C’est à une nouvelle démonstration russe que le public de Douchanbé a eu le droit ce dimanche. Jugeons-en plutôt : deux titres, en -100kg et +100kg pour Matvey Kanikovskyi et Tamerlan Bashaev, deux médailles d’argent, en -90kg et -100kg, qui vont autour du cou d’Eldar Allakhverdiev et Niiaz Bilalov et deux de bronze pour la -78kg Aleksandra Babintseva et la +78kg Daria Vladimirova.
Six médailles qui s’ajoutent aux cinq déjà enlevés hier et avant-hier pour un total confortable de onze podiums dont cinq titres.
Une délégation composée en majorité de jeunes seniors : Ramazan Abdulaev, vainqueur en -60kg, à vingt-cinq ans et deux médailles d’argent en Grand Chelem en 2021; Murad Chopanov, en argent chez les -66kg, avait remporté le Grand Chelem de Kazan en 2021 et le bronze au Grand Chelem d’Antalya; Makhmadbek Makhmadbekov, vingt-trois ans, avait décroché l’or aux Grands Chelems de Kazan et Bakou il y a deux ans; Matvey Kanikovskyi, vingt-et-un ans, restait, avec sa victoire aujourd’hui, sur une autre première place, lors du Grand Chelem d’Oulan Baator il y a presque un an.
Plus âgé, mais déjà champion d’Europe et médaillé olympique, Tamerlan Bashaev, a fait bien meilleure impression qu’à Doha. Si leur participation aux championnats du monde leur avait été annoncée une semaine avant le début de l’événement, l’autorisation faite aux Russes de recombattre sur le circuit international au même moment, a remis la machine planificatrice en marche pour l’équipe d’Ezio Gamba.
Les résultats de ce week-end en sont un premier indicateur. Certes, le niveau de ce Grand Prix était loin de la densité XXL de Doha. Mais face tout de même à quelques solides têtes de série – on pense à Bashaev qui bat Temur Rakhimov, n°1 mondial et cinquième au Qatar, sur un morote-seoi-nage lancé debout, ou Abdulaev, qui écoeure l’Azerbaidjanais Turam Bayramov, n°9 mondial, en ne-waza -, ces n°2-3 Russes ont tous tenu le choc physiquement.
Reste à savoir maintenant comment va s’organiser une participation voulue comme la plus régulière possible, car il y a des points à rattraper.
Et côté français ? Une journée blanche contrairement à vendredi et samedi : en -90kg, Loris Tassier subit le tani-otoshi d’Eljan Hajiev en bordure au bout de cinquante secondes de combat; en -100kg, Kenny Livèze perd contre l’Allemand Louis Mai, deuxième la semaine dernière en Autriche, après un combat au scénario peu académique : une première séquence trè bonne du champion du monde juniors 2022, puis trois minutes sans attaque et deux shidos logiquement pris. À trentre secondes de la fin, l’Allemand place un beau uchi-mata qui met le Tricolore sur la tranche. Waza-ari. Mais Mai s’affole et prend deux shidos en dix secondes avant que Livèze ne place son spécial sur le gong ! Un waza-ari partout. Visiblement éprouvé, le judoka de l’ACBB esquive une tentative d’attaque de l’Allemand mais reste dans l’axe de ce dernier qui vient le coller pour le plaquer sur le dos. En +100kg, Clément Delvert subit le o-uchi-gari du Kazakhstanais Yerassyl Kazhybaev, en bronze au bout de la journée. Enfin -78kg, Fanny-Estelle Posvite, cinquième à Tel Aviv et Tashkent cette année, s’incline face à la Russe Babintseva sur un ura-nage un peu tassé au début de la quatrième minute de combat.
Un tournoi qui se conclue pour la France avec quatre médailles : l’or pour Pinot, qui retrouve une forte dynamique, après sa non-sélection pour Doha en individuels. Sa prestation lors de l’épreuve par équipes au Qatar, la netteté d’une prestation maîtrisée hier et on se dit que la championne olympique par équipes se réaligne avec son moi le plus performant.
Le bronze pour Luka Mkheidze, qui continue à engranger sur les tournois internationaux et Benjamin Axus et Ibrahim Keita qui décrochent leur première médaille en Grand Prix (Axus est deux fois médaillé en Grand Chelem).
Le Tadjikistan, pays hôte, termine à la deuxième place au classement des médailles. Si les noms des vainqueurs en -81kg et -90kg sont connus du circuit, ce Grand Prix aura révélé un -66kg, Obid Dzhebov. Né Russe, ce judoka frappe un grand coup vendredi battant Daikii Bouda et les deux Russes de la catégorie. Alors one shot ou lancement réussi d’une carrière parmi les meilleurs mondiaux de la catégorie ? À suivre dans les prochaines semaines.