Le judoka d’Asahi Kasei s’impose en finale à Aaron Wolf

En ce début d’olympiade – qui conduira le judo dans ce même Nippon Budokan lors des JO de Tokyo – sa volonté de prendre le leadership chez les lourds japonais a connu une nouvelle preuve de crédibilité ce samedi. Un adversaire sérieux, un de plus après Guram Tushishvili, la révélation géorgienne des championnats d’Europe, pour Teddy Riner dans quelques mois en Hongrie ?
Car avec sa victoire hier, la troisième après celle de 2014 et de 2016, Takeshi Ojitani, 25 ans, judoka d’Asahi Kasei (un conglomérat japonais) arrivera à Budapest invaincu sur la saison. Vainqueur de la Coupe du Kodokan, des Grands Chelems de Tokyo et Paris, des championnats du Japon et donc de ce Zen Nihon 2017, Ojitani et ses 140 kilos environ semble arriver à pleine maturité.
Et sinon ? Et sinon il y avait l’excitation de retrouver le génie de Tenri, Shohei Ono, après sa démonstration planétaire à Rio, pour sa seule compétition officielle de la saison; la présence, pour la première fois de l’histoire de cet événement, d’arbitres féminines dont Akiko Amano ; enfin, le choix du Kodokan de mixer règlement classique du Zen Nihon (trois arbitres, trois valeurs dont le yuko, judogi blancs, pas de repêchages) et nouvelles règles internationales (golden score, descente du temps de combat de six à cinq minutes, trois shidos). Un amalgame gagnant ? Une confusion plutôt, aux dires de Patrick Vial et Serge Feist présents sur place, avec la primauté donné à un arbitrage tendance « IJF » à celui, bien spécifique, du Zen Nihon.

2e tour : 
L’annonce de sa participation à ce Zen Nihon en relevait encore l’intérêt. Shohei Ono, le héros de Rio, avait annoncé vouloir faire l’impasse sur cette saison internationale, pour des raisons universitaires. Mais, surprise, on apprenait quelques jours après sa participation officielle à cet événement. Attendu, scruté, le champion olympique des -73kg a fait frémir le Budokan. Attaquant sans cesse pendant les cinq minutes contre le combattant de la JRA (Japan Racing Association), Kensei Ikeda, il cherchera comme toujours, le mouvement qui fait tomber. Uchi-mata bien sûr, mais aussi tani-otoshi ou sode-tsuri-komi-goshi. Son adversaire prend deux shidos. Direction le golden score, pendant lequel, Ono, à bout de souffle, se fait cueillir sur o-soto-gari. Ippon. Mais une gros salve d’applaudissements du public pour Ono lorsqu’il descend du tatami.

3e tour : 
On commence à y voir clair : Ryu Shichinohe satellise Goki Maruyama (un -81kg de l’équipe Park 24) sur uchi-mata, Daiki Kamikawa prouve encore une fois qu’il a des sensations « judo » sensationnelles, malheureusement trop intermittentes, avec un superbe sasae-tsuri-komi-ashi sur Kenta Akasako. Enorme sensation avec l’élimination d’Hisayoshi Harasawa, le vice-champion olympique, étranglé « comme un poulet » par Masaru Momose (27 ans, 5e à la Coupe du Kodokan 2016) sur kata-te-jime en 38 secondes !

Quart-de-finale : 
Victoires avec autorité de Takeshi Ojitani sur H. Ozaki sur uchi-mata, du « dragon » Shichinohe, 2e à Paris en février sur une prise d’opportunité très maline : son adversaire, Kyohei Kakita lance un mouvement d’épaule mais tend son bras. Le double vice-champion du monde passe très vite sa jambe pour une clé de bras (udehishigi juji-gatame),

Aaron Wolf, 2e à Düsseldorf, vainqueur des championnats du Japon et sélectionné pour Budapest, met un rythme d’enfer à Daiki Kamikawa qui récolte trois shidos.

Enfin, Hirotaka Kato, le -90kg vainqueur de ce Zen Nihon en 2012 est toujours là ! Gênant considérablement ses compatriotes par son style peu académique, il s’impose contre Momose avec son spécial debout, tomoe-nage.

Demi-finale : 
Ojitani/Shichinohe : Malmené pendant une bonne partie du combat par le combattant originaire d’Okinawa, qui n’est pas loin de marquer sur uchi-mata et eri-seoi-nage, Ojitani trouve la solution sur un beau mouvement : un sasae, avec un très bon contrôle du bras gauche de Shichinohe qui lui permet de continuer au sol et de s’imposer suite à une immobilisation en tate-shiho-gatame.

Wolf/Kato : On souligne souvent sa variété technique, son adaptabilité au kumikata, lui qui n’est pas forcément un adepte à tout crin de la prise de garde traditionnelle col/manche. Mais Aaron Wolf, 4e à l’université de Tokai se révèle être aussi une sacrée machine physique. Un -100kg qui ne craque pas. Pourtant mené d’un yuko par Kato sur un tomoe-nage, le nippo-américain joue la tactique de la montée de pénalités. Avec réussite. Trois shidos pour le combattant de la police de Chiba. Et une place en finale pour Wolf, face à son sempaï.

Finale : 
Ojitani/Wolf : Les cinq premières minutes voient de timides tentatives d’attaque des deux côtés. Le seul fait notable sera l’interruption pour soigner les deux combattants (ils se sont heurtés sur une tentative ambitieuse de yoko-guruma de Wolf). Après cinq minutes pas franchement palpitantes, le golden score démarre. Au bout de deux minutes et vingt secondes de légère domination d’Ojitani, Aaron Wolf écope d’un second shido pour manque d’activité.

Un final pas follement excitant. Mais qu’importe pour Ojitani. Cette victoire lui assure sa place pour les championnats du monde.
Si il y a eu encore de beaux pions, l’arbitrage « IJF » des arbitres nippons durant ce Zen Nihon reste le gros point noir de cette édition pour Patrick Vial et Serge Feist : « Il y a eu du judo  mais aussi beaucoup trop de shidos pas franchement mérités, trop de golden score et une compétition qui s’ est terminée une heure plus tard que d’ habitude ! Les arbitres japonais réagissent comme tous les autres. Dommage de perdre cette spécificité qui faisait l’intérêt du Zen Nihon. J’ espère qu’ ils en tiendront compte ».

Bonus :
Les plus beaux pions de ce Zen Nihon en vidéo !