Emilie Andéol, l’honneur de la France à Bakou !
Le doublé européen pour Emilie Andeol et la médaille d’or qui sauve la France / Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo
À mi-journée, on se voyait déjà écrire le même papier qu’hier, avec la jeune Madeleine Malonga dans le rôle de la jeune Marie-Eve Gahié, avec un Alexandre Iddir fatigué et absent mentalement, et comme vendredi, avec finalement les deux piliers attendus, Cyrille Maret chez les hommes et Audrey Tcheumeo chez les femmes, battus, et en route pour le bronze, au mieux. On aurait pu même faire un bilan plus sinistre au soir de la compétition en constatant la cinquième place d’Audrey Tcheumeo, la championne d’Europe en titre, singulièrement absente elle aussi. Mais, en ce jour, ce n’était pas deux piliers sur lesquels s’appuyait l’équipe de France, mais bien trois, avec Emilie Andeol, la fille de Champigny, championne en titre et médaillée mondiale. Les médias ne la mettent pas toujours en avant, car elle a le douteux privilège de combattre le même jour que Teddy Riner. Elle est néanmoins en train de se construire un sacré palmarès : deux titres européens successifs, déjà une médaille mondiale, dans le sillage d’Anne-Sophie Mondière avec ses trois titres européens successifs (plus deux obtenus sur des Open à part) et ses trois médailles mondiales (dont une en Open).
Pourtant Emilie Andeol ne semblait pas aujourd’hui avoir tellement plus de « fuel » dans les cuves que le reste de l’équipe de France, et elle revenait de blessure. Elle qui fonde son efficacité sur son endurance et son courage n’avait cette fois que le courage à portée de main. Ce fut suffisant pour passer les pires moments, pour revenir à deux secondes de la fin contre l’Ukrainienne, pour entraîner l’Allemande Kuelbs au sol alors qu’elle semblait impuissante face à ce « cube » de poids et de puissance. Merci donc à Andeol de montrer une nouvelle fois qu’on peut non seulement se battre quand on n’a pas tous ses moyens, mais aussi gagner. Une leçon à retenir…
Et un et deux et trois…
Merci aussi à Emilie Andeol de ramener l’équipe de France à un bilan final moins modeste qu’on le craignait, une médaille d’or, deux d’argent, trois de bronze, une cinquième place générale au bilan des nations qui est l’avant-dernier plus mauvais résultat de la décennie pour la France (après 2010, une d’or, trois de bronze). Grave ou pas ? L’encadrement français l’a dit et répété, cet événement n’avait pas été préparé… La curiosité étant sans doute de savoir où allait se situer nos combattants dans cette gageure. On a vu. Les combattants étrangers ne furent pas tous tranchants non plus. Le grand albatros tchèque Lukas Krpalek abandonne son titre au Néerlandais Grol, enfin en or pour la première fois depuis 2008, le dieu européen Ilias Iliadis était lui aussi poussif, mais dans ces conditions, c’est tout de même le retrait français qui est le plus spectaculaire et qui méritera peut-être quelques interrogations et remise en question. Un retrait dont profite, par effet de vase communicant, toutes les autres nations fortes. L’Allemagne notamment qui enregiste une moisson record de neuf médailles.
Les Pays-Bas commencent à faire peur
Mais ce n’est pas l’Allemagne qui emporte le rush final des meilleurs nations. L’essentiel s’est joué sur un gros combat en finale des -90 kg, où le Russe Denisov, en battant le Géorgien Lipartelliani, assure la troisième médaille d’or de son pays et repousse la puissance géorgienne, qui montera tout de même à deux médailles d’or avec Tchrikrishvili en -81 kg hier, mais aussi aujourd’hui avec Okroashvili, tout heureux de prendre son premier titre en poids lourd, en l’absence de Teddy Riner. Ce n’est pourtant pas la Géorgie qui termine dans le sillage de la Russie (sinon chez les garçons : cinq titres sur sept à elle deux), mais une grosse équipe des Pays-Bas qui en termine magnifiquement avec deux titres aujourd’hui pour compléter celui de Kim Polling la veille, Henke Grol en -100 kg (où les Russes n’avaient aucun représentant), et Marinhde Verkerk en -78 kg.
Un groupe qui monte en puissance et se pose en rival stable au niveau européen.
Le défi des nations européennes
La France est derrière à Bakou, avec six médailles tout de même, ce qui n’est pas une performance si modeste, sans Teddy Riner, ni Amandine Buchard. Il lui reste désormais à prouver, c’est le « deal » implicite de cette impréparation assumée, que ce creux prépare une belle vague à Astana en août, à surfer jusqu’à Rio. La Russie, qui fait son meilleur résultat depuis 2012, l’année de son triomphe olympique, les Pays-Bas, la Géorgie, l’Allemagne, mais aussi des nations dans le sillage, comme Israël, avec son premier titre depuis le dernier d’Ariel Zeevi en 2012, celui du puissant Sagi Muki en -73 kg (et Or Sasson s’incline en finale en +100 kg), ou comme la Belgique de Van Snick et Toma Nikiforov, ont lancé leur défi. Il faudra compter les points à la fin des championnats du monde. C’est bientôt.