L’affaire avait été révélée à la fin du mois dernier sur les réseaux sociaux par les étudiants/judokas à l’École Nationale de Kinésithérapie et de Rééducation (ENKRE), Hugo Fonghetti (vice-champion de France seniors 2019 en -66kg) et Pape Ndiaye (champion de France seniors 2016 et médaillé de bronze au Grand Chelem de Paris 2017 en -81kg). Il y a quelques semaines ces derniers avaient la très mauvaise surprise de découvrir que leurs frais de scolarité avaient subitement explosé (autour des 7.000€ annuels) suite à la décision de la Région Île-de-France de ne plus prendre à sa charge ces derniers pour les athlètes de haut-niveau. Joint hier, Pape Ndiaye annonçait finalement qu’une solution avait été trouvée avec la Région vendredi dernier.
« La situation initiale est la suivante : chaque année, vingt sportifs listés « haut-niveau » peuvent entrer, via un système de dérogation, en école de kinésithérapeute au niveau national. Comme tous les étudiants, nous payons nos frais de scolarité (232€). La fédération de chaque athlète prend elle à sa charge les frais engendrés par l’aménagement du parcours scolaire (environ 2.000€). En effet, la formation dure officiellement quatre ans, mais en tant qu’athlète de haut-niveau -et les obligations qui vont avec – nous pouvons la faire en six ou huit ans. Le reste du coût de la formation était pris en charge par la Région IDF (aux alentours des 7.000€). Or, fin août, nous apprenions que la Région avait décidé de ne plus financer la formation pour les athlètes de haut-niveau. On se retrouvait donc dans la situation suivante : ou on payait, ou on arrêtait ! Finalement, une solution a été trouvée vendredi dernier puisque la Région a voté une subvention exceptionnelle qui rétablit la situation initiale. Personnellement, je n’ai plus qu’une demi-année à faire en école. J’aurais donc payé au prorata du nombre de cours suivi. Mais c’est surtout pour les copains. Au final, je trouve cela inquiétant pour le sport français que les pouvoirs publics (État ou Région je ne veux pas pointer du doigt l’un ou l’autre) se désengagent, notamment sur la question de la reconversion professionnelle. »
Interrogé par Le Figaro Sport sur cette affaire, Patrick Karam, vice-président de la Région IDF, explique que c’est l’État qui est à l’origine de cette mauvaise surprise pour les étudiants kiné. « Qui est responsable de cela ? L’Etat et l’arrêté du Ministère de la Santé du 17 janvier 2020 qui indique que les sportifs de haut niveau doivent désormais émarger au quota de places disponibles au même titre que n’importe quel autre élève, alors qu’avant, ces sportifs bénéficiaient d’un traitement à part en termes d’accès à la formation de masseur-kiné. Sauf que l’Etat ne nous a pas prévenus de cette modification du dispositif d’entrée. Du coup, nous sommes mis au pied du mur devant une situation qui, auparavant, marchait très bien. […] a région va trouver une solution, qui ne peut cependant être que provisoire. Elle va payer leurs études pour cette année mais il faut que l’Etat accepte de s’asseoir autour de la table et nous laisse agir avec le PRIC (pacte régional d’investissement dans les coméptences). »
Une affaire qui met une fois de plus la lumière sur la situation incertaine, pour ne pas dire précaire, du haut-niveau sportif en France.