Une semaine à peine après les championnats de France par équipes seniors de Laval, retour au Dojo de Paris pour l’édition 2023 des catégories jeunes.
Ce samedi, les cadets étaient les premiers en lice, dans une salle surchauffée, à tous points de vue. Trente-sept équipes féminines, quarante-et-une masculines et une bilan dont deux mots en résumeraient la quintessence : logique et continuité.

D’abord parce que les deux équipes victorieuses du jour, l’AJBD 21-25 chez les féminines et Sainte Geneviève Sports Judo pour les masculins, avaient tous deux fini en bronze l’année dernière au Grand Dôme de Villebon. Aujourd’hui l’homogénéité de ces deux groupes – un des facteurs clés de réussite dans l’épreuve par équipe – fut particulièrement consistante.
Mais l’analogie s’arrête là si l’on entre dans les détails puisque si le club bourguignon a pu compter sur ses pièces maîtresses, le club génofévain a dû faire sans trois principaux atouts, aujourd’hui, au Dojo de Paris.
L’AJBD 21-25 qui bat le SO2J Saint Ouen en finale (voir plus bas) avait en Lala Dounia Lahrifi, troisième des championnats de France cadets en -44kg et en Ielena Nicolas, cinquième du championnat national mais titulaire aux prochains championnats d’Europe suite à de très bons et réguliers résultats à l’international, ont joué pleinement leur rôle de leader. C’est d’ailleurs Lahrifi qui apporte le point décisif en final, à trente secondes de la fin, sur un mouvement d’épaule.
Configuration antinomique pour le club du président Pascal Renault puisque ses deux champions de France en titre, Daniel Kotche (-90kg) et Mathéo Akiana Mongo (+90kg) étaient en tenue civile, à encourager les copains. Le premier souffrait d’une blessure à la cheville alors que le second était dans son dernier jour d’arrêt suite à un protocole commotion. Ajoutez à cela la blessure lors de la première rencontre d’Elyas Kpanodou, médaillé de bronze national en -60kg et excellent judoka, et vous aviez alors tous les ingrédients d’une journée qui pouvait tourner court. Il n’en fut rien. La cohésion de ce groupe, la capacité de chacun à donner le meilleur de soi-même, voire de se sublimer même, fut inarrêtable, même par l’armada asniéroise. La preuve ? Noah Boué, en -73kg, bat Désir Zoba Casi, champion de France en titre et incontestable n°1 français de la catégorie, pour apporter le troisième point qui fit chavirer de bonheur le club Rouge & Blanc. Un combat que Boué aura pris par le bon bout dès le départ, pour un garçon qui aura montré toutes ses qualités ce samedi, avec un ko-uchi-gake à gauche au timing parfait pour le premier waza-ari.
Une victoire synonyme de premier titre chez les cadets garçons dans l’histoire du club de l’Essonne. Une première qui réjouissait évidemment Pascal Renault, tout sourire lors de la remise du trophée et qui était passé par toutes les émotions depuis ce matin neuf heures. Un – petit – bémol toutefois puisque beaucoup furent gênés par la démonstration de joie trop démonstrative à la fin du combat décisif. L’impétuosité juvénile couplée à une épreuve collective a tout pour transcender les sentiments et les réactions spontanées. Cela est aisément compréhensible. Reste toutefois à trouver le bon ton. Nous ne sommes pas japonais ? Bien évidemment. Mais nous en restons tout de même des judokas.

Ensuite, parce qu’il faut saluer le remarquable travail de fond effectué par les Arts martiaux d’Asnières de Guillaume Etchegaray et Fabrice Ruimy. Ce samedi, le plus gros clubs français en termes de licences récolte sa quatrième médaille consécutive chez les masculins : argent en 2018, or en 2019, argent en 2022 et argent, donc, en 2023. En 2019, l’équipe féminine avait terminé vice championne de France et en bronze en 2017.
Adrian Mivovan, titulaire lors des prochains championnats d’Europe fin juin, et récent vainqueur de la coupe d’Europe de Pologne, aura su aujourd’hui endosser le rôle de locomotive. Mivovan, dernier d’une longue liste de titulaires lors des championnats internationaux cadets qu’a produit et/ou poli le club des Hauts-de-Seine comme Hans-Jorris Ahibo, Lycia Guebli, Doria Boursas, Antonin Elion Gambou, etc.

Continuité, enfin, avec la médaille d’argent d’un club francilien qui, à l’instar de Chelles Judo, s’institutionnalise chez les jeunes féminines : le S02J Saint-Ouen.
Sous la houlette de Vincent Poulange, ce club aux 417 licenciés sort depuis quelques années de véritables petites pépites, à l’instar d’Alyssia Poulange, championne de France cadette en titre, vice championne de France juniors en mars, et troisième à la coupe d’Europe juniors de Paris – elle n’est battue que par la Japonaise –. Un groupe « fabrication maison » remarquablement formé. Rien de secret, mais du simple, du logique, efficace et maîtrisé. Le niveau en ne-waza de ces jeunes combattantes est brillant pour cette catégorie d’âge, à l’instar de la séquence proposée par Alyssia Poulange lors de la finale des championnats individuels face à Alicia Marques. Ce samedi, Jaelynn Chipan, vice championne de France des -63kg, en a fait aussi étalage. Des athlètes intégrées aux structures fédérales qui ne rechignent pas, quand le calendrier le permet, à des séances techniques le dimanche matin. Ce samedi, elles n’étaient que quatre et ne passent pourtant pas loin de conserver leur titre, après une journée où elles auront tracé leur sillon avec confiance. Un parcours, un groupe et un travail à saluer.