Le -60 kg de Sucy est le seul à ramener l’or de l’Open de Bulgarie

Une victoire importante pour Adrien Raymond, le troisième homme en -60 kg / Officiel EJU

L’Open de Bulgarie de ce week-end était le premier tournoi européen important de l’année (après les rendez-vous traditionnels de Visé et Arlon en Belgique), et il marquait une nette montée en puissance de la densité de l’opposition par rapport à l’Open africain de Tunisie d’où les Français avaient ramené quelques belles médailles en janvier. 
C’est malheureusement sans doute la raison pour laquelle une bonne part de notre élite nationale, emmenée à Sofia par les clubs dans lesquelles ils sont licenciés, s’est cassée les dents sur cette opposition. Les Français étaient en effet assez nombreux sur ce tournoi de Sofia, pour cause d’absence de tournoi de Paris cet hiver. Le bilan est vite fait, malgré la présence chez les masculins de huit médaillés du dernier championnat de France (les autres n’étant pas loin), dont trois champions de France où anciens champions de France (Dimitri Dragin en -66 kg, Guillaume Chaine en -73 kg et Maxime Clément en -100 kg), seul le -60 kg de Sucy Judo Adrien Raymond (dit « hobbit » pour ses amis) a ramené une médaille, et la plus belle : en or.
Ce n’est pas bon pour l’ancien titulaire des Jeux olympiques, le médaillé européen Dimitri Dragin, battu par un Egyptien anonyme et qui semble s’éloigner rapidement d’un hypothétique retour au premier plan pour rivaliser avec Larose et Korval. Ce n’est pas très bon signe non plus, d’une façon générale, pour la confiance qu’on peut avoir dans la valeur de notre championnat de France, manifestement de moins en moins significatif par rapport à l’opposition internationale. Sylvain Goulet (-60 kg, non classé au niveau international) perd sur Tobias Englmaier (GER, 43e), Hugo Fonghetti (-66 kg, 181e) sur Baruc Shmailov (ISR, non classé), Dimitri Dragin (-66 kg, 45e) sur Aly Abdelmouati (EGY, non classé), Julien Ottaviani (-66 kg, 96e) sur Yerrassil Sakenuly (KAZ, non classé, mais vainqueur du tournoi tout de même), Alexandre Mariac (-66 kg, non classé) sur Hagyo Gabor (HUN, 108e), Jordan Amoros (-73 kg, 198e) sur Nick Hassmann (AUT, non classé), Guillaume Chaine (-73 kg, 90e) sur Sami Chouchi (BEL, 82e) et Phridon Gigani (GEO, non classé), Quentin Joubert (-81 kg, 208e) sur Vitaly Dudchyk (UKR, 46e), Julian Kermarrec (-81 kg, 98e) sur Neal Van de Kamer (NED, 55e), Mehdi Tobrouki (-81 kg, 229e) sur Cristian Bodirlau (ROM, 74e), Massamba M’Baye (-100 kg, 185e) sur Georgo Fogasy (HUN, 49e), Maxime Clément (-100 kg, 59e) sur Miklos Cirjenics (HUN, 33e). Une litanie qui révèle assez que nos meilleurs français « hors équipe de France » sont bien loin de jouer dans la cour des cinquante premiers mondiaux dans leur catégorie. Il faut noter aussi que peu de ces noms n’entrent dans les sept premiers du podium. Guillaume Chaine, cinquième, fait la meilleure prestation de ce groupe avec quatre victoires sur des combattants mon bien classés que lui (sauf le Ghanéen Nartey, 43e mais au classement flatteur par rapport à son niveau réel). Julian Kermarrec se montre encore une fois le plus actif des -81 kg avec deux belles victoires.

Adrien Raymond, la bagarre pour les points

C’est donc une très belle victoire pour le -60 kg Adrien Raymond, toujours en bataille pour exister à l’international dans cette catégorie où deux hommes sont devant lui sans être vraiment installés, Sofiane Milous et Vincent Limare. Déjà 41e mondial, soit le meilleur classement, désormais, de tous les masculins français engagés sur ce tournoi, il va prendre encore quelques places importantes. Deux ippons contre des garçons mal classés avant deux belles victoires sur le Biéloruse Arif Bagirof, 50e mondial,par deux yuko, et sur un combattant bulgare chez lui Yanislav Gerchev, 36e mondial, par waza-ari. Une finale en forme d’apothéose : un splendide et rapide ippon en reprise de garde sur harai-goshi / uchi-mata face au Géorgien Chkhvimiani, 50e mondial. Les points à la ranking et le statut d’outsider crédible, il faut aller les chercher. Adrien Raymond, vainqueur de l’Open de Casablanca et 3e du grand Prix de Turquie en 2014, fait ce qu’il faut d’entrée. 

Gneto toujours pas d’or

Une belle brochette de Françaises étaient présentes aussi, avec, des enjeux d’un autre niveau. Il y avait bataille en effet en -52 kg avec Pénélope Bonna, ancienne championne d’Europe, Lucile Duport, sélectionnée en 2013 pour les championnats du monde par équipes, et surtout Priscilla Gneto, médaillée olympique en recherche depuis, comme les deux autres, de son meilleur niveau. Lucille Duport a subi quelques grosses contre performances sur ces dernières sorties, Bonna reste sur des résultats de référence qui datent de l’hiver dernier, quant à Priscilla Gneto, championne de France 2014, elle cherche une victoire internationale depuis le Grand Prix d’Azerbaijan en 2011. Duport par la Portugaise Santos et Bonna par la future finaliste Japonaise Kuroki, sont battues rapidement. Priscilla Gneto fait mieux en se hissant sur le podium à coups de grands o-soto-gari en reprise, mais doit céder devant la Japonaise Mako Uchio, 3e des championnats du monde juniors 2014 (comme Astride Gneto, présente sur ce tournoi, laquelle perd elle aussi contre Uchio au premier tour). Une performance correcte pour Priscilla, qui n’hypothèque pas l’avenir, mais pas tout à fait du niveau international requis pour le présent, et qui devrait permettre à Annabelle Euranie d’être titulaire sur les championnats d’Europe.

Pinot revient

Avec les filles de Peugeot-Mulhouse, très discrètes, Melodie Vaugarny (-48 kg), Lucile Duport (-52 kg) et Cindy Huber (-57 kg), les autres combattantes françaises étaient pour la plupart les « jeunes en devenir », les filles qui ont toutes des prétentions crédibles pour les deux ans qui viennent que sont les Levaloisiennes Astride Gneto (-52 kg), Linsay Tsang Sam Moi (-63 kg), Margaux Pinot (-70 kg), Madeleine Malonga (-78 kg), les Dijonaises de l’Alliance 21, Hélène Receveaux (-57 kg), Maelle Di Cintio (-63 kg), la toute jeune Melissa Heleine (-70 kg) et la combattante de FLAM91, Marie-Eve Gahié (-70 kg). Si Marie-Eve Gahié se faisait prendre tactiquement (et par l’arbitrage) par l’expérimentée Suissesse Robra, ancienne médaillée européenne, si Linsay Tsang Sam Moi se fait surprendre par la Russe Kazenyuk, si Maelle Di Cintio succombe à la puissance de la néo-Anglaise, ex-Israélienne Schlesinger, et la jeune Heleine montre ses limites actuelles, Hélène Receveaux fait son troisième podium en trois mois et Madeleine Malonga sa deuxième finale en quinze jours. Mais, comme les soeurs Gneto, Receveaux et Malonga sont battues par les jeunes Japonaises qui sortent des juniors, la championne du monde -57 kg Momo Tamaoki, Riki Takaya (-78 kg), qui avait raté ses championnats du monde junior et prend une belle revanche avec l’or de Sofia. 
Cinquième du championnat de France pour blessure, Margaux Pinot jouait une part de sa crédibilité sur ce tournoi. Elle fait une compétition remarquable, volontaire et efficace sur ses seoi-nage. Elle est même la seule à battre une Japonaise, Kazuki Osanai, sur un beau seoi-nage. Malheureusement elle se fait dominer d’une pénalité sévère en finale par une autre Japonaise, Chizuru Arai, vice championne du monde 2013, avant de se faire passer les jambes dans les dernières secondes.

Kim Jae-Bum, le retour

Ce tournoi a valorisé la jeune classe japonaise féminine – quatre titres – et mis en valeur chez les garçons, à travers Sam Van T Westende (23 ans, en or en -73 kg), Michael Korrel (20 ans, en or en -100 kg), mais aussi un combattant de 18 ans Frank De Wit (5e en -81 kg), la nouvelle génération néerlandaise. Mais on a pu y retrouver aussi le grand champion coréen Kim Jae-Bum dans ses oeuvres. Moins flamblant qu’à sa meilleure époque, le champion du monde 2010 et 2011, champion olympique 2012, semble néanmoins être en train d’affuter ses crayons, avec une victoire en septembre aux Jeux d’Asie, en novembre au Grand Prix de Corée. Le grand retour en 2016 ? Méfions-nous du Coréen qui dort.