Luka Mkheidze, nouveau héros français ?

Open de Biélorussie, dernière étape avant, non pas la fin du monde, mais le début des « mondes », les championnats évidemment, à Bakou mi-septembre. Cet Open est en effet la dernière étape significative avant le grand rendez-vous – si on exclut les Jeux d’Asie fin août, curieusement placés en quasi concurrence avec le rendez-vous mondial, et un Open dominicain dont on peut déjà annoncer qu’il ne concernera pas les combattants titulaires à Bakou. Ce qui n’est sans doute pas le cas de ce tournoi de Minsk.

Soixante-neuf Russes et Gasimov à Minsk

Il est intéressant de noter que, l’année dernière, on avait retrouvé certains des combattants montés sur les modestes podiums biélorusses dans les cinq meilleurs des championnats du monde qui suivaient, et en nombre assez significatif. C’était le cas de Milica Nikolic (5e en -48kg), Telma Monteiro (5e en -57kg), Agata Ozdoba (3e en -63kg), Marhinde Verkerk (5e en -78kg) ou encore Iryna Kindzerska (3e en +78kg) et, chez les garçons, sa majesté Varlam Liparteliani (2e en -100kg). Cette année ? Peut-être la Kazakhstanaise Galbadrakh (victorieuse en -48kg), moins boulimique de tournois et qui arrive en forme au bon moment ? Ou certains des vainqueurs masculins les plus prestigieux : le -60kg ouzbek Sharafuddin Lutfilaev, le -81kg géorgien Zebeda Rekhviashvili, ou — surtout — le -100kg azerbaidjanais Elmar Gasimov, finaliste des Jeux 2016, et qu’on n’avait plus trop vu depuis sa troisième place aux championnats du monde 2017. Ceux qu’on ne verra pas ? Aucun des… cinquante-neuf combattants masculins russes présents à Minsk (pour dix médailles dont un titre), ni aucune des dix féminines (pour trois médailles dont un titre). Minsk n’est pas très loin de Moscou.

Le nouveau héros des -60kg ?

Et le Français Luka Mkheidze ? Il est deuxième et la performance est belle pour un garçon classé au-delà de la 80e place mondiale avant ce tournoi. À vrai dire, il ne vient pas tout à fait de nulle part et a déjà démontré dans les Opens continentaux où son club de Sucy l’a envoyé qu’il était performant à ce niveau, Minsk étant sa cinquième médaille (pour l’or en juin à Madrid). Mais même si il fut champion de France juniors en -55kg en 2014, deuxième en 2015 en -60kg et cinquième en 2016 dans la même catégorie, il reste un jeune combattant à peine sorti du nid et qui n’a pour l’instant gagné que deux combats en trois participations aux championnats de France individuels seniors. Pourtant les choses se précipitent pour ce jeune combattant qui faisait encore Visé et Forges-les-Eaux au début de l’année dernière, Noisy-le-Grand en 2016… et son premier Grand Prix en 2017, à Zagreb (un seul combat, mais une défaite encourageante), et qui se retrouve désormais titulaire aux championnats du monde, comme vient de le confirmer la fédération, grâce à cette finale à Minsk. On a rarement connu monté en gamme aussi vertigineuse. Une opportunité énorme pour ce garçon dont le potentiel semble s’épanouir de mois en mois, et qui a peut-être l’étoffe d’un champion – qui a su en tout cas prendre à bras le corps l’occasion qui s’offrait. On suivra son parcours à Bakou avec beaucoup de curiosité, d’intérêt, mais aussi un peu d’inquiétude. Car si il semble capable d’affronter des défis chaque fois un peu plus redoutables, la marche semble cette fois bien haute. Il ne faudrait pas que ce premier championnat du monde inattendu le « grille » pour le moment où il serait plus proche du niveau requis, et lui coupe pour longtemps les jeunes ailes fragiles qui lui poussent dans le dos.