Budapest passe par Houlgate

Chaque mois, partez avec Mizuno à la découverte des grands moments et des petites histoires autour des équipes de France de judo et de jujitsu. Du judo, des hommes et des femmes, des joies, des larmes, des objectifs, des médailles, avec, toujours, le coq bleu-blanc-rouge brodé sur leur judogi Mizuno.

Tandis que les féminines de l’équipe de France peaufinaient leur préparation pour les championnats du monde 2017 du côté de Montpellier, le groupe masculin a pris ses quartiers à Houlgate, en Normandie, du 17 au 27 juillet derniers. Pour un stage auquel étaient notamment conviées les délégations japonaise, brésilienne et allemande, toutes équipées par Mizuno. Plongée au cœur de la préparation du « Team France ».

© Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Sitôt les entraînements terminés que les kimonos retrouvent leur place sur les fils à linge à l’entrée du dojo.

Pour les badauds qui ont emprunté la route de la Vallée, longeant le Centre Sportif de Normandie, en cette deuxième quinzaine de juillet, il n’y avait guère place au doute quant à la discipline hébergée sur le domaine. Qu’ils soient bleus ou blancs, c’est en effet par dizaines que séchaient çà et là des kimonos au coq tricolore de l’équipe de France. Ceux des neuf sélectionnés pour les championnats du monde (du 28 août au 3 septembre en Hongrie) bien sûr, mais aussi ceux de leurs partenaires d’entraînement, qu’ils côtoient d’ordinaire à l’INSEP, et des différentes nations conviées pour ce camp d’entraînement ouvert cet année à l’international. Un choix initié et justifié par Franck Chambily, responsable de l’équipe de France masculine. « Étant donné que tous ces athlètes peuvent se prendre très souvent, tout au long de l’année, et n’ont donc plus grand chose à cacher, l’idée était de ne pas enchaîner deux stages nationaux (avant celui de Soustons du 7 au 17 août, NDLR) mais plutôt d’inviter des nations étrangères pour hisser la qualité d’opposition à la hauteur de nos exigences envers nos combattants », argumente le double médaillé continental au milieu des années 1990. Mission réussie au vu du nombre de médaillés mondiaux et/ou olympiques présents sur les tatamis calvadosiens.

© Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Pendant que Benjamin Axus répète ses gammes en compagnie de Christophe Massina (photo de gauche), le vice champion olympique 2016 Hisayoshi Harasawa enchaîne les uchi-komi avec son compatriote Kentaro Iida.

Des affiches dignes des Jeux. Après quelques séries d’uchi-komi enchaînées entre compatriotes, les premiers randoris en ne-waza étaient en effet l’occasion de voir s’affronter quelques beaux palmarès du circuit planétaire. Comme ce duel opposant l’Allemand Dimitri Peters, médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Londres ainsi qu’aux mondiaux de Rio et d’Astana, et en quête d’une fin de carrière en feu d’artifice sur les bords du Danube fin août, au jeune Japonais Kentaro Iida, nouvelle terreur des -100kg et vainqueur du dernier Grand Chelem de Paris aux dépens du Français Cyrille Maret. Pour ce dernier, ce n’était rien de moins qu’Hisayoshi Harasawa, vice champion olympique 2016 derrière Teddy Riner, occupé à divers exercices d’agilité sur son échelle de rythme en compagnie de son sparring-partner Nico Kanning. Ce n’est qu’en passant sur les randoris en tachi-waza que l’octuple champion du monde partait se frotter à la concurrence, débutant notamment face au Belge Benjamin Harmegnies, sous l’œil attentif d’Harasawa et du Brésilien Rafael Silva, lui aussi battu par le Guadeloupéen à Rio l’été dernier, au stade des quarts de finale, avant qu’il ne vienne à bout des repêchages pour remporter sa deuxième médaille de bronze olympique consécutive. Au risque de se dévoiler devant deux de ses principaux rivaux ? « Aujourd’hui, tout le monde peut se procurer les vidéos des combats de n’importe qui, tranche du bord du tapis le vice champion d’Europe 2017 Axel Clerget. Personnellement, je suis plutôt pour combattre sans trop me cacher, car c’est une bonne occasion de se tester. Après, il est vrai que je me livre davantage contre des combattants des catégories inférieure et supérieure à la mienne (-90kg, NDLR). » Mais à voir le remake de la finale olympique des lourds entre Riner et Harasawa, ponctué d’une lutte modérée au kumikata et d’une unique tentative de sutemi du Français lors du golden score d’une minute proposé à chaque randori, nul doute que les chevaux n’ont pas été lâchés de part et d’autre…

© Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Qu’ils soient retenus, comme Kilian Le Blouch (photo de gauche) ou non, tel Guillaume Chaine, dans la sélection française pour les mondiaux de Budapest, personne n’a ménagé sa peine sur la Côte Fleurie.

Une aubaine pour les plus jeunes. Au même moment, les -81kg Julian Kermarrec et Pape Doudou Ndiaye se livraient eux sans compter, respectivement opposés au médaillé continental allemand Alexander Wieczerzak et au quadruple champion panaméricain et médaillé mondial brésilien Victor Peñalber. « S’il n’y a malheureusement pas de Japonais de ma catégorie présent ici (seuls six -100kg ou +100kg avaient fait le déplacement avec leurs coachs Keiji Suzuki et Kosei Inoue, NDLR), j’ai pu prendre des Ouzbèks et des Brésiliens qui m’ont posé des problèmes, note le second, champion de France 2016 et titulaire en Hongrie pour ses premiers championnats du monde. Je ne sais pas s’ils sont encore lourds ou s’ils sont déjà en forme, mais j’ai trouvé les Brésiliens vraiment forts par rapport au stage de juin au Japon. Mais bon, ce n’est pas encore le moment d’être au top, il me reste du temps ! »

© Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Peñalber-Ndiaye, duel planétaire avant l’heure à Houlgate ?

En attendant, place aux bains d’eau froide pour le clan tricolore. Moment de détente à 9,5 et 16°C, auquel prendront part quelques Japonais intrigués, comme le champion d’Asie 2016 Kokoro Kageura, surpris par la température et copieusement arrosé par un Teddy Riner hilare. Pour Aaron Wolf, finaliste du dernier Grand Prix de Düsseldorf, ce sera l’occasion de tenter de noyer un compère… À peine plus d’un mois avant le rendez-vous de l’année, où se retrouveront bon nombre des participants de ce rassemblement, l’humeur demeurera badine durant les onze jours de ce stage appelé à être reconduit à l’avenir, avant que chacun ne reparte chez lui peaufiner sa préparation en vue du jour J…