Comment mieux clore ces championnats de France cadets ? Difficile, tant la finale des +90kg entre Fedi Khazri (OJ Nice) et Matheo Akiana Mongo (Sainte Geneviève Sports Judo) fut souvent brouillonne, mais totalement indécise. Un combat porté par les encouragements inlassables et passionnés des copains/copines. Une ambiance qui nous avait manqué, sevrés que nous fûmes de compétitions pendant près d’un an et demi.

Premiers championnats de France cadets depuis trois ans, quels en sont alors les points à en retenir ?

Les leaders n’ont pas tremblé
Ils sont huit sur neuf chez les masculins ! Huit neuf sur neuf, à faire le doublé Tournoi Bernard Tchoullouyan (qui remplace le Tournoi de France tout en restant la référence de la saison)/championnats de France : Johnny Ozmanian (AS Chelles Judo), Elyas Kpadonou (Sainte Geneviève Sports Judo), Zacharie Dijol (Judo Atlantic Club), Kelvin Ray (AJ Loire), Rassul Khaitaev (Olympic Judo Nice), Thomas Puchly (Montpellier Judo Olympic), Keziah Harvent (La Couronne Grand Angoulême Judo) et Mathéo Akiana Mongo (Sainte Geneviève Sports Judo)
La seule catégorie à jouer l’exception est celle des -66kg où Kylian Noël (Stade Clermontois Judo), deuxième aux test matches 2021 (mais en -60kg) vient mettre tout le monde d’accord. Absent à Marseille pour cause de longue blessure, le Clermontois joua une partition magnifique pour son retour.
À noter que Johnny Ozmanian, Rassul Khaitaev et Keziah Harvent n’ont perdu aucun combat au national dans leurs catégories de poids respectives cette saison. Trois judokas qui ont offert d’ailleurs – mais est-ce finalement le fruit du hasard ? – trois des plus beaux mouvements lors de la finale. Mention spéciale à Khaitaev et Harvent qui ont emporté les spectateurs avec deux uchi-mata stratosphériques.
Non sélectionné à Zagreb car ne rentrant pas dans les critères mis en place par le staff national malgré une démonstration de domination à Marseille, le judoka couronnais, à l’instar de Khaitaev ou Zacharie Dijol, prouva une nouvelle fois ce week-end une mainmise totale sur sa catégorie.
Chez les féminines, elles ne sont « que » cinq à s’imposer à Marseille et Paris : Morgane Annis (Alliance Grésivaudan Judo), Alyssia Poulange (SO2J Saint Ouen), Faustine Wallon (Toulouse Balma Saint Exupéry 31), Doria Boursas (AM Asnières) et Grace Esther Mienandi Lalou (JC Villepinte).
Annis (-44kg), au-dessus avec son uchi-mata très pur est la seule féminine à ne pas avoir perdu un combat de la saison en cadette. Un seul pour Poulange et Wallon, deux pour Boursas qui valident elles aussi ce week-end une nette domination au niveau national.

Un événement qui aura confirmé donc les hiérarchies et graver dans le marbre des leaderships.

Huit masculins, cinq féminines… d’un point de vue strictement comptable. Mais six dans l’esprit si on compte Lila Mazzarino (FLAM 91), deuxième dans la cité phocéenne derrière une judokate italienne en -70kg. Soit une statistique de 76% de vainqueurs et dans le sud de la France et ce week-end. Avec Mazzarino le pourcentage monte à 82%. Alors faut-il gagner le tournoi de France pour être champion de France ? En 2019 (dernière saison complète chez les cadets), le total était de six judokas soit 35%.
Une statistique qui mériterait d’être poussée et affinée (avec les médaillés par exemple) afin de dévoiler – c’est l’un des mérites des statistiques – s’il existe un continuum de performances, une tendance évolutive ou ancrée, cachée ou de plus en plus explicite, entre les deux grands rendez-vous de la saison.

Les -66kg et +70kg ont régalé
Deux catégories se détachèrent quant à la densité proposée. Le samedi la catégorie des -66kg offrit de très belles rencontres, comme celle entre Kylian Noël et le Normand Alexis Renard (vainqueur à Marseille). Une finale avant l’heure entre deux judokas à la belle variété technique, de l’impact, structurés mais sans être enfermés dans un schéma verrouillé.
Si on y ajoute Nathan Cadignan (AM Asnières), Léon Muteba (FLAM 91), Marin Chabon (US Orléans Loiret JJJ) et quelques autres, on obtient la catégorie la plus excitante à suivre chez les masculins.
Chez les féminines, les +70kg ont confirmé tout le potentiel d’une catégorie où la France n’a pas pénurie de talents potentiels pour une dizaine d’années. Ce dimanche Grace Mienandi prend clairement le leadership national de la catégorie après une victoire en finale contre Celia Cancan (Judo 83 Toulon). Un combat aux nombreuses sorties de tapis non sanctionnables mais répétées. La faute à une surface minimale (6×6 soit 36m2) inadéquate. Clairement trop petite, le choix d’augmenter la surface de combat (pour partir sur du 8×8 ?) devrait sans doute être posée. Si des problèmes logistiques sont un argument de poids, le fait d’habituer les combattants tricolores (cadets comme juniors) à la superficie de ce qui les attend à l’international (avec la sévérité des sorties de tapis qu’on observe au niveau de l’arbitrage continental et mondial) en est un autre.

L’AM Asnières en feu dimanche
C’est l’AM Asnières qui décroche la médaille d’or des clubs sur ces championnats. Avec trois finalistes consécutives le dimanche en -57kg, -63kg et -70kg dont deux victoires (pour Boursas et Léa Chaouqui en -57kg) et une médaille d’argent pour Lou Cécile NLembé en -70kg et Cadignan en -66kg, le club de Guillaume Etchegaray et Fabrice Ruimy devancent le Sainte Geneviève Sports Judo de Nolwenn Le Troadec et ses deux titres masculins (-50kg et +90kg). En troisième position, l’Olympic Judo Nice de Mohamed Jammali et Sacha Flament avec un titre (Khaitaev) et deux médailles d’argent (Bastien Pons en -81kg et Khazri en +90kg). Trois podiums masculins le même jour.

Un championnat qui clôt donc la saison nationale individuelle. Place maintenant à la coupe européenne de Strasbourg dans trois semaines.