Iddir en bronze, Tcheumeo en argent, Riner en or

Joli affrontement entre Alexandre Iddir, le finaliste de Paris en -90 kg, et l’aîné des Clerget, Axel (Arthur le cadet est le tout récent champion de France -73 kg), lequel Axel, en finissant cinquième du tournoi de Paris a prouvé qu’il redevenait compétitif au niveau international. Cinquième, ce sera sa place encore cette fois. Après avoir battu (par hansokumake) le Tadjik Ustopiriyon, douzième mondial et au pied du podium à Astana, il ne cédait que d’une pénalité devant le futur vainqueur, encore un Japonais, Kenta Nagasawa, 3ème aux Universiades 2015 et capitaine de l’université de Tokai. En place de trois, c’était le face-à-face avec le leader français Alexandre Iddir, lui-même battu par le vice-champion olympique et champion du monde 2013, le Cubain Asley Gonzales, en phase de remontée vers le sommet. Alex plaçait à Axel deux fantastiques ippon-seoi-nage. Une technique qu’il maîtrise à la perfection et qui lui permet de se maintenir dans les dix meilleurs mondiaux. En attendant mieux ?

Tcheuméo étranglée

Elle avait été privée de podium au Grand Chelem d’Abou Dhabi, on la retrouvait sur ce Grand Prix de Chine, motivée et pleine d’allant. La Française sortait tour après tour, mais sans projections spectaculaires, des adversaires copieuses, la Cubaine Castillo, la Russe Dmitrieva et l’inattendue championne du monde 2013, la Coréenne du Nord Sol Kyong, trois combattantes qu’elle a toujours battues, avant d’être opposée en finale à une Japonaise encore peu expérimentée depuis ses premières armes internationales à Glasgow en octobre 2014, mais qui perd peu, et qu’elle n’avait jamais rencontré, Shori Hamada. Après avoir battu la championne olympique, l’Américaine Kayla Harrison, la Japonaise contrôlait avec sobriété le lourd bras droit de « Tchoumi », qui lançait une attaque forte en reprise, mais sans effet sur Hamada. Tombée aux pieds de la Japonaise, aussitôt prise en étranglement, Audrey Tcheumeo réagissait un peu à l’envers et devait abandonner précipitamment. Avec la championne du monde Mami Umeki, Ruika Sato et Akari Ogata qui reviennent bien, et désormais Shori Hamada, la catégorie des -78 kg s’étoffe du côté des Japonaises. 

Teddy Riner en visite en Asie

Le Français ne fera pas le voyage du Japon, ce qui aurait été plutôt joliment insolent, mais peut-être risqué avant les Jeux. En revanche, il fera pour la première fois depuis bien longtemps deux tournois en une semaine. C’était donc le premier acte de sa tournée d’Asie, conclu logiquement par de l’or. Deux ippons sur un Kazakh et un Ukrainien, mais deux yuko seulement sur l’Allemand Heinle, avant d’affronter en finale le Coréen Kim Sung-Min. Malgré son statut de rival potentiel, le Coréen a surtout montré à quel point l’opposition au grand est pour l’instant totalement introuvable. Il était expulsé en quelques minutes par hansokumake. On espère, pour le plaisir, un peu plus de résistance la semaine prochaine au Grand Prix de Corée. Mais si c’est encore Kim Sung-Min en finale… comme c’était d’ailleurs le cas l’année dernière (car Teddy avait fait le déplacement en Corée), le suspens n’est pas bien grand. 

Yu Song à Rio

Pas de Français en -100 kg ? Si. Clément Delvert, qui parvient à marquer waza-ari à l’excellent jeune Néerlandais Michael Korrel, avant de prendre ippon. Dans cette catégorie, c’est le vieux guerrier mongol champion olympique 2008 Naidan Tuvshinbayar qui s’impose au vieux guerrier kazakhstanais Maxim Rakov champion du monde 2009. Seront-ils encore compétitifs en 2016 à Rio ? C’est bien probable. Deux médailles de bronze azerbaïdjanaises dans cette catégorie. L’Azerbaïdjan sert le jeu et termine première nation chez les masculins avec six médailles, trois finales dont deux titres. Une bonne référence pour eux à ce moment de la préparation. 
Encore une médaille d’or chinoise aujourd’hui, celle de la championne du monde Yu Song, qui domine en finale aux pénalités la volumineuse Ma Sisi. Sa sélection pour Rio est (probablement) acquise.

Avec la performance masculine azerbaïdjanaise, le bon bilan mongol (une médaille d’or, une d’argent et une de bronze chez les filles comme chez les garçons), le bilan de la bataille de Chine restera avant tout les cinq médailles d’or japonaises avec des « seconds couteaux »,  deux belles médailles d’or masculines, et trois médailles d’or féminines qui laissent à penser que la totale reprise de confiance du judo féminin nippon est presque achevée.