Du côté français, la bataille la plus excitante, a priori, était du côté des -78kg, avec la double finaliste du championnat du monde 2021 et des Jeux, Madeleine Malonga, face à son aînée de prestige, revenue dans la course avec une cinquième victoire au Grand Chelem de Paris début février, Audrey Tcheumeo. Non seulement le duel formidable n’eut pas lieu, mais la prestation de nos deux leaders fut même modeste par rapport à leurs légitimes prétentions. Audrey Tcheumeo fut tranchante, mais dût s’incliner face à celle qui est objectivement la meilleure européenne du moment – même si Madeleine Malonga est toujours n°1 mondiale – l’Allemande Anna-Maria Wagner. Depuis sa première victoire en Grand Chelem, en février 2021, elle n’a perdu qu’un combat, et c’était en demi-finale des Jeux olympiques face à la Japonaise Shori Hamada. Meilleure Européenne ? Oui objectivement, car si elle est encore classée derrière la Française à la deuxième place de la ranking, c’est Anna-Maria Wagner qui a battu Madeleine Malonga en finale des championnats du monde. Elle bat cette fois Audrey Tcheumeo sur un o-soto-gaeshi tout en puissance, sa cinquième victoire de rang contre la trentenaire triple médaillée mondiale et double médaillée olympique.
On se réjouissait donc d’assister à une revanche de la finale des championnats du monde, qui aurait pu permettre à Madeleine Malonga de reprendre le dessus sur Anna-Maria Wagner. Mais Malonga n’atteignait pas la finale, battue lourdement sur un uchi-mata de corps-à-corps, tout en audace, placé par la Néerlandaise Guusje Steenhuis. Et c’est cette dernière, dominée lors des derniers championnats du monde par la Française, qui reprend la main sur elle ! Un danger toujours présent. Depuis 2014, elle mène leurs débats par quatre victoires à deux.
Pas de cerise sur le gâteau pour la médaille de bronze qui devait opposer Tcheumeo à Malonga, cette dernière, manifestement meurtrie par la projection de la Néerlandaise, ne se présentant pas. Malgré le bronze d’Audrey Tcheumeo, le bilan du jour n’est donc pas vraiment bon dans cette catégorie pour la France. Notre meilleure force de frappe est pour l’instant repassée derrière ses plus fortes opposantes continentales, Wagner et Steenhuis.

Quatre victoires pour Terhec

Chez les hommes, pas de médaille française aujourd’hui, comme c’était déjà le cas lors des deux premiers jours. En -90kg, Alexis Mathieu marquait un waza-ari rapide à l’Italien Parlati, mais ne parvenait pas à résister à la pression qui suivait. En -100kg, Cédric Olivar, trop tôt pour être repêché, rencontrait le formidable Espagnol Nikoloz Sherazadashvili, monté avec succès des -90kg, lequel lui plaçait un seoi-nage bas pour conclure.

Il en restait un, et c’était finalement celui qui allait s’approcher le plus près du podium. Comme Djalo en -81kg, Joseph Terhec gagnait trois combats de suite en +100kg, faisant briller notamment un étincelant sasae contre le Canadien Marc Deschenes. Comme Djalo, il se retrouvait en quart de finale contre un Ouzbek, mais il avait plus de chance que son camarade hier, c’était un nouveau venu de dix-neuf ans qui s’était hissé là, et il le dominait facilement. Arrivée en demi-finale, il se retrouvait face à l’ancien champion du monde géorgien Tushishvili, qui élevait très sensiblement le niveau d’opposition. Avec un avant-arrière parfaitement huilé en moins de vingt secondes, il repoussait Joseph Terhec en petite finale. Il se faisait finalement sortir du podium par le colosse tadjik Temur Rakhimov, vingt-quatre ans, quatre sorties depuis les Jeux pour quatre podiums successifs et une troisième place à la clé. Il y a encore un cap à passer pour être à la hauteur d’une médaille.
Si le Géorgien Luka Maisuradze était arrêté en finale des -90kg par le Cubain Ivan Felipe Silva Morales, en +100kg, son compatriote Guram Tushishvili s’emparait de la deuxième médaille d’or pour son pays au classement des nations, assurant ainsi la première place à la Géorgie devant la France, toujours bien placée grâce à ses féminines, qui se retrouvait en dessous d’une médaille d’argent, deux contre une, et malgré ses quatre médailles de bronze. En -100kg, c’est le Portugais Jorge Fonseca qui ramassait la mise, pour une quatrième victoire en cinq rencontres internationales successives, dont les championnats du monde 2021 (1er) et les Jeux de Tokyo (3e). Non seulement le danseur lusitanien ne perd plus depuis les Jeux, mais il a sans doute encore monté le niveau. Devenu une véritable catapulte avec ses attaques de loin à la fois puissantes et sophistiquées avec la double saisie au revers, il commence littéralement à faire peur à ses adversaires qui se montrent impuissants et timorés avec lui, sans solution, et craignant de se voir administrer la même punition que les autres. Et ça ne rate jamais. Jorge Fonseca s’élève au rang d’épouvantail de la catégorie. Qui va pouvoir l’arrêter ?

La France deuxième nation, c’est grâce à la victoire de Marie-Eve Gahié hier, et en ce dernier jour de l’une de nos excellentes représentantes en +78kg. Léa Fontaine a vingt ans, et depuis sa médaille mondiale juniors en octobre dernier, elle n’a raté qu’un podium sur l’ensemble de ses sorties. C’était à Paris en février, et Julia Tolofua, en forme ascendante elle aussi, l’avait écartée aux pénalités. Cette fois, c’est Léa qui lui rend la pareille avant d’aller étouffer au sol l’Israélienne Raz Hershko. La voici qui flirte avec le top 10 mondial, où l’on trouve déjà Romane Dicko (1re) et Julia Tolofua (6e). Sur ce plan, la France est au top pour les dix prochaines années.