Déjà la quatrième journée de festivités à la Villette où a élu domicile le Club France, cœur battant de ces Jeux olympiques de Paris 2024 pour les supporters français, mais pas seulement. Alors que le thermomètre affiche près de trente-cinq degrés au pic de chaleur de la journée, le lieu emblématique décoré de bannières olympiques et de panneaux lumineux affiche complet. Et des visiteurs du monde entier y convergent pour vibrer au rythme des exploits sportifs et de la camaraderie franco-internationale.
Pas un nuage à l’horizon en ce mercredi 30 juillet, laissant place à un ciel bleu éclatant, assorti aux supporters majoritairement parés de la tête aux pieds des couleurs de la France. Les drapeaux tricolores flottent fièrement au vent, les stands colorés attirent l’œil et donnent envie de s’y approcher, surtout lorsqu’ils proposent des rafraîchissements. Chaque recoin du Club France est animé par des bénévoles qui distribuent des bouteilles d’eau et guident ceux qui en ont besoin. Et la chaleur écrasante ne semble pas leur avoir enlevé le sourire. Celui d’Akim, tout juste dix-huit ans, est l’un des plus communicatifs. « De nombreuses personnes m’ont remercié pour ma bonne humeur. Je leur ai répondu que j’étais réellement tellement heureux d’être là que je ne pouvais pas m’empêcher de sourire en permanence ! ». Fraîchement diplômé du baccalauréat, le jeune homme, qui entamera des études de sciences et techniques des activités physiques et sportives à la rentrée prochaine, s’épanouit pleinement dans son rôle de bénévole. « Je suis un passionné de sport. Donc pouvoir vivre ces Jeux tous les jours au Club France, même si c’est un travail et que c’est parfois dur, c’est une chance incroyable dont j’essaie de profiter à fond. Je m’intéresse à toutes les disciplines, et je me découvre des intérêts pour certaines, comme le judo, que je connaissais mal. J’ai pu assister à la célébration de la médaille de bronze d’Amandine Buchard, et c’était magique. »
Mélaine Cochonneau / L’Esprit du Judo
La musique entraînante qui sort des nombreuses enceintes accompagne les allées et venues des visiteurs. Certains mangent une glace à l’ombre, d’autres profitent des dizaines d’activités proposées par le Club France. Il y en a pour toutes les envies, tous les âges, tous les niveaux. Au stand de curling, Maria Luiza et ses amis s’amusent, loin d’être affaiblis par la température élevée. Étudiants brésiliens en échange universitaire à partir de septembre prochain, ils ont choisi d’arriver plus tôt en France pour vivre ces Jeux de Paris. « Nous avions entendu beaucoup de choses quant à l’organisation, aux transports, donc nous appréhendions un petit peu. Mais, finalement, même si ce n’est pas parfait, nous vivons une expérience géniale. C’est impressionnant de voir à quel point le public français est passionné. Nous pensions être les rois de la fête, mais vous nous talonnez de très près ! », avouait la jeune femme de vingt-trois ans, symbole d’une recrudescence de l’intérêt des jeunes pour les Jeux olympiques. Nous retrouvons plus tard le groupe d’amis devant les écrans géants. Les drapeaux brésiliens sont en berne face à la défaite de leur compatriote Ketleyn Quadros, vaincue par Clarisse Agbegnenou en huitième de finale des -63kg. « Sans rancune », lancent-ils avec le sourire.
Mélaine Cochonneau / L’Esprit du Judo
Plus la journée avance, plus les allées de la grande halle sont difficiles à traverser tant les visiteurs s’y agglutinent pour s’abriter du soleil. Ceux qui s’étaient installés devant les écrans pour assister à la demi-finale de l’épée par équipes ne bougent pas après la victoire des Françaises, puisqu’une autre tricolore apparaît sur l’écran. La championne olympique en titre Clarisse Agbegnenou fait son entrée sur le tatami. La ferveur monte, tout le monde y croit. Il sera peut-être temps, à l’issue de cette journée, de célébrer la première médaille d’or d’un judoka français lors de ces Jeux de Paris. Chacun devient entraîneur, et crie des consignes à la française. « Vas-y ! Continue ! Elle va craquer ! », crie Lou, dix ans, qui ne comprend peut-être pas toutes les règles, mais qui a presque autant envie de cette victoire que Clarisse à l’Arena Champ-de-Mars. La Slovène Andreja Leski défie finalement les statistiques, et l’emporte.
Mélaine Cochonneau / L’Esprit du Judo
Une vive déception remplacée quelques dizaines de minutes plus tard par une émotion générale après la victoire de la Française pour la médaille de bronze, sa fille Athéna dans les bras, un drapeau tricolore en main, et des larmes dans les yeux. Ces larmes, elles sont aussi visibles dans les yeux de certains spectateurs, qui se sentent presque coupables de lui en avoir voulu pour sa défaite en demi-finale. Pas de médaille d’or à fêter donc, mais des moments forts et une belle troisième place, qui donne au Club France une bonne raison de faire la fête jusqu’aux premières heures du lendemain. Ici, c’est tous les jours la fête.