La Russie opportuniste, Vaugarny se relance

Mais qu’allait-il faire à Tashkent ce week-end, trois semaines après les championnats du monde ? Pour la Russie, les choses sont claires : prendre cinq médailles d’or pour sept finales, dont deux titres féminins, et les points « ranking » qui vont avec. Comment était composé ce groupe russe ? D’outsiders jeunes, comme le -60kg Yago Abuladze, déjà reperé en finale du Grand Chelem d’Osaka 2018, et vainqueur cette fois de ce Grand Prix Ouzbek face à un prestigieux tout jeune senior première année, le champion du monde juniors 2018 japonais, le « fils de », Genki Koga (battu pour un contre raté au bout du golden score, une action qui n’avait pas compté dans l’autre sens en début de combat). Mais aussi de combattants « 1 bis », comme le -66kg Yakub Shamilov, qui l’emporte en finale contre un autre Japonais, le junior 3 Yuji Aida, et gagne peut-être à cette occasion sa place aux Jeux au détriment du palissant Puliaev, ou le -100kg Kazbek Zankhishiev, en plein renouveau, et prêt à pallier à une faiblesse éventuelle du médaillé mondial Iiyasov. Quant aux filles, on remarque la médaille d’or de la n°2 russe en -48kg, Sabina Giliazova, une première pour elle, et celle de l’athlétique +78kg Ksenia Chibisova, absente à Tokyo, mais troisième des Jeux Européens. Somme toute, à onze mois des Jeux, des points importants, de la confiance, et de la concurrence utile pour la performance.

Derrière l’Ouzbekistan à domicile (cinq finales, deux titres, deuxième place des nations), on retrouve en troisième nation l’équipe une d’Autriche, qui avait fait globalement le même calcul, et la Corée qui gagne l’or en -52kg avec l’excellente Jeong Bokyeong, une ancienne médaillée mondiale et finaliste olympique en -48kg, qui emporte son premier titre dans sa nouvelle catégorie au bon moment et sera dangereuse dans quelques mois à Tokyo pour les Jeux.

Nyman, le retour

La Géorgie est là aussi avec deux combattants, le poids lourd Guram Tushishvili, champion du monde déchû en 2019 et en quête de points et de repères — et c’est réussi puisqu’il emporte l’or — mais aussi le très jeune Lasha Bekauri en -90kg (5e), 19 ans, champion du monde cadet en 2017 et junior en 2018, et qui pourrait bien, si il trouve ses marques rapidement en senior, remplacer pour les Jeux un Beka Gviniashvili, septième mondial et 23 ans seulement, toujours redoutable en tournoi, mais régulièrement décevant en championnats.
Impressionnante victoire dans cette catégorie du Suédois Marcus Nyman, absent depuis les Jeux de 2016 où il avait fait cinquième, et de retour en début d’année 2019. Après six tournois d’ajustement, il se classe cinquième du championnat du monde et emporte ce Grand Prix en battant le revenant japonais champion olympique en titre, Mashu Baker — en phase de rodage — grâce à deux terribles sumi-gaeshi, et le Russe Khusen Khalmurzaev sur osae-komi après sumi-gaeshi. Une vraie déclaration d’intention.

Vaugarny repart à l’assaut

Et la France ? Elle avait fait le déplacement avec un groupe de six féminines en phase de maturation, et c’est la plus performante du lot, Mélodie Vaugarny, déjà remarquable troisième du Grand Chelem de Paris de cette année (en battant Mélanie Clément pour le bronze), qui récidive en s’emparant du bronze de Tashkent 2019. Une réussite marquée par une victoire importante sur l’Israélienne Shira Rishony (15e mondiale et qui restait sur une victoire contre la Française), laquelle commençait par lui marquer waza-ari avant de se faire embarquer sur un ura-nage pénoménal. Une victoire très encourageante pour cette combattante freinée par des soucis de santé au moment de sa pleine montée en puissance en début d’année. À suivre de près dans les mois à venir.