En juin dernier, le Géorgien Dimitry Khoudoian est devenu champion de France 2e division des -100kg. Une victoire qui le qualifie pour la quatrième fois pour les prochains championnats de France 1re division qui auront lieu en novembre. Or, s’il n’est pas naturalisé français d’ici le 1eroctobre, il ne pourra pas y participer. Son club du JC Sainghin-en-Mélantois et son directeur Anthony Dangre se mobilisent pour faire avancer la situation.
Quelle est l’histoire de Dimitry Khoudoian ?
Sa famille et lui ont été contraints de quitter la Géorgie, et ils sont arrivés en France il y a maintenant près de dix ans. Ils ont connu des difficultés sur le plan social, sur le plan financier, mais ont su s’intégrer et travailler dur. Dimitry a deux frères et une sœur, une fratrie dont il est l’aîné, du haut de ses vingt-quatre ans. Il travaille aujourd’hui dans le bâtiment, est pacsé à une Française et attend son troisième enfant. Il est très ami depuis longtemps avec le judoka Corentin Farinaux, champion du monde vétéran des -81kg en 2020. C’est ensemble qu’ils sont arrivés au Judo Club de Sainghin en 2022. Corentin, qui rentre cette année dans le staff du club en tant que professeur, a beaucoup suivi et aidé cette famille. Les sports de combat, puisque Dimitry pratique aussi le sambo, ont été de véritables vecteurs d’intégration sociale pour eux.
Mohamed Akalai, Dimitry et David Khoudoian
Il est aujourd’hui un membre actif du club…
Oui. Lui et ses deux frères d’ailleurs, David et Albert. Ils sont tous les trois arrivés au club en même temps. Dimitry est ceinture noire en Géorgie, mais n’est pas reconnu comme tel ici. Il est très talentueux et très bosseur. Je pense même qu’il a un potentiel international. Il n’a pas été élevé dans du coton, et ça se ressent sur le tatami. Il en est à sa quatrième qualification pour les championnats de France 1re division, cette année grâce à sa victoire aux championnats de France 2e division, ce qui n’est pas rien pour le club comme pour les Hauts-de-France. Mais sans la nationalité française, il peut se qualifier autant de fois qu’il veut, il ne pourra pas y participer. Alors je me suis dit « ça commence à bien faire ! ». Nous avons donc entamé les démarches pour l’aider rapidement après son arrivée au club. Le projet était double : le faire monter en niveau sur le plan sportif, mais aussi l’intégrer définitivement à la société française sur le plan personnel. France Judo nous a soutenus, et nous a écrit des lettres de recommandation de la Direction Technique Nationale. Un dossier a été monté pour la préfecture, et après un long moment, Dimitry a obtenu un titre de séjour. Il a ensuite enclenché les démarches pour la naturalisation, et a enfin obtenu un numéro de dossier en juillet dernier. Maintenant, le compte à rebours est enclenché. S’il n’est pas naturalisé d’ic le 1er octobre, il sera privé une nouvelle fois des championnats de France 1re division.
Mohamed Akalai, Dimitry et David Khoudoian accompagnés d’Anthony Dangre
Pourquoi cette implication pour aider Dimitry Khoudoian ?
Au départ, quand ils sont arrivés au club et que je ne les connaissais pas encore bien, le projet était sportif. Mais les liens sont devenus très forts avec eux, et vont maintenant bien au-delà du tatami. Les Géorgiens sont très « famille». Et quand ils t’ont adopté, tu deviens leur frère. Ils ont une mentalité géniale et j’ai envie de me défoncer pour eux, à titre professionnel et à titre personnel. Nous sommes un petit club de quelque cinq cents licenciés, mais un gros club par le cœur. Je pense souvent à Luka Mkheidze, dont l’histoire a beaucoup de similitudes avec celle de Dimitry. La France est fière de lui, fière de sa médaille d’argent remportée aux Jeux de Paris. C’est une belle histoire. Maintenant, il faut permettre à d’autres de tenter leur chance. J’ai sollicité tous les politiques, tous les médias que je connais pour essayer de créer un engouement et un réseau positif. J’aimerais avoir des relais encore plus forts de nos instances sportives, qui ont tout intérêt à partager ce message d’espoir. Le cas de Dimitry Khoudoian n’est pas isolé, et représente la force du milieu associatif sportif qui devient une seconde famille face à la difficulté. C’est aussi notre rôle.