Gneto, Gahié, Agbegnenou… et Delvert en or
Deux types d’équipe de France ce week-end pour le voyage en Roumanie à l’occasion de l’Open continental de Bucarest : d’un côté les combattants autorisés des clubs chez les masculins, de l’autre, un petite sélection féminine de filles de l’équipe de France.
Mkheidze, le -60kg qui arrive vite
Chez les masculins donc, dix-sept combattants de niveau national, et finalement quatre d’entre eux sur le podium. Aucun en -66kg, malgré la présence de cinq de nos combattants nationaux, ce qui ne donne pas trop d’idées à un encadrement en recherche du -66kg français du futur.
Une médaille en -60kg en revanche, et pas pour Vincent Manquest, qu’on attendait, mais pour son vainqueur sur la place de trois, le très solide Luka Mkheidze du Sucy Judo, qui projette le Parisien une première fois sur un fauchage arrière — mais « irrégulier », car préparé par une saisie au corps à corps qui n’était pas passée par un premier contact — et une seconde fois dans la foulée de ce ippon refusé, sur un très fort mouvement de hanche. Une belle mise en lumière pour ce combattant de 21 ans, tout juste vainqueur il y a quelques jours des demi-finales d’Île de France.
Urani sans combattre
Florent Urani (-73kg) se hisse lui aussi sur le podium, mais sans avoir à gagner le dernier combat, son adversaire (le dangereux Ukrainien Kanivets) étant forfait. Ce n’est pas un Grand Prix, ni des adversaires dans les cinquante premiers mondiaux (hormis l’Espagnol Javier Ramirez, qui le bat en quart), mais c’est une bonne perf’ tout de même pour ce combattant souvent blessé, qui restait sur une virée réussie en Amérique du Sud il y a plus d’un an de cela et qui n’est plus qu’à la 149e place mondiale.
Le joli coup d’Alpha
Joli coup aussi en -81kg pour le super explosif Alpha Oumar Djalo. Le jeune Racingman accroche son premier podium international senior à 20 ans, en dominant au passage l’ancien double champion de France Guillaume Riou, troisième du championnat de France cette année. Dans cette catégorie encore instable, c’est une carte bien joué par cet ousider plein de fraîcheur.
Delvert à sa place
La médaille d’or revient à Clément Delvert en -100kg. Pas d’exploit dans ce parcours, avec une finale remportée sur l’Italien Loporchio, 87e mondial (sur un grand o-soto-gari), mais la confirmation de son statut de « Top50 », en attendant mieux.
L’équipe de France incognito
Chez les féminines, renversement complet du décor avec la sélection d’une équipe de France presque complète, et avec les meilleures titulaires possibles, histoire de rester dans le bain avant d’entamer la préparation d’été.
Pas de -48kg, ni de -52kg, mais la réussite est au rendez-vous pour Priscilla Gneto en -57kg. Là encore pas d’adversaire à la taille de la nouvelle championne d’Europe, avec un demie contre une Ukrainienne 82e et une finale contre une Italienne 104e, mais une belle série de ippons et un entraînement en situation de combat réussi.
Gahié monte en régime
Les autres catégories étaient intéressantes à suivre pour l’encadrement des féminines, avec la victoire de la n°1 actuelle en France de la catégorie des -70kg, la très jeune Marie-Eve Gahié (20 ans), déjà troisième au championnat d’Europe. Car c’est en effet contre la médaillée de bronze des Jeux de Rio, l’Anglaise Conway (qu avait battue Gévrise Emane au passage), qu’elle l’emporte en finale, sur un gros o-soto-gari en contre.
Graf, la nouvelle problématique en -78kg
Déconvenue en revanche en -78kg où Audrey Tcheumeo, à l’aise dans un judo plutôt mobile, même si il est toujours aussi puissant au niveau du kumikata, s’enferrait en finale sur Bernadett Graf. Triple médaillée au championnat d’Europe, cinquième des Jeux de Rio en -70kg, l’Autrichienne faisait sa première prestation en -78kg. Dominée sur les mains par la Française, elle se rebellait dans son style rugueux habituel, obtenait deux pénalités coup sur coup, et à la reprise suivante, Audrey Tcheumeo, manifestement pas trop concentrée, accompagnait un o-uchi-gari esquivé d’un saisie sur la jambe. Naturel sur le plan judo… mais interdit, et c’était donc la troisième pénalité pour la vice-championne olympique, qui montrait aussi au même moment des signes de douleur à la cuisse.
Une défaite qui n’est pas vraiment significative pour la championne d’Europe 2017, mais une défaite tout de même et l’information à prendre en compte qu’une nouvelle Européeenne est prête à « challenger » Tcheumeo avec des prétentions raisonnables. Globalement une mauvaise nouvelle.
Andeol pas prête ?
Laquelle était renforcée par l’absence dans le tableau des lourdes de la championne olympique +78kg, Emilie Andeol, pourtant annoncée comme faisant partie de cette délégation. Totalement hors du coup en mai à Varsovie, la combattante de Champigny ne semble pas avoir avancé sur le chemin du retour.
Agbegnenou – Pinot, un vrai duel
Mais la bataille la plus intéressante était menée en -63kg, où Clarisse Agbegnenou, blessée à Varsovie, faisait sa rentrée. Une place en finale rondement menée… pour se retrouver devant sa meilleure rivale en France, la vice-championne d’Europe Margaux Pinot, laquelle a de la suite dans les idées. Concentrée sur les mains, Pinot faisait tout le combat, en positif comme en négatif. Elle contrôlait avec efficacité la très forte saisie d’Agbegnenou, mais se faisait aussi pénaliser pour de fausses attaques, et c’est finalement sur une pénalité qu’elle allait perdre ce combat au golden score. Mine de rien, une véritable opposition en train de se créer dans cette catégorie, et cela malgré l’autorité mondiale de Clarisse Agbegnenou. Margaux Pinot n’a manifestement pas l’intention d’attendre et a semblé montrer qu’elle pouvait s’opposer à la médaille d’argent des derniers Jeux olympiques.