La Couronnaise s’adjuge le titre en -48kg en créant l’exploit
Alors que les « grands » s’ébattaient sur les tatamis russes de Kazan pour la dernière journée des championnats d’Europe individuel, la jeune génération du judo français se retrouvait à l’Artenium de Ceyrat, désormais lieu de pèlerinage annuel pour les meilleurs cadets tricolores.
Une journée longue et dense, à l’organisation rodée, avare de surprises et révélatrice de potentiels qui sortent du lot.
Le fait du jour : finale des -48kg et le titre de Julie Weill
Julie Weill Dit Morey, vainqueur en -48kg. / Crédit photo : Thomas Rouquette
Formée à l’école « Guillaume Avril » de la Couronne-Grand-Angoulême Judo, Julie Weill dit Morey marque incontestablement cette 1ère journée pour sa victoire, en finale des -48kg, contre Shirine Boukli (JC Aramon).
Boukli ou l’épouvantail des micro-machines cadettes françaises. Un palmarès déjà long comme les bras de cette judokate gardoise au judo déjà mûr, aux attaques variées avec des liaisons debout-sol et des mouvements sur l’arrière qui détonent.
Ce fut le combat du jour pour la tension qui s’en dégagea, l’adrénaline qu’il procura de voir ces deux jeunes filles faire un golden score de près de trois minutes après les quatre minutes réglementaires menées tambour battant.
La Couronnaise avait décidé de jouer crânement sa chance face à une adversaire dont l’invincibilité au plan national (sa dernière défaite remonte à la finale du tournoi de Clermont-Ferrand en 2014 !) et la capacité a toujours trouver la solution peuvent complexer. La tactique était claire : aller la chercher loin derrière, l’envahir, bref la prendre à son propre jeu. La Charentaise lançait sumi-gaeshi sur sumi-gaeshi alors que Boukli tentait d’imposer son kumikata classique. Rien n’était marqué mais Weill-dit-Morey avait failli trouver la faille sur un fort o-uchi. Finalement, une pénalité pour sortie de tapis donne la victoire à l’outsider. Une journée que la judokate du Pôle France Bordeaux a su faire sienne, qu’elle est allée chercher avec une hargne et une condition physique impressionnantes. Mais aussi avec un morote salvateur lors de premiers tours mal embarqués. Une victoire en forme d’exploit et la joie immodérée qui va avec.
Et Boukli ? Pas aussi souveraine qu’à Cannes, où la championne de France cadettes et juniors (-44kg) en 2015 avait survolé la compétition, son oncle de professeur estimait, en voyant le côté positif d’un combat où l’arbitrage lui laissera un goût amer dans la bouche, que cette défaite « serait un salutaire rappel à ne pas se relâcher. »
Gare à cette jeune fille à Lyon, dans trois semaines, lors des championnats de France juniors avec une envie d’effacer cet échec comme moteur supplémentaire, alors qu’elle faisait déjà partie des favorites après sa victoire à Aix-en-Provence en décembre. On a déjà hâte d’y être !
Shirine Boukli / Crédit Photo : Thomas Rouquette
Les coups de cœur :
-La victoire tout en contrôle et en maturité de Benjamin Gomes (-60kg, RSC Champigny). Voilà un garçon qui a pris la pleine mesure de sa catégorie et de son leadership. Sûr de son judo, ce gaucher aussi efficace avec kubi-nage qu’avec o-uchi makkikomi, ne s’affole jamais. Une lucidité et une maîtrise qui ne l’ont jamais quitté ce samedi. Le patron des -60kg, c’est lui et lui seul.
Benjamin Gomes / Crédit Photo : Thomas Rouquette
-La prestation de Bilel Yousfi (-66kg, OM Judo), 2ème ce soir. À le regarder combattre, on pouvait parfois avoir l’impression de voir notre néo-champion d’Europe, Walide Khyar : constamment sur l’attaque, agressif, sans calcul. Un « guerrier », à la palette technique plus qu’intéressante : uchi-mata sukashi, tai-otoshi, makkikomi supersonique et des prises d’appui (tsugi-ashi) aussi subtiles que déstabilisatrices.
-Le superbe combat offert par Emma Russaouen (KUMO) et Leane Gonzales (SASM Saint Maixent) en demi-finale des -52kg. Ces jeunes filles se sont rendues coup pour coup, faisant passer leurs coachs et leurs supporters par tous les états. Un affrontement sans calcul, où le recherche du ippon était limpide. Du judo à l’état pur. Et c’était beau.
-Les uchi-mata de Leslie Becerro (-44kg, Bordeaux Aquitaine Judo). On ne sait pas si elle est fan de Kosei Inoue ou de Shohei Ono. Mais son spécial en jette clairement.
Les vainqueurs du jour :
En -40kg, Charlène Quilghini (Metz Judo) devient championne de France sur un superbe juji-gatame.
En -44kg, Justine Gaubert (AJS 77) prend sa revanche face Leslie Becerro sur un très fort ko—uchi makkikomi.
En -52kg, tout se joue aux pénalités mais c’est finalement Lalou Lebrun (Club Frédéric Lebrun, la fille du défunt Fred Lebrun et de l’ancienne internationale Emilie Harnichard) qui sort vainqueur du duel avec Emma Russaouen.
En 46kg, Enzo Cravotta (OM Judo) ne met que 25 secondes à ipponiser Romain Phillipe (UST Hayance).
En -50kg, Ahmed-Yacoub Belkhala (Esperance 1893 Mulhouse) bat, une nouvelle fois après Cannes, Ugo Machefer (A.Amicale Couronnais) sur un yoko-guruma surpuissant, après une attaque en ko-uchi sur laquelle le Charentais avait marqué dès la première attaque.
En -55kg, combat sans éclat et la victoire d’un shido d’Adel Khaldoune (Montpellier Judo) contre Kenny Briard (Nice Judo) dont c’est la seconde finale nationale en deux ans.
En -60kg, Benjamin Gomes fait acte d’autorité en faisant pénaliser Nicolas Biffot (FLAM 91).
En -66kg, Fabien Le Touze rompt les espoirs de Bilel Yousfi sur un mouvement de hanche finissant en uchi-mata d’une vitesse folle.