Les Français étaient venus en nombre ce week-end du côté de Riccione, une ville située sur la côte adriatique, toute proche de San Marin. Soixante judokas tricolores (trente-trois hommes, vingt-sept femmes) avaient fait le déplacement. Soit la plus grosse délégation étrangère et de loin (les Italiens, à domicile, étaient soixante-sept), pour un événement au plateau digne d’un Grand Prix : plusieurs n°1 brésiliens, une équipe azerbaïdjanaise presque au complet (mais parfois dans la catégorie supérieure, sans doute pour s’éviter un régime à un mois des championnats du monde), des Néerlandais de premier plan (Frank De Wit, Simeon Catharina, etc.), des cadors du circuit comme Saeid Mollaei (vice champion olympique) ou le Géorgien Luka Maisuradze (champion d’Europe en titre des -90kg). Du très beau linge pour un «simple» open continental mais qui faisait office de dernier rendez-vous de réglage, avant les mondiaux d’octobre, en l’absence de Grand Prix ou Grand Chelem.

De quoi, du coup, saluer encore plus la performance des garçons tricolores qui récoltent trois titres avec Reda Seddouki (-66kg), Luca Otmane (-73kg) et Loris Tassier (-90kg), une médaille d’argent avec Nicolas Chilard (-81kg) et trois de bronze avec Richard Vergnes (-60kg), Orlando Cazorla (-66kg) et Alexandre Iddir (-100kg). Un résultat qui permet aux Français de terminer première nation chez les masculins.

Mention spéciale doit être faite à propos des journées de Reda Seddouki et Loris Tassier. Le premier, du FLAM 91, bat coup sur coup Willian Lima (6e mondial), Karamat Huseynov (troisième des championnats du monde 2021 en -60kg), Eric Takabatake (19e mondial et champion panaméricain 2022) et Orkhan Safarov (8e mondial et vainqueur du Grand Chelem de Bakou 2021). Une journée XXL pour le champion de France 2019, qui remporte son second open européen de la saison après Prague début mars.
Attention à Seddouki début novembre à Toulon !

Pour Tassier, son incroyable uchi-mata en finale face au Géorgien Luka Maisuradze, grand favori du jour, restera comme l’action du week-end. Un mouvement pur, sur place, un peu à la manière d’un Joshiro Maruyama. Un joyau qui concluait une journée débutée dès le premier tour par une victoire contre la tête de série de son quart de tableau, le Néerlandais Jesper Smink, 13e mondial et victorieux au Grand Prix du Portugal en janvier dernier. Première médaille à l’international depuis 2019 pour le judoka du CO Sartrouville, alliant harmonieusement puissance et coup de judo tout au long de ce dimanche.

Luca Otmane glane lui son troisième titre en open. Le judoka du PSG Judo aura également régalé avec un uchi-mata en cercle contre l’Ukrainien Artem Khomula, un tai-otoshi limpide contre Théo Riquin en demi-finale avant de placer un tai-otoshi/koshi-guruma en réaction à l’Espagnol Salvador Cases Roca (cinquième aux championnats d’Europe et en argent au Grand Chelem d’Antalya 2022). Du bel ouvrage pour le Parisien, tenant du titre au niveau national.

À noter également la seconde médaille d’argent consécutive pour Nicolas Chilard (Sucy Judo) après Oberwart la semaine dernière. Si le Sucycien s’incline en finale face au Néerlandais Frank De Wit, le fait de trouver à nouveau le podium une semaine seulement après l’Autriche et, surtout, en battant Saeid Mollaei (en argent au Grand Chelem de Budapest et au Grand Prix de Croatie) en demi-finale sur un subame-gaeshi foudroyant constitue une dynamique très probante.

En -60kg, Richard Vergnes (JC Chilly-Mazarin Morangis) trouve lui aussi le chemin du podium, une semaine après Oberwart. En argent la semaine dernière, il finit en bronze hier, seulement battu par l’Azerbaïdjanais Rovshan Aliyev.

Et les féminines ? Elles remportent cinq médailles dont l’or pour Fanny-Estelle Posvite (-78kg). Léa Fontaine (+78kg, Sainte-Geneviève Sports) est en argent tandis que Blandine Pont (-48kg, RSC Champigny), Julie Weill dit Morey (-52kg, ESBM Judo) et Ophélie Vellozzi (-57kg, Racing Club de France – Issy Judo) s’offrent le bronze.

Septième à Paris en février où elle se blessait sérieusement au genou, Posvite, l’ex-Limougeaude désormais Campinoise, retrouvait donc le circuit international. Médaillée européenne en 2021, la -78kg s’impose dans une compétition où elle était clairement venue retrouver ses repères. Malmenée tout le combat par Julie Pierret en demi-finale (elle trouvera finalement la solution sur un makikomi à gauche dans le temps additionnel, alors que le troisième pénalité était proche), elle ne laisse en revanche aucune chance à la Slovène Metka Lobnik en finale, plaçant un juji-gatame qu’elle souhaitait imposer dès le début du combat. De quoi se remettre bien sur les rails pour la saison qui s’annonce. Lobnik, elle, signe sa seconde médaille d’argent après Oberwart où elle avait été battue par une autre Française, Madeleine Malonga.

Léa Fontaine, sixième mondiale, continue à elle se montrer métronomique : depuis septembre 2021, elle fut classée sur tous les événements individuels auxquels elle participa, pour huit médailles sur neuf possibles ! Ce dimanche, la Française n’est battue que par la n°1 (bis) brésilienne Beatriz Souza, victorieuse des championnats panaméricains 2022 et en argent à Tel-Aviv. Un joli de-ashi-barai de la Sud-Américaine concluait la finale entre les deux jeunes femmes. Reste que Fontaine continue à engranger, encore et toujours.
Chez les féminines, l’Espagne (deux titres pour la -48kg Lapuerta Comas et la -70kg Rodriguez) et l’Allemagne (Ballhaus en -52kg est titrée, pour un total de sept médailles !) dominent cet Open.

Un tournoi où pas moins de dix pays remportent au moins un titre pour ce dernier open sur le Vieux Continent avant les championnats du monde en Ouzbékistan (6-14 octobre).