Crédit photo : Tamara Kulumbegashvili (IJF)
La FIJ fait son mea-culpa. Dans un communiqué publié ce matin par la fédération internationale de judo, sa commission d’arbitrage a présenté ses excuses au judoka russe quant à la décision arbitrale prise en finale des derniers championnats du monde.
Voilà une décision qui n’a pas fini de faire parler. Samedi 13 mai, en pleine finale mondiale des poids lourds opposant Teddy Riner à Inal Tasoev, une attaque du Français contrée par le judoka russe, après trois minutes de golden score, avait arraché un frisson à l’ensemble du camp tricolore redoutant que Tasoev n’ait marqué un waza-ari synonyme de titre mondial. Après quelques secondes seulement, l’arbitre espagnol Raul Camacho, aux commandes de la rencontre indiquait au judoka russe de mettre fin à ses célébrations pour reprendre le combat, estimant qu’il s’était jeté lui-même dans le dos du Tricolore pour faire le faire tourner sur sa barre d’épaules, ce qui est désormais interdit depuis 2022. Quarante secondes plus tard, Riner portait à son tour le coup fatal sur un sumi-gaeshi, remportant ainsi son onzième titre de champion du monde, six ans après son dernier sacre planétaire.
Quatre jours plus tard, donc, la FIJ fait machine arrière, précisant : « Après la compétition, en prenant en considération les règles d’arbitrage actuelles et l’opinion des experts du judo, nous avons trouvé qu’un score pour la contre-attaque de Tasoev pouvait être attribué. La commission d’arbitrage de la FIJ présente ses excuses pour sa décision et informe que ce type d’action sera comptabilisé à l’avenir, conformément aux règles de judo en vigueur. »
Que dit la règle ? Qu’on n’a pas le droit de se jeter soi-même dans le dos de l’adversaire pour le contrer. Une description très large et peu utile finalement, illustrée dans la circulaire d’arbitrage par des situations de combat, où celui qui attaque en mouvement de hanche est déjà à plat ventre quand il est retourné et poussé sur le dos par l’action de sacrifice de l’adversaire. Ceux qui se sont donc penchés sur cette finale russo-française ont donc considéré que l’action était entamée debout et suffisamment judo pour ne pas tomber sous le coup de cette nouvelle jurisprudence. Quoi qu’il en soit, n’importe quelle décision de l’arbitrage, sur une règle aussi mal définie, aurait fait parler.
Un mea-culpa sans doute courageux et honnête, motivé aussi par la colère rentrée d’un « très haut dirigeant de la FIJ » selon les rumeurs – il faut sans doute, c’est une hypothèse, comprendre le Président Marius Vizer lui-même – face à ce fiasco. Un fiasco tout de même, qui pose plus que jamais la question du carcan des règles posé par la commission d’arbitrage, dont nous sommes nombreux à penser qu’ils amoindrissent le judo et enferment les combattants… et les arbitres eux-mêmes, allant à l’encontre du but recherché : un judo libre et vivant, des moments dramatiques et spectaculaires, des victoires obtenues par des techniques de projection. On peut considérer au passage, que la finale des « par équipes » a été aussi volé à la France, par une règle trop brutale édictée en 2009, plus de dix ans déjà et toujours des injustices, comme le ko-uchi-makikomi parfait de Margaux Pinot sanctionné d’une pénalité.
Et maintenant quoi ? Les excuses suffisent-elles ? Le Russe Tasoev sera-t-il finalement crédité d’une médaille d’or à égalité avec Teddy Riner ? Il y a un précédent. La victoire de Coralie Hayme au championnat du monde 2021 contre la Néerlandaise Marit Kamps, finalement créditée d’une deuxième médaille d’or après coup.
Un beau gâchis.