Kilian fait du bon Le Blouch

On approche à grands pas des championnats du monde et l’équipe de France avait fait de ce Grand Prix de Croatie 2019 sa rampe de lancement, sa répétition générale.  En cette première journée, le bilan donne des raisons d’espérer.

Au plan des déceptions, l’échec sans relief au second tour des deux -60kg, Luka Mkheidze et Walide Khyar. Le premier se faisait surprendre en huit secondes par le seoi-nage / tai-otoshi du Turkmène Hakberdi Jumayev, pourtant modeste 104e mondial. Le second ne digérait pas les excellents ko-uchi-gari en réaction de l’un des plus discrets membres de l’équipe de Corée du Sud, Choi In-Hyuk, 48e mondial. Les légers français sont dans l’inconnu avant le grand rendez-vous mondial.
Heureusement pour l’ambiance, Kilian Le Blouch redonnait de belles couleurs aux perspectives masculines françaises en reprenant sa dynamique de médailles interrompue brutalement aux Jeux Européens. Le tacticien français restait sur une série de trois victoires, deux en Open, une au Grand Chelem de Russie, avait d’avoir dû mettre un genou à terre par deux fois, à Minsk devant un jeune Géorgien, et au Grand Chelem de Bakou devant le Slovène Gomboc, vainqueur du championnat d’Europe 2018, finaliste en 2017. Deux premiers tours, une mauvaise spirale que le leader de FLAM ne laisse pas s’installer en emportant cette fois une médaille de bronze consistante. Deux premiers tours efficaces face à deux combattants à la lisière de la cinquantième place, avant une défaite contre l’un des nouveaux héros du moment, l’épatant Moldave Denis Vieru qui ne tombait pas dans son jeu et lui faisait faire quasiment un tour complet sur son fabuleux tai-otoshi en confusion avant-arrière, exactement le même qu’il avait placé pour ippon au numéro un mondial, le Géorgien Margvelashvili, en finale du Grand Chelem de Paris. Le Blouch ne prenait que waza-ari, mais tournait tout d’un bloc. Tandis que Vieru allait brillamment jusqu’en finale, où il était surpris par le seoi-nage debout de l’Espagnol Alberto Gaitero Martin – battu par le Français en Russie — Kilian Le Blouch repartait bien avec deux victoires par pénalités sur le Slovène Gomboc – une revanche très positive — et en place de trois face à l’Ouzbek Mukhriddin Tilovov, lessivé par le tambour à réaction de la machine Le Blouch. Le Français est bien et s’est rassuré avec cette médaille dans une catégorie globalement ouverte. Si le Japon et la Corée semblent très au-dessus, il y a sans doute un chemin pour se faufiler sur le podium mondial. C’est tout le mal qu’on souhaite au numéro un français, qui a encore su placer un o-soto/harai-goshi debout et son o-uchi-gari, de plus en plus efficace. La bonne vague pour Le Blouch ? On peut y croire.

L’or sous le nez

En -48kg, Mélanie Clément avait beaucoup et brillamment fait parler d’elle en étant devenue, à Tbilissi en mars, la seule combattante du monde à avoir battu depuis deux ans la championne du monde ukrainienne Daria Bilodid. Malheureusement Mélanie Clément avait raté le test en conditions réelles, aux Jeux Européens, en perdant contre la même Bilodid, mais aussi l’Espagnole Julia Figueroa. Mais la fille de Marnaval n’abdique pas et montre au contraire à Zagreb que la tendance globale est au passage de cap. Elle fait une compétition très positive, agressive et efficace au sol, plus tranchante debout qu’il y a quelques mois, et très déterminée en finale pour faire basculer l’obstacle majeure du jour, la très campée Kazakhe Galbadrakh, qu’elle parvenait à dérouler sur o-soto-makikomi, avant de faire une grosse erreur dans la dernière minute : une tentative de « prise de dos » enthousiaste mais mal contrôlée, que la rugueuse double médaillée mondiale et médaillée olympique, bien que débordée, parvenait à convertir en un waza-ari providentiel. Requinquée, c’est la 9e mondiale kazakhe qui contrait pour le second waza-ari. Une médaille d’or qui n’est pas passée loin, mais aussi une belle attitude qui donne le sentiment que le podium mondial n’est pas si inaccessible pour la combattante du Grand Est.

Cysique déborde encore

En -57kg, la jeune Sarah-Léonie Cysique, 21e mondiale, mettait le feu comme à son habitude, parvenant même à dominer l’Allemande 9e mondiale, Theresa Stoll, sur un seoi-nage debout d’excellente facture. Elle cédait par trois pénalités à la Japonaise Momo Tamaoki, 12e mondiale, non sans lui avoir marqué un waza-ari en contre finalement supprimé. Petite déception en place de trois avec une défaite devant l’Anglaise Nekoda Smythe-Davies, médaillée mondiale 2017, face à laquelle elle restait sur une victoire. Trop entreprenante, la Française se faisait prendre sur des mouvements d’épaule. C’est le troisième échec successif pour une médaille de bronze de la jeune championne d’Europe et finaliste mondiale juniors 2018 en Grand Prix. Frustrant ? Sans doute pour elle, mais aussi l’évidence que les ajustements pour atteindre le podium aussi systématiquement ne seront pas difficiles à mettre en place. Pour Tokyo 2019 ?