En or en Turquie, Madeleine Malonga proche de l’équipe de France

Pas de Français chez les garçons aujourd’hui, ce qui a permis de regarder sereinement le jeune Néerlandais Van T End placer son merveilleux ko-uchi-makikomi jusqu’en finale en -90 kg, l’Azéri Elmar Gasimov gagner son deuxième tournoi en deux jours en -100 kg, à chaque fois devant un Allemand. Mais cette fois ce n’était pas face au grand Dimitri Peters, mais face à son challenger Karl-Richard Frey, auteur d’un ippon superbe sur son leader, avec un ko-soto-gari au moment de la montée de la main à étudier à la vidéo. Enfin en lourd c’était le Tunisien Jaballah, toujours dangereux, qui parvenait à battre aux pénalités le volumineux brésilien Rafael Silva.

Erb et Garry

Des choses intéressantes du côté tricolore se jouaient chez les filles. Marine Erb, 20 ans, est championne de France et médaillée mondiale junior en +78 kg. À l’Open de Tunisie elle est allée chercher le bronze. Ce dimanche, elle était en passe de gagner son second combat contre l’Algérienne Sonia Asselah, 29e mondial, contre laquelle elle menait d’une pénalité à six secondes de la fin… avant de se faire surprendre pour ippon. Dans cette catégorie, c’est la Chinoise Ma Sissi qui succède à Yu Song, la semaine dernière. Les grandes manœuvres ont commencé pour les super lourdes chinoises ! Ma Sissi est encore plus volumineuse que Yu Song et fait un peu peur avec sa coupe de GI. Ça reste un peu pataud sur les appuis, mais il faudra voir ce que ça donne dans un an et demi dans la perspective de Rio.
Christelle Garry avait un peu plus d’expérience en -78 kg, mais elle ne passait pas l’Anglaise Powell, 10e mondiale, et, plus embêtant, lâchait aux pénalités en place de trois face à l’Allemande Maike Ziech, 67e mondiale. Des pénalités qui, d’une façon générale, sont encore une fois tombées un peu comme la pluie, au hasard, et sans qu’on puisse bien comprendre, parfois, ce qui motivait l’arbitre pour sanctionner l’un plutôt que l’autre… mais c’est une parenthèse et un autre (vieux) débat.

Malonga, la fille en vue

Il restait donc la fille en vue, l’intéressante Madeleine Malonga, 21 ans, une ancienne du petit club picard de Chambly. Un titre national junior en 2012, l’or européen et le bronze mondial dans cette catégorie d’âge en 2013 et déjà le titre national senior en 2014. Elle a eu le temps de se classer 2e du Grand Chelem de Paris, première de celui de Bakou en 2014. En 2015 elle a gagné déjà deux Open (Tunisie et Maroc). Madeleine Malonga c’est d’abord un grand sourire lumineux de fille sympathique, tout en haut d’un long corps de un mètre quatre-vingt-un, encore agrandi par une crinière de cheveux bien dressée sur le sommet du crâne. C’est aussi un judo d’attaquante au bras droit lourd comme le plomb qui ne temporise pas et progresse à chaque sortie, notamment sur sa qualité d’appui, encore juvénile il y a quelques mois.  

Elle bat la n°3 mondiale

Au premier combat, elle battait sur une grande attaque de jambe en montant la main la solide Espagnole Tort, 29e mondiale, avant de passer à la vitesse au-dessus en dominant l’Ukrainienne Turk – l’une des combattantes contre laquelle elle restait sur une défaite (au Grand Prix de Budapest en juin 2014) – 12e mondiale. Son adversaire l’attaquait fort au sol et parvenait même à la prendre en étranglement, mais sans succès, tentait ensuite de gérer son kumikata et croisait son bras pour l’attaquer en o-soto-gari… Elle était alors contrée par la jeune Française qui lui faisait faire une énorme culbute sur les deux épaules ! Le combat suivant allait être explosif. L’Allemande Luise Malzahn, 3e mondiale, en demi-finale de ce Grand Prix. Après quelques secondes d’échanges les deux combattantes se jetaient littéralement l’une sur l’autre dans un « clinch » métallique et c’était Malonga qui tournait bien les hanches, enroulait l’Allemande au sol et la gardait pour le ippon. Après cette victoire importante, il ne fallait pas rater la finale. Mais c’était contre la combative anglaise Natalie Powell, 10e mondiale, une fille qui aime bien les corps à corps et qui restait sur deux victoires face à Malonga. De fait, elle tenait le choc pendant une minute, et on se demandait un peu de quel côté cela allait (forcément) tomber. Et c’est Mado Malonga encore une fois qui faisait les bons choix, entrant dans un contact étroit pour o-uchi-gari, avant de changer habilement de direction. Là encore, le sol allait lui permettre d’achever le boulot. 

Dans les dix meilleures mondiales

Madeleine Malonga gagne une nouvelle fois, en ce début d’année faste pour elle. Avec les 300 points qu’elle récupère elle entre largement dans les dix meilleures mondiales de cette catégorie. Surtout, elle apparait désormais comme une outsider crédible pour une médaille européenne et, de ce fait, comme une obligation en équipe de France pour accompagner Audrey Tcheumeo en -78 kg. On a aussi hâte de la voir s’exprimer comme elle vient de le faire sur le gratin de la discipline – qui paraît encore au-dessus ? – les Velensek, Aguiar, Harrison… Tcheumeo. Mais l’évidence s’impose : Malonga progesse à pas de géante.