Deuxième victoire pour l’ancien capitaine de Tokai après 2014

Crédit Photo/All Japan Judo Federation

L’affiche de ce Zen Nihon disait tout de l’enjeu de cette compétition à la très forte tradition.
Deux hommes allaient être les stars de la journée : à notre gauche Hisayoshi Harasawa (voir le portrait qui lui est consacré dans l’EDJ n°56), invaincu à l’international depuis le 12 juillet 2014 (!). Depuis, l’ancien capitaine de Nichidai et désormais judoka star de la JRA (le PMU nippon) a remporté les Grands Chelems de Tyumen, Paris et Tokyo en 2015 et à nouveau Paris en 2016 !
N°2 à la ranking-list derrière Teddy Riner, ce droitier au uchi-mata très pur restait sur une victoire en finale des championnats du Japon, début avril.
À notre droite, Ryu Shichinohe, double vice-champion du monde (2014 et 2015), le judoka d’Okinawa qui avait failli provoquer un tremblement de terre à Chelyabinsk avec son o-uchi-gari, en toute fin de combat, duquel le champion olympique français réchappera in extremis.
2ème à Tokyo, 5ème à Paris…comme sa position à la ranking list. Un premier semestre pas à son avantage, en particulier sur les tatamis parisiens où il est battu nettement par Or Sasson, tout récent vice-champion d’Europe.

En clair, Harasawa possédait une avance significative mais non définitive pour l’obtention du dernier billet pour Rio.
Il s’imposait et la messe était définitivement dite. Mais une victoire avec la manière de Shichinohe, couplée à une contre-performance de son concurrent et là, tel un conclave pour l’élection d’un pape, bien malin qui aurait pu dire qui serait l’Élu.
Deux scénarios qui en resteront finalement à l’état de pure spéculation intellectuelle, puisqu’un troisième larron a mis tout le monde d’accord. Son nom ? Takeshi Ojitani. Cela vous dit (peut-être) quelques chose ? C’est normal. Il s’était déjà imposé sur ce même tapis du mythique Budokan il y a deux ans. Avec la même arme : un o-soto-gari qui vous monte les deux fers en l’air.

Ojitani remercie son o-soto-gari

En 2014, il avait remporté tous ses combats par ippon. En grande partie avec ce fauchage qu’il n’aime rien tant que lancer en garde haute.
Seul un certain Shohei Ono ne l’avait pas subi, perdant leur combat par shido. En finale, cet ancien capitaine de Tokai avait foudroyé Daiki Kamikawa. Bis repetita ce vendredi.

Les demi-finales du jour étaient les suivantes : Ojitani/Shichinohe et Kamikawa/Harasawa.
Tout était réuni pour assister au combat tant attendu, qui aurait été aussi la revanche de l’année dernière ? Que nenni !

Dans le premier combat, Ojitani, après avoir reçu une 3ème pénalité, trouvait la faille pour placer son o-soto compté waza-ari !
Après le matte de l’arbitre, le double champion du monde juniors (2010 et 2011), lançait exactement la même attaque, dans le même angle pour le même résultat ! Un gros moment de flottement chez Shichinohe qu’il paye comptant et qui lui fait dire adieu à Rio.
Une pensée qu’on peut presque lire sur le visage du vice-champion du monde lorsqu’il se relève, se rhabille et salue son adversaire.

L’autre demi-finale, autant le dire, était d’une teneur beaucoup plus médiocre. Au bout des 6 minutes de combat, c’est aux drapeaux que Kamikawa, le champion du monde 2010, dernier vainqueur de Riner la terreur, se qualifie (3 drapeaux à 0). Son de-ashi-barai sur Harasawa (LE kinza du combat) a sans doute pesé lourd dans une rencontre où a senti le double vainqueur parisien sans jus, lent et emprunté.

Et la finale ? Elle fut à sens unique. Visiblement très émoussé, Kamikawa a systématiquement laissé Ojitani monter sa main droite, un « tsurite » qu’il affectionne et annonce une attaque forte.
Ne faisant pas l’effort de gêner le kumikata de son adversaire, « Kung-Fu Panda » l’a payé avec une apathie qui le caractérise malheureusement trop souvent, lui qui est pourtant pétri d’un talent pur.
Un 1er waza-ari sur…o-soto, avant qu’Ojitani lance un astucieux sasae pour le gain de ce Zen Nihon.

Ojitani, un garçon de 23 ans, d’1m86 pour 140 kilos, n°3 de la caté au Japon qu’on aimera revoir à l’international après les JO, lui qui a fait une saison internationale en demi-teinte (3ème à Paris en 2015, 7ème à Tokyo), éclipsé aussi par le duel que se livrait Harasawa et Shichinohe.

Résultats : 

1. OJITANI Takeshi (Asahi Kasei)
2. KAMIKAWA Daiki (Keiyo Gas)
3. HARASAWA Hisayoshi (JRA)
3. SHICHINOHE Ryu (Kyushu Electric Power)