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Comme nous l’écrivons depuis le début de ce Grand Prix d’Autriche, prime est donnée à la jeunesse : japonaise, brésilienne, hongroise, slovène. Ce dimanche, ce fut au tour de la France de mettre au premier plan sa jeunesse triomphante avec Celia Cancan et Grace Mienandi-Lahou, dans une catégorie des +78kg où la France dispose d’une densité de talents incomparable.
Comme plusieurs finalistes vendredi et samedi, ces deux combattantes sont encore junior — deuxième année pour Cancan, troisième année pour Mienandi-Lahou —, ce qui ne les pas empêchées de déblayer le chemin qui les mena vers le combat pour l’or.
Deux judokas insérées dans une trajectoire de très haute performance : la Varoise Cancan est championne d’Europe et vice-championne du monde juniors 2024 et double médaillée mondiale cadette. La Francilienne Mienandi-Lahou est championne d’Europe et du monde cadette 2022, absente presque deux ans à cause de blessures, revient comme un météore dans le jeu, avec une victoire à l’Open de Varsovie il y a peu.
Ce dimanche, Cancan se montre la plus forte, battant son aînée aux pénalités en finale. Auparavant, elle avait sorti la tête de série n° 2, la Serbe Milica Zabic, sur un o-uchi-gari avec changement de direction, et la jeune Japonaise Miki Mukunoki, 21 ans, vice-championne du monde juniors 2023, sur deux yuko marqués sur o-uchi-gari.
Une finale tricolore qui met du baume au cœur, puisque, jusque là, aucune des jeunes féminines du groupe n’avait été classée.
Avant les championnats de France juniors le dernier week-end de mars auquel devraient participer Cancan et Mienandi-Lahou, on se dit que les +78kg seront, sauf imprévu, l’une des catégories doublées pour les championnats internationaux de cette catégorie d’âge.
Un dimanche où il faut noter la septième place de Tieman Diaby (AJA Paris XX) en +100kg, seul classé Tricolore masculin sur cet événement.
L’autre fait marquant de ce dimanche c’est la démonstration géorgienne chez les masculins, avec une finale entre hommes du pays à la Croix de Saint-Georges en -90kg et la victoire de Guram Tushishvili en +100kg. En -90kg, Giorgi Jabniashvili, 21 ans, déjà titulaire aux championnats d’Europe et du monde 2024, remportent l’or sans combattre, Tato Grigalashvili ne se présentant pas.
Grigalashvili, technicien magnifique qui aura encore régalé dans sa nouvelle catégorie : son sode-tsuri-komi-goshi en quart de finale est une pure merveille alors que son ko-soto-gake en demi-finale se montre très inspiré.
Jabniashvili se montre lui aussi magnifique, comme sur son morote-seoi-nage à la volée en huitième de finale contre son adversaire ukrainien. Il y a un talent fou chez les -90kg géorgiens entre le monstre double champion olympique Lasha Bekauri, Luka Maisuradze, Tato Grigalashvili, désormais monté de catégorie, et ce Girorgi Jabniashvili.
En + 100kg, celui qui fut suspendu après son pétage de plombs aux JO contre Teddy Riner livre une copie très propre, y compris en finale où il place un uchi-mata à Lukas Kraplek, dans une finale de vieux briscards, pour un yuko décisif. Pas d’effusion de joie intempestive chez le vice-champion du monde 2024. De la fatigue et de l’introversion. En demi-finale sa victoire expéditive en huit secondes sur un magnifique o-soto-gari aurait pu provoquer une montée d’adrénaline. Il n’en fut rien. Le Géorgien fut tout en self-control.
Dans les deux dernières catégories du jour, c’est la jeune Ukrainienne Yuliia Kurchenko, 21 ans, tête de série n° 1, qui s’impose en -78kg. En finale, elle plaque au sol la Britannique Emma Reid. Sans doute débarrassée de la concurrence de Yelyzaveta Lytvynenko dans cette catégorie — qui a de plus en plus de mal à faire le poids —, Kurchenko, cinquième à Bakou, sera une fille qui compte dans cette catégorie — assez démentielle — des -78kg.
En +100kg, c’est l’inusable Cubain Ivan Silva Morales, troisième à Paris pour sa première dans sa nouvelle catégorie de poids, qui va chercher l’or. Il s’impose trois fois sur cinq aux pénalités et se fait marquer une seule fois dans la journée : au premier tour, contre le Français Marc-François NGayap. Pas de cador dans la besace du Cubain, mais la prise de marques dans sa nouvelle catégorie est fulgurante.
Quel bilan tirer de ce Grand Prix ? Que le spectacle et la qualité du judo proposés et la proposition faite à très haut niveau par de jeunes pousses firent de cet événement autrichien une compétition pertinente et intéressante à suivre !
Avec sa dernière journée de feu, le Japon garde la tête grâce à ses surdoués légers : Yamato Fukuda en -60kg et Iroha Oil en -52kg. Ajoutons à cela quatre médailles d’argent et six de bronze pour une prestation collective vertigineuse quand on sait qu’une partie de l’équipe nipponne est encore junior. La Géorgie prend la deuxième place au poteau grâce à ses masculins (deux titres et une médaille d’argent), devant l’Italie et son incroyable doublé made in Napoli avec les frères Esposito.
La France, elle, est cinquième — derrière la Slovénie — grâce à sa finale 100 % tricolore du jour. Après Tashkent et ses deux médailles de bronze, notre pays semble chercher encore la bonne carburation dans sa volonté de brassage collectif — une stratégie adoptée par tous les pays majeurs —.