À Tokyo, volume et adversité pour boucler l’année

Chaque mois, partez avec Mizuno à la découverte des grands moments et des petites histoires autour des équipes de France de judo et de jujitsu. Du judo, des hommes et des femmes, des joies, des larmes, des objectifs, des médailles, avec, toujours, le coq bleu-blanc-rouge brodé sur leur judogi Mizuno.

© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Le compte à rebours pour les Jeux de Tokyo 2020 est immanquable à l’entrée de l’Ajinomoto National Training Center de Tokyo.

Le dimanche 3 décembre dernier, moins de deux heures après l’épique victoire en lourds du jeune Japonais Yusei Ogawa –quatorze minutes de duel contre le champion olympique 2016 des -100kg Lukas Krpalek–, il n’y avait plus trace de judo au Tokyo Metropolitan Gymnasium. Pourtant, le périple nippon était loin de s’arrêter là pour les seize athlètes de l’équipe de France engagés sur ce dernier Grand Chelem de l’année et les dix autres combattants retenus pour dix jours de stages placés sous le signe de l’intensité…

© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / L’heure du salut sur les tapis du Kodokan.

Quand il n’y en a plus, il y en a encore… Le lundi 4, sur les coups de 9h30, il ne fallait pas arriver en retard pour trouver une place sur les tatamis du Kodokan, pris d’assaut pour la première séance de l’International Training Camp tokyoïte. Cette initiative, mise en place depuis le début des années 2010 par la fédération internationale de judo, permet de profiter de la présence d’un maximum de participants de la compétition, venus du monde entier, pour plusieurs jours de travail, à raison de deux entraînements journaliers. « Le programme est clair : dix minutes d’échauffement, et c’est parti pour les randoris, une douzaine à chaque fois », glisse avec le sourire Vincent Limare, sorti deux jours plus tôt par le vainqueur du Grand Chelem de Paris 2016 Toru Shishime, en repartant dans la mêlée pour retrouver un partenaire repéré et planifié en début de séance.

© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Le dojo de l’Ajinomoto NTC, un immense terrain de jeu.

À moins de dix kilomètres au nord-ouest, c’est la même mécanique qui opère sur les six surfaces de l’immense dojo de l’Ajinomoto National Training Center, l’équivalent de l’INSEP au Japon, là où tous les espoirs de médailles olympiques à domicile en 2020 se fondent et se cristallisent. Là, ce sont près de deux cents féminines qui vont en découdre quatre jours durant. « C’est bon, vous avez votre liste de courses ? » interroge Ludovic Delacotte alors que la fin de l’échauffement approche et que chaque fille rejoint son coin national pour une dernière gorgée d’eau et une ultime vérification de ses bandages.

© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Richard Mellilo profite d’une pause entre deux combats pour distiller ses remarques à Vincent Limare.

Fourmilière. Le mot d’ordre est simple pour les tricolores, qu’ils aient participé ou non au Grand Chelem le week-end passé : s’aligner sur tous les combats de chaque séance pour profiter au maximum du terrain de jeu. S’engager et se dépasser, contre des partenaires plus ouverts au débat qu’en compétition. « On est beaucoup moins dans l’affrontement physique et, au contraire, davantage dans la recherche technique », apprécie Lola Benarroche. L’occasion toute trouvée de plancher sur de nouvelles directions d’attaque, sous l’œil de Lucie Décosse et Ludovic Delacotte pour les féminines, Christophe Massina et Richard Mellilo pour les masculins, qui naviguent entre les différents randoris, glissant çà et là quelques consignes avant d’approfondir entre les combats ou à la fin des séances.

© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Quand les garçons en terminent, c’est l’occasion de croiser quelques minutes les filles qui s’apprêtent à débuter leur séance.

Moment où interviennent également les masseurs-kinésithérapeutes Morgane Selles et Fabien Ulmer. « Au fur et à mesure des séances, les petits bobos s’accumulent forcément, note Morgane en amenant le groupe féminin dans un dojo annexe pour une séance d’étirements collective avant le passage aux vestiaires. Au retour à l’hôtel, ce sera le défilé sur sa table avant le dîner. Pour Fabien, l’heure est aux questions à Alexandre Iddir quant à son état physique lorsque celui-ci revient du salut final.

@Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Fabien Ulmer aux nouvelles d’Alexandre Iddir à l’issue de la séance matinale.

Compte-gouttes. Ainsi ira le quotidien de la petite trentaine de tricolores restée dans la capitale japonaise jusqu’au 7 décembre, date de fin du premier regroupement et des photos souvenirs pour les délégations qui rentrent dans leurs contrées.

@Antoine Frandeboeuf – L’Esprit du Judo / Les Portugais Jorge Fonseca, Nuno Saraiva et João Martinho.

De son coté, Mizuno, en tant que partenaire de l’équipe de France de judo, a profité de la présence de la délégation tricolore dans son pays d’origine pour les amener faire des emplettes dans son magasin de cinq étages situé non loin de leur hôtel. L’occasion pour les athlètes de bénéficier d’une remise sur des produits qui n’existent pas en Europe. De plus, toujours soucieux d’apporter le meilleur service possible, les experts de la marque ont pris les mesures de certains judokas désignés par le staff tricolore, afin de pouvoir leur confectionner des judogis sur-mesure.

© Mizuno Japon et Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Le S’port Mizuno de Tokyo, paradis des sportifs sur cinq étages en plein coeur de la capitale nippone.

Derrière, avec le Masters de Saint-Pétersbourg qui se profilait, les mieux classés ont eux aussi rallié les aéroports internationaux, imités par ceux qui ont profité des défections pour finalement être de la fête en Russie. C’est donc en rangs resserrés que se lançait le Tokyo Camp, basé pour tout le monde au Kodokan du 8 au 13 décembre. Vincent Limare, Benjamin Axus, Alexandre Iddir et Joseph Terhec étaient toujours de la partie, de même que Lucile Duport, Justine Deleuil, Lola Benarroche, Sarah Harachi, Chloé Yvin, Margaux Pinot, Julie Pierret et Julia Tolofua.

© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Justine Deleuil en action.

Moins d’internationaux pour leur faire face mais, suivant les jours, des vagues d’universitaires ou d’athlètes libérés par leurs sociétés pour venir s’entraîner. Pour autant de nouveaux profils différents, voire atypiques à affronter et à analyser. Au total, pour celles et ceux qui n’ont pas été contraints au repos forcé, pour soigner une cheville ou un genou comme Margaux Pinot et Lucile Duport par exemple, cela fera près de trente heures d’entraînement, pour plus de cent-cinquante randoris effectués et une masse d’informations sur laquelle s’appuyer pour attaquer 2018 du bon pied, avec le Grand Chelem de Paris (10-11 février) déjà en ligne de mire.

© Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo / Tandis que l’entraînement vient tout juste de toucher à sa fin, et que certaines poursuivent leurs efforts comme ici la Belge Charline Van Snick, les Japonaises assurent le nettoyage de l’aire de tatamis. Un rite immuable.