Gneto et Receveaux se hissent en finale

 

Atmosphère lourde et combats intenses à Dusseldorf, ce qui contraste avec l’impression laissée par le tournoi de Paris de janvier,  qui paraissait alors loin des Jeux, loin du cœur. À voir le stress des combattants privés d’une victoire, d’une médaille, on voit que les grandes manœuvres ont définitivement commencé et on devine qui sera chef d’escadrille dans les mois qui viennent. Si l’arbitrage n’était pas toujours aussi désespérément « tue-l’amour » (du judo), on aurait souvent envie d’applaudir.

Dans cette ambiance, une équipe de France « bis » jouait une grosse partie. C’est encore raté pour Sofiane Milous (-60 kg), mieux en jambe depuis Paris, mais confronté trop tôt au Coréen n°1 mondial Kim Won-Jin, sur lequel il faisait un bon combat, mais avec un yuko contre lui tout de même. Pas mieux pour Kilian Le Blouch (-66 kg), intraitable sur les mains, mais jeté en uchi-mata par l’excellent Géorgien Margvelashvili, futur troisième, dans un minuscule intervalle de temps où celui-ci a été en position pour s’engager. Raté encore pour Laetitia Payet (-48 kg) qui venait de passer d’un shido la Brésilienne Brigida et menait depuis quelques secondes sur le même score face à la dangereuse Turque Lokmanhekim, quand l’arbitre décida qu’une des ses attaques, en pression sur le bras, était à sanctionner d’une disqualification. Pas mieux pour Cédric Revol (-60 kg), qui avait gagné le droit d’être là après son podium national en novembre, immédiatement suivi d’une finale à l’Open de Tunis en janvier. Mais l’expérience du jeune Espagnol Garrigos fut trop forte pour lui.

Climence entre dans la danse

En revanche, c’est un moment décisif peut-être pour trois Français. C’est le cas pour Aurore Climence en -48 kg. La poupée de Sainte-Geneviève, qui avait gagné le  tournoi de Paris en 2007 devant la future médaillée mondiale pour la troisième fois Frédérique Jossinet, réveille à 28 ans la catégorie qu’Amandine Buchard ne parvient plus à contrôler. Si l’aventure d’Amandine n’est sans doute pas terminée en -48 kg, certaines ont compris, mais peut-être un peu tard, qu’il y avait une opportunité énorme à saisir. Si Climence avait réussi à se classer à la troisième place du Grand Prix de Géorgie et la cinquième place du Grand Chelem de Bakou en 2015, ce qui fait la différence cette fois, ce sont les adversaires vaincues – la Belge Van Snick, septième mondiale, sur un o-soto-gari intelligent en fin de combat alors qu’elle était menée, l’Ukrainienne Cherniak, cinquième du championnat du monde sur un ko-soto-gari foudroyant – et l’attitude, plus conquérante, plus déterminée sur les mains. Malheureusement pour elle, elle perd deux combats d’un shido contre la Coréenne Jeong Bo Kyeong, 14e mondiale, qui emporte son second tournoi de suite, et contre la Cubaine Dayaris Mestre Alvarez, 21e mondiale. Une très belle performance donc, sauf pour la médaille absente et les points trop peu nombreux. 34e mondiale pour l’instant, ce n’est pas assez. Néanmoins la voici dans la course avec Buchard et Payet pour une sélection olympique en -48 kg. 

Gneto ne laisse aucun répit à Euranie

Sur le podium, et même en finale, c’est mieux, et c’est la performance réalisée par Priscilla Gneto, pour une fois débarrassée de sa rivale française Annabelle Euranie. Sur les sept derniers tournois auxquels elle a participé, elle a atteint six fois le podium, mais jamais la médaille d’or, battue notamment trois fois, en octobre, novembre et février par Euranie ! Libérée de cette tutelle, elle faisait un nouveau tournoi très réussi avec une victoire probante au sol avec un sankaku-osae-komi digne de son entraîneur Cathy Fleury sur la Turkmène 12e mondial Babamuratova et surtout un beau sode-tsuri-komi-goshi en bout de manches sur la n°1 mondiale au classement, la Roumaine Andrea Chitu, dans les dernières secondes d’un combat qui lui échappait. La deuxième défaite de la Roumaine contre Gneto après le Grand Chelem d’Abou Dhabi… Mais cette très grosse performance n’était pas confirmée en finale face à Ai Shishime. Elle était victime du rythme et du très lourd bras gauche de cette Japonaise un peu atypique. Avant de rectifier le tir au kumikata en parvenant à mieux saisir la manche adverse, la Française avait déjà deux pénalités de retard. Une belle démonstration tout de même qui ne laisse aucun répit à la 5e mondiale, Annabelle Euranie. 

Receveaux devant Pavia

Une Française se mettait en valeur en -57 kg. Ce n’était pas Automne Pavia, mais une nouvelle fois Hélène Receveaux, sept participations en tournoi depuis mai 2015, pour cinq médailles dont une finale au Master, au Grand Chelem de Tokyo, et désormais à ce Grand Prix d’Allemagne. Efficace dans les tours, la puissante Dijonnaise et son o-uchi-gari parvenait en effet en finale, mais pour y subir le harcèlement au sol particulièrement virulent et efficace de la championne olympique japonaise Kaori Matsumoto, manifestement passée à un autre niveau, et notamment dans cette stupéfiante (et enthousiasmante) détermination à aller au bout au sol à chaque occasion.
La conclusion pour Receveaux, c’est que rien n’est acquis, mais que, au moins à la ranking mondiale, la voici désormais devant la médaillée mondiale Automne Pavia, laquelle doit désormais absolument sortir de son faux rythme, sous peine de se voir « voler » sa sélection olympique par Receveaux.

Corée 3 – Japon 2

Deux Coréens vainqueurs chez les hommes avec une autorité indiscutée, il est clair que cette équipe va faire mal à Rio, et pourrait même bousculer les hiérarchies avec l’aide des féminines, qui en emporte une aussi ce vendredi ! Le reste va aux deux Japonaises – là encore le réveil semble sonner pour les combattantes du Soleil Levant. Et les autres ? On les attend.