Certains combattants juniors déjà sur la place haute marche du podium

Alors que le judo français avait les yeux tournés vers Rouen et la Kindarena pour les 1ère divisions ce week-end, le judo japonais se retrouvait lui à Chiba pour la Coupe du Kodokan.
Même week-end et même absence de leaders.
Si en France, elle était implicite et avec quelques exceptions (et quelle exception tout de même avec Teddy Riner !) qui avaient décidé d’aller chercher le titre national, au Pays du Soleil-Levant les choses étaient limpides avant même que la compétition ne démarre dans la salle qui accueillit les Championnats du monde 1995 : tous les participants à Astana et Paris étaient dispensés de cet événement. Le Japon a en effet depuis longtemps installé une fusée à deux étages avec cette Coupe, mais aussi un championnat national des huit meilleurs se tenant en avril, dont l’importance est considérable et la plupart du temps décisive, même si elle est légèrement relativisée par les performances internationales depuis quelques années. La Coupe du Kodokan est un marche-pied vers ce championnat puisque le vainqueur de cette rencontre national est automatiquement sélectionné pour le Grand Chelem de Tokyo – comme le championnat de France pour le Tournoi de Paris.
Une place de premier, qui selon la catégorie, délivre souvent le seul sésame encore disponible, étant donné que trois des quatre combattants qui fouleront les tatamis tokyoïtes sont déjà connus. En -73kg par exemple, puisqu’avec Ono, Nakaya et Akimoto, le Japon dispose à l’heure actuelle du champion du monde 2015, du vice-champion du monde et du vainqueur du Grand Chelem de Paris 2015, excusez du peu…

Si donc les noms de la majorité des vainqueurs à Chiba n’ont pas tous, pas encore, la renommée des Ebinuma, Matsumoto ou Nakamura, quelques vainqueurs laissent à penser que le Japon possède un réservoir, avéré ou potentiel, de combattants capables de faire d’excellents choses au niveau international très vite ou, à plus longue échéance, en vue des Jeux de Tokyo, en 2020. La victoire de certains combattants encore juniors, souvent classés aux championnats du monde dans cette catégorie d’âge et parfois déjà chez les « grands » en est un bon indicateur.
Revue d’effectifs.

Nishida ne lâche pas le morceau

Championne du monde à Tokyo en 2010, 2ème à Paris en 2011, Yuka Nishida (-52 kg) s’était fait devancer par Misato Nakamura pour Londres. Blessée, devenue n°3 derrière Yuki Hashimoto et celle qui est désormais la championne du monde 2015, la fille au visage de kokeshi*, Misato Nakamura, Nishida ne veut visiblement rien lâcher. Ce week-end, elle va donc chercher un deuxième titre consécutif. 2ème à Tokyo l’année dernière, elle devra passer par une victoire pour espérer revenir dans la course à la sélection pour Rio. A noter dans cette catégorie, la très belle 3e place de Kana Tomizawa, championne du monde cadette (!) en août à Sarajevo.

Autre nom qui retient l’attention, celui de Sarah Asahina (+78 kg) : championne du monde juniors 2014, elle qui n’est que 2ème année dans cette catégorie d’âge, Asahina remporte la victoire chez les lourdes. Championne du monde universitaire cet été, la combattante de Tokai représente a-priori l’avenir des +78kg avec sa dauphine du jour, Nami Inamori, 22 ans et 2e à Tyumen début juillet. Cette jeune surdouée, formée au Kodokan, qui avait fini 2e en 2014, sera à surveiller de près encore en décembre, elle qui avait participé à son 1e Grand Chelem de Tokyo à…16 ans.
Son titre juniors obtenu il y a deux semaines à Abou Dhabi l’a visiblement mis en confiance. Funa Tonaki (-48 kg), qui avait écoeuré la concurrence internationale avec un ne-waza insolent, s’impose chez les micro-machines. Avec Asahina et Aimi Nouchi en -63kg, elles sont donc trois juniors à remporter cette Coupe du Kodokan. Une indication intéressante.

Daiki « Double-Face » Kamikawa

Il reste comme l’un des judokas nippons les plus énigmatiques de ces dernières années. Magnifique dans un bon jour, un judo étincelant quand l’envie et les sensations sont au rendez-vous, le champion du monde 2010 et dernier vainqueur de notre octuple champion du monde donne à l’inverse, et malheureusement le plus souvent, l’impression de porter toute la misère du monde sur ses épaules et de traîner sa croix tel un pénitent sur les tatamis internationaux. Ce week-end, c’était plutôt le judoka en mode « Kung-Fu Panda » qui s’impose pour la seconde fois après 2013. Il bat en finale un client, Kenta Nishigata, champion du Japon et vainqueur d’Oulan-Bator et de Tashkent en 2015 sur un coup du volant en toute fin de combat comptabilisé yuko. 5e l’année dernière, Kamikawa sera moins attendu que Ryu Shichinohe ou surtout Hisayoshi Harasawa tant il a fini par désespérer ces plus fervents supporters, malgré un judo très fluide et varié pour ses 140 kilos.

Avec sa victoire impressionnante à Tashkent, Hifumi Abe, le nouveau jeune prodige des -66kg, 18 ans seulement, était l’une des attractions de cette Coupe du Kodokan. Vainqueur en 2014, lui qui avait gagné précédemment les championnats nationaux juniors puis le Grand Chelem de Tokyo pour un incroyable triplé lors du second semestre de l’année dernière, le futur étudiant de Nittai-Dai allait-il garder son titre ? Joshiro Maruyama, étudiant à Tenri, 7ème à Tokyo en 2013, frère cadet de Goki (le-81kg) en a décidé autrement en battant Abe en demi-finale sur tomoe-nage. En finale, le vice-capitaine de Tenri s’inclinera d’un shido face à Sho Tateyama, de l’université de Kanoya, un combattant parmi les cinq meilleurs nippons depuis quelques mois. Vainqueur de Jeju en 2014, 5e aux Universiades cette année, Tateyama, sera à suivre à Tokyo. Autre jeune espoir du judo japonais, le Nippo-Américain Aaron Wolf, 19 ans, vainqueur de Tashkent et avant d’Oulan Bator confirme son statut de n°2 nippon chez les -100kg avec sa victoire ce week-end. Dominé par Shimowada, un ancien -90kg, lors du début de combat, l’étudiant de Tokai trouve pourtant la faille sur un uchi-mata ken-ken pour ippon. Un judoka régulier dans la performance, capable de battre des combattants étrangers aguerris. Bref un garçon, qui sous ses airs de gros bébé au visage peu expressif, pourrait rapidement rentrer dans la liste des -100kg mondiaux avec qui il faut sérieusement compter.

Retrouvez via ce lien les meilleurs moments de chaque finale.

Résultats : 

Féminines
-48kg
1ème : Funa Tonaki (Teikyo University)
2ème :Tamami Yamazaki (Yamanashi Gakuin University)
3èmes : Yurie Morizaki (Tatara Architects & Associates Office) et Hiromi Endo (ALSOK)

-52kg
1ère
 : Yuka Nishida (Ryotokuji Gakuen)
2ème : Eri Kakita (Hyogo Police)
3èmes : Kana Tomizawa (Saitama Sakae H.S.)et Miharu Kuroki (IPU)

-57kg
1ère
 : Megumi Ishikawa (KOMATSU)
2ème : Anzu Yamamoto (Kokushikan University)
3èmes : Makiko Otomo (KOMATSU) et Christa Deguchi (Yamanashi Gakuin University)

-63kg
1ère
 : Aimi Nochi (Tsukuba Univ.)
2ème : Nami Nabekura (Taisei H.S.)
3èmes : Ayako Shiose (Sumitomo Mitsui)et Kaho Yonezawa (Ryukoku University)

-70kg
1ère
 : Yoko Ono (KOMATSU)
2ème : Erina Ike (Kokushikan University)
3èmes : Yukiko Uno (IPU) et Haruka Yasumatsu (ALSOK)

-78kg
1ère 
: Shori Hamada (JSDF Physical Training School)
2ème : Rika Takayama (Sumitomo Mitsui)
3èmes : Mao Izumi (Yamanashi Gakuin University) et Rui Takahashi (OG Wellness)

+78kg
1ère
 : Sarah Asahina (Tokai University)
2ème : Nami Inamori (Sumitomo Mistui)
3èmes : Suzuka Ichihashi (Osaka Police) et Manami Inoue (JR Kyushu)

Masculins

-60kg
1er
 : Hirofumi Yamamoto (ALSOK)
2ème : Dai Aoki (Nittai)
3èmes : Takaaki Tanaka (Tsukuba University) et Seiken Fujisawa (Kokushikan University)

-66kg
1er
 : Sho Tateyama (National Institute of Fitness and Sports in Kanoya)
2ème : Joshiro Maruyama (Tenri University)
3èmes : Hifumi Abe (Shinko Gakuen H.S.) et Taro Fujisaka (Kokushikan Univesity)

-73kg
1er
 : Soichi Hashimoto (Park 24)
2ème : Kazuya Tamura (Park 24)
3èmes :Takeshi Doi (DAICOLO) et Katsuhito Fukuoka (Nichidai (Nihon University)

-81kg
1er
 : Yasuhiro Ebi (Asahikasei)
2ème : Tomohiro Kawakami (Staff of Kokugakuin University)
3èmes : Yuuki Haruyama (JSDF Physical Training School) et Kenya Kohara (Tokai Univ.)

-90kg
1er
 : Kota Otsuji (Nippon Ace Support)
2ème : Yusuke Kobayashi (Tsukuba University)
3èmes : Kyohei Kakita (Asahikasei) et Jobu Ebata (Kokushikan University)

-100kg
1er
 : Aaron Wolf (Tokai Univ.)
2ème : Shohei Shimowada (Keiyo Gas)
3èmes : Ryohei Anai (Teacher of Tokai University Kumamoto Shosei H.S.) et Daisuke Kobayashi (ALSOK)

+100kg
1er
 : Daiki Kamikawa (Keiyo Gas)
2ème : Kenta Nishigata (Asahikasei)
3èmes : Yusei Ogawa (Meiji University) et Kokoro Kageura (Tokai University)

 

*…Les KOKESHI ont été créées il y a 150 ans, par les kiji-shi (en japonais : artisans du bois) dans le nord de Honshū (la plus grande île du Japon), dans la région de Tōhoku. Leur origine remonte à la fin de l’ère Edo, leur fabrication est artisanale. Les kokeshi sont peintes et décorées de fleurs, puis recouvertes de laque.