Ancien champion de France et champion d’Europe par équipes, Bruno Douet est le professeur respecté du Judo Club Canet 66, à Canet-en-Roussillon, depuis 2008. À l’heure où le judo traverse des mois difficiles en raison du virus, le JC Canet 66 a réussi sans rentrée. Aucune forfanterie là-dedans, un message d’espoir plutôt.

Comment s’est passée votre rentrée ?
L’année dernière, j’avais 250 adhérents et là j’ai encore des inscriptions à finaliser et des créneaux d’essais. Je pense qu’on arrivera à 300 adhérents à la fin d’année. Le club a toujours été dynamique, même avant la crise sanitaire. Il y a des élèves qui s’étaient démotivés avant la crise et celle-ci les a remotivés, comme une sorte de prise de conscience que, finalement, ce qu’ils faisaient avait du sens et était important ! Après le confinement, le 11 mai, le club a pu reprendre les cours en extérieur, par groupe de dix. J’avais presque 100 % du club qui était présent. J’ai aussi la chance d’avoir une municipalité qui est à fond derrière les associations. Elle m’a mis le terrain de football à disposition mais j’aurais pu avoir un gymnase si le temps n’avait pas été bon. Mais il a fait beau, et on a pu faire des choses fantastiques. Les élèves devaient s’inscrire puisque le groupe était limité à dix, mais je proposais plein de créneaux. Je ramenais tout le matériel nécessaire et j’avais tout prévu pour l’entraînement physique. Pendant un mois, on a fait les entraînements en extérieur et le 11 juin on a pu reprendre dans les dojos. Il y avait toujours ces règles de dix élèves et sans contact, mais je n’avais pas envie de subir, alors j’ai inventé plein de petites choses. Rester mobile, toujours !

Comment vous adaptez votre communication ?
Dès fin mars, j’ai averti les parents en leur disant qu’ils auraient un avoir pour la saison suivante s’ils réinscrivaient leur enfant. Avec un avoir équivalent à deux mois de cours, cela a créé automatiquement des réinscriptions. J’ai des parents qui jouent aussi beaucoup le jeu du club et transmettent l’information. J’ai eu de nouveaux inscrits grâce au bouche-à-oreille. En plus, post-confinement, j’ai été l’un des rares à reprendre l’activité sportive. Tout le monde était surpris ! Je communique beaucoup sur les réseaux sociaux, en axant sur une population plus jeune, sans délaisser la population adulte. Le judo a été précurseur d’une communication moderne, il faut continuer de donner envie. J’ai adapté ma communication avec de nouveaux flyers aussi. J’essaye d’être actif sur la publicité. Quand tu accueilles les gamins, il faut savoir le faire. Parce que, oui, c’est bien d’avoir un beau flyer mais il faut motiver les petits. Si tu arrives à faire faire un cours à quelqu’un mais qu’il repart du club, tu l’as perdu à vie et il faut être conscient de ça. Il faut bien accueillir les enfants mais aussi leurs parents.

Comment le faites-vous ?
Il faut leur faire prendre conscience que leur enfant peut vivre quelque chose de précieux avec le judo. Ma population générale ce sont évidemment les enfants, de trois à quatorze ans. Je ne fais pas de cours pour les vétérans. Ce qui m’intéresse, c’est la formation des gamins. Je n’ai pas eu d’enfant de plus de quatorze ans cette année, même pas un qui est venu essayer. Les enfants de 8-13 ans représentent une dizaine de gamins en tout. Ils sont tous issus du baby judo. Tout est structuré au club pour accueillir tous les enfants. Je m’occupe des babys mais aussi des groupes compétiteurs. Je donne autant chez les tout petits que chez les plus grands.

Qu’est-ce que les enfants doivent trouver de fondamental selon vous ?
Pour faire évoluer et motiver les babys, il faut leur apprendre la discipline par des jeux mais sans que ce soit le bazar. Mon but c’est qu’ils évoluent, je leur fais un cours normal (Il insiste) de judo. On travaille avec les mannequins, on fait des chutes, des randoris… Les parcours sous forme de jeux, nous en faisons, mais c’est dans le but d’apprendre des choses cadrées, de la technique. Dès les premiers cours, mes élèves sont déjà très appliqués à faire le salut. Les parents sont souvent surpris de voir ce sérieux… Et c’est bien ça que le judo doit promouvoir et revendiquer. Dès tout petit, je souhaite leur apprendre à aimer ce qu’ils font, fiers, emballés, le cours n’est pas une garderie. Je trouve ça trop facile de leur mettre des jeux à chaque cours. L’exigence, ça fonctionne, et ce n’est pas incompatible avec l’enthousiasme. Il y a des petits judokas qui m’épatent vraiment ! Faisons-nous, ainsi qu’à eux, confiance.