Et les juniors féminines font deux médailles de bronze
Le premier Grand Prix de l’année civil, celui de Tunisie, est propice aux jolis coups. Une opposition contrastée, avec quelques leaders cherchant les climats tempérés et les points faciles, mais aussi peu de profondeur, ce qui autorise, avec un peu de chance et de motivation, les beaux parcours.
C’est d’ailleurs ce que réussissent parfaitement Sarah-Leonie Cysique en -57kg et Chloé Dollin en -78kg. Ces deux là sont médaillées européennes juniors (en bronze toutes les deux) et rescapées de la désastreuse campagne mondiale juniors à Zagreb. Et la première s’est même située à un autre niveau en emportant carrément le championnat de France seniors après une médaille de bronze l’année précédente.
Au-delà de la belle réussite objective que constitue une première médaille en Grand Prix, que valent ces performances ?
Pour Chloé Dollin, 20 ans et 75e mondiale, cette médaille vaut surtout pour une victoire contre une jeune Russe de 21 ans et non classée mondialement – victorieuse tout de même au premier tour de la Française Julie Pierret, championne de France 2016, de retour d’opération. Une bonne mise en route quoiqu’il en soit pour Chloé Dollin.
Cysique promet !
Pour la jeune Cysique, 19 ans, classée au delà de la 100e place mondiale, c’est beaucoup plus significatif. Elle bat d’abord à l’usure, sur un petit contre après trois minutes de golden score, une Néerlandaise de 24 ans et 28e mondiale, Magriet Bergstra. Elle sort ensuite aux pénalités, l’Espagnole Equisoain, même âge et même classement que la Néerlandaise (29e), et un golden score de plus de trois minutes là encore. Il faudra deux minutes au delà du golden score (encore) à la Coréenne Kwon, cinquième mondiale, pour arrarcher un waza-ari à la solide petite Française. Laquelle, pour la place de trois reprend sa marche en avant en battant la toute jeune Slovène Kaja Kajzer, 17 ans, mais déjà 30e mondiale. Une très grosse compétition donc pour la championne de France seniors (troisième seulement aux « France » juniors). Puissante, avec une garde de gauchère qui pèse, mais aussi de la mobilité dans les appuis et de belles rotations en sasae, Sarah-Leonie Cysique a fait une très belle impression pour son premier grand tournoi seniors. À suivre.
Pour les filles, c’était tout. D’autres combattantes de la même génération étaient alignées, mais sans parvenir à tirer leur épingle du jeu. Plus expérimentée, la n°2 française en -52kg, Astride Gneto, ne profitait pas de l’occasion pour remonter sur un podium, ce qu’elle n’a plus fait depuis sa victoire au Grand Chelem d’Abou Dhabi en 2016. En +78kg, la nouvelle championne de France Julia Tolofua, pourtant à l’aise dans le combat, faisait preuve de naïveté face aux fortes attaques de la Tunisienne Cheikh Rouhou, qui l’endormait avant de l’enrouler par deux fois.
Khyar reprend ses marques
Les garçons — des médaillés nationaux, pour l’essentiel – ne brillaient pas (à une exception notable). En -73kg Benjamin Axus (5e) ne montait pas sur le podium, ni Vincent Manquest en -60kg, battu par le Marocain Moudatir. L’exception ? Logiquement, Walide Khyar, le champion d’Europe 2016. Mais descendu à 22e place mondiale, peu en confiance, flottant entre deux catégories de poids et sans résultat probant depuis ce fameux titre, Walide Khyar était loin d’être favori. D’ailleurs avec quelques combattants classés à la lisière des dix meilleurs mondiaux, comme le Turc Ozlu ou le Kazakhstanais Kyrghyzbayev – et même un Japonais, non classé, mais Japonais tout de même – la journée ne s’annonçait pas comme une simple partie de plaisir.
C’est pourquoi la médaille d’or du combattant de FLAM91 doit être considérée comme une excellente nouvelle pour lui et pour l’équipe de France. Une bonne nouvelle qu’on peut d’ailleurs mettre déjà à l’actif de l’influence du nouveau patron, Stéphane Traineau, qui avait, après discussion avec le combattant, insisté pour que Khyar se fixe à nouveau des objectifs clairs en -60kg. Ce premier Grand Prix réussi depuis 2016 est une pierre blanche sur le chemin de la compétitivité au tout meilleur niveau pour Khyar.
Le retour du ura-nage sur la nuque
La compétition a démarré doucement pour le Français qui devait trouver ses marques. Le jeune Canadien Poklitar lui résistait jusqu’à la fin au premier combat et le Tunisien Jafy lui marquait même un waza-ari douteux au second, que Khyar parvenait à remonter avant d’user son adversaire par sa pression constante. La suite ramenait presque deux ans en arrière. On retrouvait le magnifique combattant du championnat d’Europe qui avait tout déménagé avec son ura-nage. Le jeune Japonais Miyanohara se retrouvait sur la nuque, le Kazakhstanais finissait par prendre une troisième pénalité et le Slovène Trbovc subissait le sort du Japonais en finale. Une superbe compétition.
De quoi ramener, avec l’or, un peu de baume au cœur et la conviction un peu plus ferme que le travail pourrait payer dans les mois à venir avec la jeune élite masculine française qui n’avait plus grand chose à se mettre sous la dent, en termes de résultats, depuis le Grand Chelem de Russie en mai dernier.