Prix du Mexique sur lequel on avait envoyé une partie des titulaires des championnats du monde dans le but de leur faire acquérir des points, il réussit la performance attendue avec cette nouvelle finale, son premier podium en Grand Prix.

Mkheidze vs Tsjakadoea

Parti un peu plus tard que les jeunes combattants de sa génération à l’assaut des points et des rangs dans le classement mondial, il est en train de montrer qu’il se situe d’ores et déjà à leur niveau, ce qui est significatif d’un tempérament et d’un potentiel. Sur ce Grand Prix il rencontre en effet quatre combattants, tous de sa génération, pour trois victoires importantes et une défaite frustrante. Après avoir pris son temps contre un Mexicain de 17 ans, Arath Juarez, il réussissait la première et peut-être sa meilleure perf’ du jour en dominant l’Américain Adonis Diaz, 22 ans comme lui, mais déjà entré dans les vingt premiers de la hiérarchie mondiale grâce à un podium en championnat pan-américain, mais aussi deux podiums de Grands Prix, le bronze en Turquie en avril, la finale en Croatie en juillet. C’est sur un arraché à une main avec contrôle du dos de l’autre, poursuivi en o-uchi-gari, qu’il obtenait le waza-ari décisif. Venait ensuite l’Allemand Moritz Plafky, 22 ans lui aussi et aux alentours de la 30e place mondiale, qu’il enroulait sur un sumi-gaeshi latéral malin avant de conclure en ura-nage. Le Tchèque Pulkrabek a quatorze mois de plus que le Français et s’est hissé lui aussi en Croatie en juillet sur le podium d’un Grand Prix. Surpris par un contre opportuniste en début de combat, Mkheidze avait le mérite de revenir sur son efficace tai-otoshi à genoux et de conclure sur un beau seoi-nage tout en ampleur en bout de déplacement. Malheureusement, il échouait d’un rien en finale, après avoir mené sur un beau ippon-seoi-nage d’abord déclaré ippon. À dix-neuf secondes de la fin, sur le recul, il acceptait une garde croisée et se faisait dérouler pour ippon. Une erreur. Le vainqueur ? Encore un nom à apprendre à orthographier, celui du Néerlandais Tornike Tsjakadoea (appelons-le « TSJ » ?), 22 ans lui aussi, champion d’Europe junior 2016 (mais aussi deux podiums aux championnats d’Europe -23 ans 2015 et 2016), lui aussi dans les eaux de la 30e place mondiale, que Luka Mkheidze avait battu en demi-finale en Biélorussie. Le coup parfait est passé tout près de la cible, mais malgré la frustration légitime, le résultat est très encourageant pour le protégé de l’entraîneur Stéphane Auduc à Sucy. Avec son judo franc, engagé et ouvert, efficace avec ses attaques basses, il aborde frontalement la catégorie et se situe déjà à la hauteur des Européens de sa génération. Toujours 38e mondial, il comble le retard avec aisance et confiance.
L »étape au-dessus, « taper » un top 10, se situer sur un tournoi de niveau encore plus élevé, pour bientôt ? C’est tout à fait crédible.

Maret, deux fois battu

Seul Français à entrer dans le classement, mais sans podium, Cyrille Maret en -100kg. Battu trop tôt à Bakou, le champion français était à la recherche de bonnes sensations, et de points, pour voir venir avec sérénité, lui qui est désormais classé au-delà de la 15e place mondiale. Il gagne son quart en deux combats à sa main, mais se fait prendre en demi-finale par l’un des Russes de la nouvelle génération, non pas Niyaz Iliyasov,  champion du monde juniors 2015 et troisième du championnat du monde seniors 2018, mais Niyaz Bilalov, 24 ans et champion d’Europe -23 ans en 2016. Le jeune Russe trouvait l’ouverture pour un joli o-uchi-gari et résistait jusqu’au bout au rush du Dijonais. Peut-être un peu amoindri par cette défaite, Maret se faisait ensuite « gérer sur les mains » par le Brésilien Buzacarini, 27 ans et trentième mondial, qui le poussait à la troisième pénalité.  Un mauvais signal.

Pietri butte sur Silva Morales

La France comptait dans ses rangs deux -66kg, Kevin Azema (il échoue au second tour devant le Portugais Joao Crisostomo, non classé à la ranking mondial) et le titulaire du dernier championnat du monde Daniel Jean (il perd logiquement au second tour face au champion russe Mikhail Puliaev), deux -73kg, Gullaume Chaine, qui était lui aussi à Bakou, (il s’incline aux pénalités au second tour face au vétéran Miklos Ungvari) et Pierre Duprat (il sort d’entrée devant l’Anglais Eric Ham, 80e mondial sur un étrange tomoe-nage au ralenti), et enfin un -81kg, là encore le titulaire de Bakou, Alpha Oumar Djalo (qui se fait sortir lui aussi au second tour et aux pénalités par le Brésilien Penalber, qui revient tout doucement dans les vingt meilleurs mondiaux). Enfin on attendait beaucoup du retour de Loic Pietri en -90kg. Il prenait au second tour un gros client, le vice-champion du monde cubain Ivan Felipe Silva Morales – tombeur à Bakou du Français Clerget en demi-finale et futur vainqueur du tournoi— et finissait par succomber au golden score à la fatigue et à un ko-soto-gake bien accroché. Le champion du monde 2013 a tenu le choc, mais, en difficulté pour mettre de l’impact et varier les directions, il a pu mesurer aussi ce qui le séparait encore du niveau mondial.
Aucun de ces combattants ne se classent et les précieux points ne sont donc pas au rendez-vous. 

De l’or à Cuba

Sans forcer, une honnête délégation russe  qui ne comportait qu’un seul titulaire de Bakou dans ses rangs, se hisse dans quatre finales et en emporte deux, ainsi que le classement des nations. Le titulaire de Bakou ? Le -66kg Mikhail Puliaev… battu en finale par un autre Russe, Aram Grigoryan, vainqueur aussi à l’Open de Biélorussie en août. L’Autriche arrive derrière, deux fois en or avec ses féminines. Et Cuba fait aussi une belle impression avec l’éternelle Ortiz, en or en lourd, et par la confirmation de son nouveau médaillé mondial senior (après une médaille mondiale junior en 2015), Ivan Felipe Silva Morales, en or en -90kg. Pas de Coréen, pas de Mongol, pas de Japonais pour troubler le jeu… ou plutôt si, le Japon était là, avec une représentante en -78kg, Rika Takayama, 24 ans. championne d’Asie junior il y a quelques années et championne du Japon seniors en 2018. Elle gagne, battant en finale la médaillée olympique et double championne du monde Mayra Aguiar. Une nouvelle venue dans la catégorie de la championne du monde 2018 Shori Hamada et de ses déjà innombrables rivales.