Léonie Minkada-Caquineau (à gauche) est vice championne d’Europe.
Crédit photo : Gabi Juan/UEJ

L’une était attendue, l’autre sans doute un peu moins. Championne d’Europe en titre, Léonie Minkada-Caquineau (Dojos de l’Agglomération du Niortais 79) ramène une nouvelle médaille continentale cet après-midi de Sofia. De l’argent, en +70kg.
Gaya Sonntag (Olympic Judo Nice) crée, lui, la — très bonne — surprise du jour, puisqu’il s’adjuge le bronze en -90kg (voir plus bas). Avec ces deux nouveaux podiums, la France termine à cinq médailles (deux d’argent, trois de bronze, mais, et c’est beaucoup plus gênant, à la onzième place au classement des nations. Un classement dominé par la Russie, qui reprend instantanément son leadership, elle dont la dernière participation à cette épreuve remonte à 2021.
Retour sur cette ultime journée des championnats d’Europe cadets.

Il y avait de quoi être optimiste ce samedi pour le clan français. En effet, ce dernier possédait encore dans sa manche de belles cartes à jouer en -70kg, +70kg et +90kg, les titulaires de ces trois catégories ayant cartonné dans ces catégories sur le circuit européen tout au long de la saison. Ce soir le bilan est, pour le moins, mitigé. Chez les féminines, seule Léonie Minkada-Caquineau goûte à nouveau à la joie d’un podium continental. L’autre Tricolore de cette catégorie doublée, Emma Feuillet-Nguimgo (JC Villiers-le-Bel), termine non classée. En quart de finale, celle-ci est battue par l’Estonienne Emma-Melis Aktats après un golden score indécis. Un combat que la vice-championne de France pensait — légitimement — avoir gagné après une action en contre, grâce à un uki-waza très inspiré. Mais les superviseurs de l’UEJ estimaient que Feuillet-Nguimgo avait pris appui sur le dos pour lancer son mouvement. Une interprétation qui ne convainquait en rien puisque les images montraient le contraire, le dos de la Tricolore ne touchant qu’à la fin de l’action, alors qu’Aktas était déjà tombée. Une réclamation a posteriori sera d’ailleurs déposée par le staff tricolore. Une action en sen no sen aisée à lire pour qui connaît notre discipline, mais qui, dans la confusion totale dans laquelle se trouve l’arbitrage actuel, a donné lieu à débat sur son interprétation. Navrant.
Championne de France en titre, victorieuse en Croatie et Azerbaïdjan cette saison, Léonie Minkada-Caquineau, ancienne du pôle espoirs de Poitiers, traversait son tableau jusqu’à placer son koshi-jime justement à Aktas, en demi-finale, pour s’offrir une seconde finale de rang. Une revanche puisque Minkada-Caquineau avait perdu en finale en Espagne contre cette Estonienne. Elle retrouvait la Polonaise Zuzanna Banaszewska, en bronze aux Mondes 2023, en finale. Une combattante gauchère, très intéressante, grande (1m80). Malheureusement, la Tricolore ne trouva jamais la solution : après un premier waza-ari extrêmement léger sur un contre – la pointe d’épaule de la Tricolore touchant le sol —, la Polonaise pliait le game sur un o-soto-otoshi de belle facture. Zuzanna Banaszewska ? Comme certains Russes avant elle, elle fait partie de ces jeunes pépites européennes à suivre en vue de Los Angeles 2028 et Brisbane 2032.
En -70kg, Nina Muteba (GS Senlis Judo) finit sa journée, comme Feuillet-Nguimgo, à la septième place. Championne de France en titre, victorieuse de quatre coupes européennes (Espagne, Italie, Croatie et Allemagne) depuis début février (!), la Française se faisait surprendre en quart de finale par un ura-nage d’une Bulgare qu’elle dominait jusque là de manière très autoritaire. Frustrant.

Gaya Sonntag, médaillé de bronze en -90kg.
Crédit photo : Gabi Juan/UEJ

Chez les masculins, les deux +90kg ne trouvaient pas non plus le chemin du podium alors que leurs saisons donnaient de multiples raisons d’être optimiste. Ce samedi, Kevin Nzuzi Diavisi (AJS 77) et Jean-Pascal da Costa Bi Goly (JC Chilly-Mazarin Morangis) sont tous deux battus en tableau par le Biélorusse Yauheni Morau — finalement troisième ce soir —. Les deux Français se retrouvaient en repêchages. Opposés en finale des championnats de France et à Porec pour la coupe d’Europe de Croatie — victoire à chaque fois de Nzuzi Diavisi, c’est Bi Goly qui battait cette fois-ci Nzuzi Diasivi, sanctionné d’un hansokumake direct. Le premier s’inclinera le combat suivant, face à un Ukrainien. Ces espoirs de médailles envolés, c’est finalement Gaya Sonntag, pur produit de l’Olympic Judo Nice, qui allait ramener l’unique médaille masculine de cet événement bulgare. Remplaçant au dernier moment Minas Andzian (JC Grand-Quevilly), empêché de rentrer en Bulgarie pour des raisons administratives, le Niçois, sans complexe, traça sa route jusqu’en demi-finale avec des attaques variées, fortes et sincères. S’il perd contre l’Ukrainien Dmytro Lebid — futur champion d’Europe — en demi-finale, Sonntag découpe pour le bronze le Néerlandais Sieb Griede en deux séquences : makikomi puis o-soto-otoshi. Propre et net. Une médaille qui permet à l’équipe masculine de ne pas revenir bredouille de Sofia. Ironie du sort, cet unique podium est dû à un judoka qui, il y a encore une semaine, était remplaçant.

Une édition 2024 des championnats d’Europe qui restera donc comme fâcheuse pour l’équipe de France, reléguée à la onzième place au classement des médailles — son plus mauvais classement depuis 2017 —, devancée par des pays comme l’Estonie, la Slovaquie ou la Serbie. Une édition 2024 sans titre continental, une première depuis 2017. Une médaille de bronze masculine ? C’est identique à 2017, mieux qu’en 2015 et 2018 (aucune médaille), mais moins bien que depuis 2019 (en 2021, il y avait eu une seule médaille, mais elle était d’argent avec Jason Okoye).
Chez les féminines, voilà la première édition depuis 2017 sans titre européen. Une statistique qu’on croyait presque disparue puisque si cette dernière a la vie dure au début des années 2010 (entre 2010 et 2012 précisément), elle n’apparait a posteriori qu’en 2015 et 2017. Le chiffre de quatre médailles se situe, lui, dans la fourchette haute de la décennie précédente (la moyenne tourne autour de trois), mais en deçà des deux dernières éditions : six médailles en 2022 (deux titres, deux médailles d’argent, deux de bronze), idem en 2023 (deux titres, une médaille d’argent, trois de bronze).
Une édition à analyser plus finement, mais dont on perçoit, à chaud, qu’elle a été la plus « forte » depuis de nombreuses années : bien sûr et avant tout parce que le meilleur pays européen de cette tranche d’âge sur les vingt dernières années est revenu aux affaires, absent qu’il était depuis 2021. Ensuite, parce que si la France peut toujours compter sur un groupe féminin solide — il faut encore féliciter les quatre médaillées que sont Mathilde Aurel, Clarisse Carillon, Manon Agati-Alouache et Léonie Minkada-Caquineau —, le niveau continental féminin tend à fortement se densifier et que hormis en particulier 2019 (deux titres masculins avec les deux ACBB Boys) et dans une moindre mesure 2022 (une année triomphale), le bon classement de l’équipe de France cadets a tenu ses dix-quinze dernières années essentiellement sur le sacre des féminines tricolores. La France est, avec la Russie, le seul pays pouvant se targuer d’être un système dit « de masse ». Comment expliquer que notre structuration, enviée à juste titre dans le monde entier, ne puisse pas produire plus de médaillés et/ou de champions continentaux cadets et, comme le fait, la Russie, à chaque édition ?

Un questionnement que la Russie n’a pas eu à se poser. Première nation entre 2005 et 2019 puis jusqu’en 2021, l’équipe russe reprend immédiatement son leadership, elle qui n’a disputé qu’elle seule coupe d’Europe cadets depuis début 2022. Pour cette édition 2024, elle termine à quatre titres, quatre médailles d’argent et trois de bronze. Première nation avec un total de onze médailles, la Russie réalise ici à Sofia son meilleur résultat chez les féminines avec un titre, trois médailles d’argent et deux de bronze. Une montée en puissance des féminines qu’il faudra surveiller dans les années à venir. Car si les féminines se mettent au niveau des masculins…
En seconde position, la Pologne réalise une superbe compétition avec quatre médailles, dont trois médailles féminines avec les titres en -63kg et +70kg et l’argent en -48kg. La Serbie termine à une prodigieuse troisième place avec deux titres en -70kg et -73kg et deux médailles de bronze en -44kg et -66kg. Déception pour l’Azerbaïdjan, première nation en 2023 qui ne finit qu’à la septième place ce soir avec un unique titre, en -50kg. Demain l’épreuve par équipes.

Classement par pays :
1) Russie : 4 or, 4 argent, 3 bronze
2) Pologne : 2 or, 2 argent, 0 bronze
3) Serbie : 2 or, 0 argent, 2 bronze
4) Allemagne : 2 or, 0 argent, 1 bronze
5) Ukraine : 1 or, 3 argent, 3 bronze