Troisième, le junior français entre dans le jeu
La France n’aura pas marqué les esprits dans ce premier jour du Grand Prix de Chine, qui signe l’entrée dans la campagne asiatique, les batailles de l’hiver, dont les stats montrent qu’elles sont souvent décisives pour les Jeux.
Sa chance était donnée à Laëtitia Payet (-48 kg), elle est dominée d’un yuko par la Coréenne médaillée mondiale 2015 Jeong Bo-Kyeong, laquelle ne finira que cinquième. Pas de -52 kg française, pas non plus de -57 kg, les choses sérieuses commenceront en Corée pour notre délégation chez les féminines, même si on attend Gévrise Emane (-70 kg) et Audrey Tcheuméo (-78 kg) dans les deux jours qui viennent.
L’Italie ne leur réussit pas
Chez les garçons, Alexandre Mariac et Kilian Le Blouch étaient tous les deux sur le front en -66 kg, sans succès. L’Italie ne leur aura pas réussis. Le premier prend un waza-ari du vétéran Elio Verde, le second un waza-ari du gaucher envahissant Matteo Piras, deux garçons qui finiront cinquièmes.
Khyar en « impact player » ?
Ce n’était pas non plus la journée de Vincent Limare, le récent finaliste du tournoi de Paris en -60 kg, battu par ippon dès le premier tour par le Chinois Li Jiahong. Dans l’hypothèse ou le titulaire des derniers grands rendez-vous planétaires comptait se reposer un peu sur ses lauriers récents (deux finales de Grands Chelems à Bakou et Paris en mai et en octobre), lui qui avait gagné ici en 2014 avant de faire septième à Tokyo, ce n’est pas une bonne idée. Le champion d’Europe et médaillé mondial juniors Walide Khyar en profite pour faire le genre de numéro qui vous met tout de suite dans la dynamique de l’outsider potentiel pour des grands événements à venir. Pour lui qui restait sur une finale à l’Open Africain de Tunis comme unique référence senior à l’international, et une troisième place aux championnats de France en 2014, cette médaille de bronze dans un tournoi copieux est un énorme cap de franchi… et une nouvelle preuve que les choses ne se jouent pas, même si on peut le regretter, sur les tapis du championnat national. Ippon sur un Coréen du Nord, domination au second tour aux pénalités du dangereux Chinois de Taipei Tsai Ming Yen, défaite ensuite par hansokumake devant le Kazakh Aibek Imashev, cinquième des championnnats du monde 2014. Le Français menait waza-ari, trois shido à deux avant de prendre hansokumake sur une tentative de sode où il aurait mis la main sur la jambe… À ce niveau, on atteint le ridicule avec la disqualification de la Japonaise Tamaoki en place de trois en -57 kg, disqualifiée parce que, tombée à plat ventre, elle touche le talon de son adversaire avec la main. Franchement ceux qui ont inventé cette absurdité qui offense le judo tous les week-ends doivent aujourd’hui sérieusement s’interroger sur ce sujet, mais c’est un autre débat. Walide Khyar prend ensuite en repêchages le n°2 mondial, l’Azeri Orkhan Safarov, vice champion d’Europe cette année et médaillé mondial. Le jeune Français, insolent, allait lui marquer waza-ari, avant de prendre le bronze au Russe Robert Mshvidobadze. Une superbe intrusion, une entrée pleine de dynamisme dans le jeu de quilles, qu’il faudra bien sûr confirmer dans les rendez-vous qui viennent mais qui, d’ores et déjà, pourrait lui valoir ce statut de joker, d' »impact player » pour les sélections à venir – sous réserve bien sûr des résultats comparés de ses deux adversaires, Vincent Limare, mais aussi le champion de France Sofiane Milous, qui n’a pas dit son dernier mot.
Deux victoires japonaises, deux victoires azerbaïdjanaises
Il importe de bien regarder les podiums, car l’expérience nous dit que s’y cachent sans doute de futurs médaillés olympiques, voire des champions olympiques, comme il y a quatre ans la Coréenne du Nord An Kum-Ae ou l’Américaine Harrison. Cette année, ce sera peut-être le cas de la Japonaise Yuka Nishida (1re en -52 kg), une championne du monde 2010 qui n’abdique pas, ou de la petite Funa Tonaki (-48 kg), championne du monde juniors 2015, très vive en finale pour battre la championne du monde seniors 2013 Urantsetseg Munkhbat, et qui fera peut-être oublier la championne du monde juniors et seniors 2014, sa compatriote Ami Kondo. Victorieuse du Masters 2015, du Grand Prix de Mongolie, troisième du dernier championnat du monde et finaliste à Paris, la Mongole Sumya Dorjsuren (-57 kg) sera proche du podium à Rio selon toute logique. Enfin, chez les garçons, les victoires en -60 kg et en -66 kg des deux Azerbaïdjanais Ligar Mushkiyev et Nijat Shikalizada sont peut-être un signe à considérer.
On suivra dans les jours à venir les Français Iddir et Maret, entre autres, mais aussi un certain Teddy Riner. Sympa.