Les têtes de série nous étaient déjà connues et il n’y a donc pas de surprise à cet égard (voir L’Esprit du judo n°93 pour notre présentation de la compétition). Mais ce tirage au sort pouvait être l’occasion d’une répartition explosive des autres sélectionnés pour les Jeux, et notamment des très prestigieux « non têtes de série » que sont les « légendes » actuelles Shohei Ono en -73kg et Teddy Riner en +100kg, et c’est le cas.

Féminines


En -48kg, la jeune Française Shirine Boukli paie le prix de son échec aux championnats du monde à entrer dans les têtes de série en se retrouvant dans le quart de tableau de la terrible Ukrainienne Daria Bilodid. Un combat dantesque à venir – à condition bien sûr de réussir son entrée en lice contre la Serbe Milica Nikolic, médaillée européenne en 2018 – dont on sait qu’elle peut sortir par le haut puisqu’elle a déjà battu la double championne du monde au Grand Chelem de Tel-Aviv en février dernier. De celles qui veulent « faire tomber » Bilodid, Shirine Boukli sera la première représentante.

En -52kg, tête de série n°1, la Française Buchard n’aura pas le même genre de problème et ne devrait pas avoir de difficulté à se débarrasser de la Géorgienne Levytska-Shukvani, qu’elle a balayé en vingt secondes lors de leur unique rencontre. Ce sera plus consistant face à la Russe Kuziutina dans son quart, mais ça c’était prévu.

Même avantage pour Sarah-Léonie Cysique, bien calée en -57kg dans le demi-tableau opposé à celui qui abrite la Japonaise Yoshida et la Kosovare Gjakoka, et qui ne devrait pas avoir trop de mal d’entrée face à la Coréenne Kim Jisu, qu’elle a battue au Masters en janvier. Elle passe un tour, ce qui est une bonne chose dans cette compétition à part où chaque combat est à la vie à la mort.


Clarisse Agbegnenou domine de telle façon les -63kg que rien ne paraît pouvoir lui poser de problème. Dans son quart de tableau, tandis qu’elle débutera sa journée face à une combattante hors du top 50 planétaire, tenteront d’exister la Néerlandaise Juul Franssen (tête de série n°8), l’Australienne née Allemande Katharina Haecker (18e mondiale), ou encore l’Israélienne Gili Sharir (26e mondiale).

C’est un peu moins le cas pour la -70kg Margaux Pinot, qui passe un tour aussi, mais pour probablement rencontrer l’agressive Grecque Elisavet Teltsidou, contre laquelle elle reste sur une victoire en 2020, mais qui suivait deux défaites. Un petit piège pour la combattante du Blanc-Mesnil.


Piège potentiel aussi pour la grande Madeleine Malonga en -78kg, qui passe un tour, mais devra sans doute affronter la Chinoise Ma, 15e mondiale peu sortie en Europe, mais septième des championnats du monde de Tokyo en 2019. Un premier test copieux.

Quant à Romane Dicko en +78kg, elle est elle aussi exemptée de premier tour, avant d’aller se tester contre la Lituanienne Jablonskyte ou la Croate Maranic. Osons le dire, du menu fretin pour la « Riner » des filles.

Masculins

La chanson est différente chez les garçons pour les Français, notamment parce que pas un seul de nos représentants, même les plus prestigieux, n’était tête de série.

En -60kg, après un tour de repos, Luka Mkheidze se voit proposer la revanche de sa finale européenne perdue contre le tête de série espagnol Francisco Garrigos. Un combat très difficile contre ce judoka très mobile, mais c’est peut-être aussi sa chance de faire l’exploit par le versant somme toute le moins radical de cette catégorie difficile.

Radical, ça le sera en revanche totalement pour Kilian Le Blouch en -66kg, qui doit d’abord passer le Nigérien Alhassane… avant de faire face au terrible Japonais Hifumi Abe, qu’il n’a jamais rencontré ! Le choc de son schéma tactique contre l’hyperpuissance technique du Japonais va être excitante à suivre. Le Français ne part évidemment pas favori, mais si il parvient à trouver le moyen de brouiller le jeu, Abe se souviendra sans doute de cette rencontre.

En -73kg, Guillaume Chaine devra défendre son quota continental au premier tour contre le Brésilien Barbosa, qu’il a battu au Grand Chelem du Brésil en 2019. Le gros morceau vient derrière avec le champion du monde en titre, le Géorgien Lasha Shavdatuashvili, contre lequel il a perdu il y a deux ans de cela au Grand Prix du Maroc. Et pourquoi pas l’exploit ? Non tête de série, le Japonais Shohei Ono aura un beau programme avec d’entrée le Roumain Raicu, vainqueur du Grand Chelem de Tel-Aviv cette année, puis le jeune Turc Bilal Ciloglu, médaillé de bronze des derniers championnats du monde, et dont le style latéralisé pourrait potentiellement être un problème pour lui. Bouquet final de son quart de tableau, son vieux rival d’Azerbaïdjan Rustam Orujov, battu en finale des championnats du monde 2019 et des Jeux olympiques 2016, ou le Russe Musa Mogushkov, vainqueur quatre fois sur six d’Orujov. Et c’est juste pour atteindre la demi-finale.

Pas de Français en -81kg hélas, mais un intéressant premier tour entre le Japonais Takanori Nagase, non classé, et le tête de série turc Vedat Albayrak, impressionnant vainqueur du Grand Chelem d’Antalya et du championnat d’Europe dans la foulée. Une vraie finale crédible dès le deuxième tour. Si le Japonais parvient à battre le Turc, il retrouvera le très dangereux Italien Christian Parlati, le dernier combattant à l’avoir dominé, au Grand Chelem de Tel-Aviv en début d’année.

En -90kg, Axel Clerget, qui se maintenait dans le top 5 avant la pandémie mondiale et les blessures qui l’ont freiné, se retrouve « non tête de série » et devra se situer d’entrée face au très solide Tadjik Komronshokh Ustopiriyon, contre lequel il reste sur une victoire aux championnats du monde 2018. Ensuite, c’est le tête de série (n°2) néerlandais Noël Van’ T End, un combattant très dangereux, que le Français a dominé au Tournoi de Paris 2020, mais après s’être incliné par deux fois en 2019. Pas le pire des tirages finalement, et une vraie option pour déverrouiller le destin. Axel Clerget sait le faire.
Pas de chance en revanche pour l’un des discrets animateurs des championnats du monde 2021, le Mauricien Remi Feuillet, qui retrouve d’entrée le Japonais Shoichiro Mukai. Un très gros morceau. Tombé dans un relativement bon quart, avec le Serbe Majdov, le Hongrois Toth ou le Coréen Gwak, qu’il a tous battus, et dans le demi-tableau qui paraît le plus accessible, le Japonais se voit donner une bonne chance de rejoindre un potentiel podium.

Ce sera plus escarpé pour Alexandre Iddir en -100kg, lui aussi descendu des têtes de série, avec d’entrée pour lui aussi un gros morceau, le jeune Azerbaïdjanais Zelym Kotsoiev, vingt-deux ans, qui l’a dominé par deux fois en 2019 et 2020. S’il passe ce premier tour, il verra se dresser la tête de série n°8 de ce quart de tableau, l’excellent Canadien Shady El Nahas, vingt-trois ans, qui lui aussi a dominé par deux fois le Français en 2019 et 2021.

Une chose est sûre, si Teddy Riner est finalement triple champion olympique au soir du 30 juillet, ce sera en ayant passé à lui tout seul presque toute la catégorie en revue. Non tête de série pour cause de blessure plus sérieuse que ce qui en avait été dit et une longue mise au repos, il tombe dans le huitième de tableau de l’Israélien Or Sasson, dont le seoi-nage l’avait ébranlé lors de leur dernière rencontre en… 2016, en demi-finale des Jeux olympiques. Depuis, l’Israélien a semblé perdre de sa superbe, mais il a peut-être caché son jeu.
Premier tour contre l’Autrichien Hegyi, deuxième contre l’Israélien, avant le quart de finale de tous les dangers contre le vice champion du monde 2021, le petit gabarit russe Tamerlan Bashaev, battu par le Français au Masters 2021, mais en progrès constant et dont les attaques par en dessous et la vivacité pourraient poser de gros problèmes au colosse décuple champion du monde. Si ça passe, alors c’est une demi-finale contre le Géorgien Guram Tushishvili qui se profile ! Un combattant qui avait jeté le gant avec détermination en 2017. Enfin l’attendra en finale l’un des hommes forts de l’autre demi-tableau, probablement le Japonais Harasawa ou le Tchèque Krpalek. Tout est prêt pour une très grande représentation.

Par équipes mixtes

Avec douze nations au rendez-vous de ce premier tournoi olympique par équipes mixtes, dont un sextet issu de l’équipes des réfugiés, il y aura forcément moyen de peaufiner le bilan lors de ce huitième et dernier jour de compétition.

Écartée du Japon et de la Russie, la France se lancera contre le vainqueur d’Italie-Israël, tandis que le Brésil, les Pays-Bas et l’Ouzbékistan se disputeront l’autre ticket pour la demi-finale de ce bas de tableau. Le tirage au sort a également statué sur les catégories qui débuteront chaque rencontre : les +90kg pour le premier tour, les -57kg pour les quarts de finale, les -73kg pour les demi-finales et les -70kg pour la finale. En se projetant sur le France-Japon attendu de tous comme bouquet final de cette huitaine, cela donnerait comme quatrième duel le combat des lourds masculins et, pourquoi pas, le point de la victoire dans les mains de Teddy Riner. On en salive déjà.

Retrouvez les tableaux complets ci-dessous :
Jeux olympiques Tokyo 2021 – Tableaux complets