Après Lucie Décosse la semaine dernière, c’est au tour de Jérôme Liot, le président de la ligue de Bretagne de judo d’être l’invité de notre nouvelle rubrique, « L’interview du lundi ». Au cœur de cet entretien, les championnats de France 1re division par équipes qui se tiendront les 3 et 4 octobre prochains à Brest. Un week-end très attendu par le judo français.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à deux semaines de l’événement ?
On est à fond (rires) ! On peaufine les derniers détails, sur la restauration par exemple, ou encore et toujours sur le protocole sanitaire. La logistique ne doit souffrir d’aucune approximation. Et à moins que la situation ne se dégrade très fortement d’ici la compétition, on peut estimer à 98% les chances que la compétition ait bien lieu. À cet égard, nous sommes en lien permanent avec la préfecture.

Pouvez-justement nous dire en quoi consistera ce protocole ?
Tout d’abord, il faut savoir que tous les combattants, entraîneurs et arbitres auront l’obligation de présenter un test PCR négatif de moins de sept jours. Le test sera en fait obligatoire pour toutes les personnes qui auront à se démasquer lorsqu’ils seront dans l’Arena. Toutes les autres (spectateurs, bénévoles, etc.) auront obligation d’être masqués en permanence (sauf bien sûr pour manger et boire) à l’intérieur de la salle. Pour les accréditations, une seule personne pourra venir les chercher pour l’équipe. Idem pour le tirage au sort : une seule personne autorisée par équipe et il n’y aura pas de tirage papier des tableaux. Les pesées seront sans doute plus longues que d’habitude pour éviter l’engorgement. Même chose pour l’entrée des spectateurs : l’Arena ouvrira ses portes à 7h30 (pour un début de la compétition à 9h, NDLR) car les contrôles à l’entrée seront plus longs. Nous voulons ainsi éviter au maximum toute cohue ou file d’attente. La compétition, elle, aura lieu sur trois tatamis. Les rencontres seront finies à partir du moment où une équipe aura remporté trois combats. Seulement un coach et cinq combattants seront autorisés sur le plateau de compétition. Chaque surface sera nettoyée entre les rencontres. En ce qui concerne la salle d’échauffement, un espace sectorisé sera mis en place pour chaque équipe. Enfin, nous travaillons sur la possibilité d’un espace dédié aux coaches.

Et pour les athlètes ?
Ils auront deux tribunes qui leur seront exclusivement réservées tout le week-end. L’idée maîtresse est la suivante : créer une étanchéité maximale entre ces derniers et les autres personnes dans la salle. Ainsi, si un athlète veut voir sa famille ou des amis présents, ils devront sortir de l’Arena. Pour les tribunes, on va prendre un exemple concret pour être le plus clair possible : je suis un judoka masculin. Je combattrai donc le samedi. Si je suis remplaçant ou éliminé et que je veux assister aux combats dans la salle, je devrais aller m’asseoir dans la tribune du bas d’une capacité de 300 places. Si je suis une féminine et que je veux assister le samedi à la compétition masculine je devrai aller m’asseoir dans une tribune réservée du premier étage. Et inversement le lendemain : les féminines dans la tribune du bas et les masculins dans la tribune du haut.

Qu’en est-il au niveau logistique et financier ?
Une centaine de bénévoles, issus des quatre départements bretons, va être mobilisée tout le week-end. Quinze personnes forment le comité de pilotage avec un référent Covid en la personne de Loïc Sevellec. Il y aura bien sûr Judo TV mais aussi la chaîne Sport en France (disponible en clair sur toutes les Box) qui seront là pour diffuser cette compétition.
Le budget tourne autour de 350 000€ et nous savons d’ores et déjà que nous ne prendrons pas un « bouillon » au niveau financier, il n’y aucun souci là-dessus. Nous avons perdu un ou deux partenaires privés depuis mars mais notre principal partenaire, le groupe Le Duff, ne nous a pas lâchés. D’ailleurs, deux des trois tapis de compétition, dans le cadre de ce partenariat, porteront le nom de deux entreprises du groupe : Brioche Dorée et Restaurant Del Arte (le troisième sera au nom de la Ville de Brest, NDLR).

Avez-vous des inquiétudes au niveau de la billeterie ?
Pas du tout ! La jauge maximale de l’Arena pour un événement comme celui-ci aurait dû être de 3.700 places. Dans le cadre du protocole sanitaire que nous avons proposé, cette jauge a été ramenée à 2.800 places par jour. Actuellement, il reste des possibilités, notamment des « places de groupe » : environ 200 pour le samedi et 500 pour le dimanche. Avec les responsables de la salle, nous travaillons à une billeterie numérotée afin d’optimiser le nombre de sièges disponibles. Aussi, avons-nous l’espoir de pouvoir disposer de places en plus pour la compétition. Nous saurons cela sans doute le lundi 28 septembre. Si c’est le cas, il faudra se rendre sur le site de la billettrerie de l’Arena. Quoiqu’il en soit, on sait d’ores et déjà que 80% du public sera composé de clubs bretons. Cela ne m’étonne pas, car nous avons senti immédiatement une grosse adhésion autour de ce projet. Cela me réjouit vraiment !

Y a-t-il des moments où vous avez douté de pouvoir organiser cette compétition ?
Il y en a eu un certain nombre, oui. Mais l’équipe n’a jamais rien lâché ! Si l’un commençait à douter de la faisabilité de ce projet, deux autres étaient là pour remettre de l’énergie dans la machine. En fait, c’est l’ADN « judo » qui parlait (sourire) ! La collaboration fédération-ligue-Arena a été constante : l’Arena voulait vraiment cet événement… tout comme nous ! La fédération nous a aidés financièrement à hauteur de 30 000€, suite aux pertes liées du report de mars. De même, Jean-Luc Rougé a-t-il personnellement pris contact avec le préfet du Finistère pour lui expliquer que nous étions en capacité d’organiser cette compétition malgré les multiples contraintes. Nous tenons vraiment à ce projet car nous avions l’ambition, durant cette olympiade, d’amener le haut niveau français en Bretagne. En puis cet événement permet de mettre notre discipline sous le feu des projecteurs et d’essayer de nouer des partenariats avec des entreprises privées qui se reconnaissent dans nos valeurs. Mais je le dis avec gravité : la réussite de ces championnats de France dépendra de l’adhésion de tous, et en particulier des équipes combattantes. Ces derniers doivent jouer le jeu du protocole mis en place pour que ces championnats de France 2020 soit une pleine réussite.