Trois Françaises dans les trois finales du jour, une seule victoire. C’est sans doute ce qu’on peut appeler une déception selon les standards actuels du judo féminin français. Si Amandine Buchard et Sarah-Léonie Cysique ont trouvé à qui parler (voir par ailleurs), Shirine Boukli a été totalement au-dessus, s’offrant ainsi, à vingt-trois ans, son second titre européen, ce qui compense sans doute un peu les ratés – septième au championnat du monde, non classée aux Jeux olympiques – d’une année 2021 qui aurait dû être prodigieuse. Débarrassée depuis l’été des deux épouvantails Krasniqi et Bilodid, toutes les deux en finale du championnat d’Europe -48kg l’année dernière encore, Shirine Boukli frappe les trois coups d’un avénement annoncé pour l’été. 
Les deux défaites un peu inattendues en finale de nos féminines Buchard et Cysique rappellent opportunément que, même dans une domination désormais quasiment sans partage au niveau européen, il faut toujours prouver et être à son meilleur pour repousser les prétentions des outsiders. On note dans le registre la montée en grade de la Britannique Chelsea Giles en -52kg, qui met fin ainsi à dix-sept ans de disette en or pour les Britanniques, et dont la confiance va monter autant que sa capacité de nuisance affichée ce vendredi à Sofia. La suite des événements, demain et après-demain, nous dira à quel niveau se situe réellement notre équipe féminine en ce mois d’avril. D’ores et déjà, on peut dire qu’il est plutôt haut !

Revol, enfin !

Une seule médaille pour nos masculins, mais c’est une bonne nouvelle. Bonne nouvelle pour Cédric Revol, en bronze en -60kg, et qui touche enfin le salaire de sa régularité à un excellent niveau, bonne nouvelle pour cette équipe de France masculine qui travaille à gagner en consistance et peut s’appuyer sur cette médaille comme un signe positif. 
Ce n’est cependant pas la France qui profite de l’absence de la Russie – et d’une évidente méforme de la Géorgie, habituellement très régulière – mais… l’Espagne, deux fois en finale aujourd’hui en -60kg et -66kg, et en bronze chez les féminines en -48kg. 
Que ce soit un effet « à domicile » ou un effet « Alain Schmitt », actif au premier rang des gradins derrière les entraîneurs bulgares dont il a pris la direction, c’est le Bulgare Yanislav Gerchev qui se hissait en finale des -60kg, après un bras de fer de près de quinze minutes en demi-finale, où il allait s’échouer, épuisé, contre le judo usant de l’Espagnol Franscisco Garrigos, déjà vainqueur en 2021, et qui fait un beau doublé continental. Un Espagnol encore en finale en -66kg, Alberto Gaitero Martin, mais il était surpris par un très joli o-uchi-gari à genoux de l’Ukrainien Bogdan Iaidov, dont la motivation, et la réussite finale, faisait plaisir à voir. Il ne vient pas de nulle part : 18e mondial, il est monté sur le podium de ses trois derniers tournois. C’est une fierté ukrainienne, et un bel hommage rendu aussi au « patron » Zantarayia, champion d’Europe pour la dernière fois en 2019 dans cette même catégorie. 
C’est la France qui mène néanmoins les débats grâce à ses trois finales, devant les trois médailles espagnoles et le titre israélien, le premier pour Timna Nelson-Levy, jusque là jamais médaillée à ce niveau. Un bon début tout de même pour notre équipe nationale, cinq fois en or en 2020, mais une seule fois en 2021.