Il l’a annoncé officiellement hier sur les réseaux sociaux : Loic Pietri, monté en -90kg fin 2016 a décidé de redescendre dans sa catégorie de prédilection, les -81kg. Une catégorie où le Niçois de 30 ans remporta six médailles sur des championnats internationaux (dont le titre mondial en 2013) lors de l’olympiade précédente. Un choix avec en ligne de mire Tokyo bien entendu mais aussi Paris en 2024. Entretien.
Quand as-tu pris cette décision et pourquoi ce choix ?
J’ai décidé de redescendre en -81kg lors des vacances de Noël. J’ai dressé le bilan de mes quatre dernières années en -90kg. J’ai connu des blessures et le fait qu’on ne m’ait pas donné ma chance (quatre Grands Chelems et Grands Prix en quatre ans). La crise sanitaire complique en plus les choses puisque les perspectives de sorties sur le circuit sont très floues.
Du coup, avec la perspective des JO de Tokyo (et même de Paris 2024), le fait que j’ai prouvé que j’étais performant en -81kg lors de l’olympiade précédente (trois médailles mondiales et trois médailles européennes consécutives), le fait aussi que j’ai confiance dans mes capacités à claquer immédiatement des médailles si on me donne ma chance en Grand Chelem ou en championnat international, le fait enfin qu’il n’y ait pas de leader clair qui se soit dégagé dans cette catégorie et que la course olympique ne soit pas jouée, je me suis dit qu’il ne fallait pas hésiter.
Du coup, où en es-tu physiquement ?
Pour être honnête, je ne me suis jamais senti aussi affûté ! Je fais beaucoup de travail aérobie pour perdre le poids. Actuellement, je suis à 84kg et je ne suis pas du tout inquiet sur le fait de pouvoir descendre à 81kg le jour de la pesée. Je me sens vraiment puissant et sans aucun bobo. Bref, je suis prêt à aller au combat et à claquer les perf’ nécessaires pour me qualifier pour Tokyo. Le délai est certes court, mais je me souviens que Walide Khyar s’est qualifié pour Rio en six mois. En outre, la concurrence est intrinsèquement une bonne chose dans le très haut-niveau. Celle que j’ai connue avec Alain Schmitt m’a poussé vers le haut. Être trois dans la course sera donc, je pense, nécessairement positif. Il faut juste qu’on me donne l’opportunité.
Justement, en as-tu discuté avec le nouveau staff ?
J’ai demandé un rendez-vous rapide avec Christophe Gagliano (nouveau responsable de l’équipe masculine) et Larbi Benboudaoud (nouveau directeur de la haute performance). C’est en rentrant de vacances, il y a donc trois semaines, que j’ai annoncé à Franck Chambily (alors responsable des masculins) ma décision de redescendre en -81kg. Je n’ai pas eu de retours particuliers de sa part au contraire des athlètes étrangers qui m’ont dit qu’ils avaient hâte de me revoir sur le circuit (sourire). Je n’ai pas été sélectionné pour Israël, l’Ouzbékistan et la Turquie. Mais il reste la Géorgie et une place en Israël puis les championnats d’Europe et du monde. Je me dis : qu’ont-ils à perdre ? Un billet d’avion ? Je veux bien leur rembourser si je ne fais pas de médaille. Je sais bien que la FFJudo connaît des difficultés financières mais si c’est là le seul problème, il est facile à résoudre.
Sur l’Agence nationale du sport*, je n’aime pas faire ma grande gueule, mais je suis le dernier champion du monde masculin (juniors et seniors) avec Teddy. J’ai prouvé sur l’olympiade précédente que j’étais parmi les meilleurs. Et que donc mes chances de pouvoir me qualifier pour les JO sont tout à fait crédibles. En plus, quand je vois que Nagase ou Valois-Fortier, avec qui je me battais pour le titre avant Rio, continuent à cartonner, je n’ai pas de doute sur le fait que je peux être encore compétitif.
* lors de l’annonce des sélections par Larbi Benboudaoud, ce dernier a expliqué que l’Agence national du Sport avait émis un critère de qualification olympique crédible pour pouvoir faire partie des sélectionnés aux trois Grands Chelems.