Une compétition pour reconstruire le judo nippon

Ebinuma, le fer de lance de l’équipe de judo du Japon pour cette nouvelle olympiade ? / Emmanuel Charlot

Samedi et dimanche, la fine fleur du judo nippon va se mesurer à Fukuoka. Enjeu de ces championnats du Japon : la qualification pour les championnats du monde. Haruna Asami, Riki Nakaya, Masashi Ebinuma ou les jeunes pépites Anzu Yamamoto, Naohisa Takato et Shohei Ono, ils sont tous là pour ce passage obligé dangereux. Si une nouvelle dynamique doit naître pour le judo japonais, elle débute ce week-end.

Les championnats du Japon s’ouvrent demain à Fukuoka pour un grand raout de deux jours qui doit accoucher de 18 noms : les 18 représentants du Soleil Levant pour les Mondiaux de Rio de Janeiro en août prochain. Ce premier All-Japan depuis les affaires de violences dans l’équipe féminine va tenter de refaire battre le cœur des spectateurs de l’archipel, qui délaissent de plus en plus ce sport. Le format est simple avec 8 combattants par catégorie, sans repêchages. Le meilleur japonais est placé en haut du tableau, des tableaux tirés depuis plusieurs jours déjà. Avec 9 places pour les femmes et autant pour les garçons, autant dire qu’il vaudrait mieux avoir le bon goût de monter sur la plus haute marche du podium pour grimper dans le Tokyo-Rio de Janeiro.

Ils sont plusieurs leaders à jouer leur qualif’ ce week-end. Normalement au-dessus de leurs compatriotes mais dans cette mêlée, l’enfer n’est jamais loin. Masashi Ebinuma (-66kg), Masashi Nishiyama (-90kg), Haruna Asami (-48kg), revenue de l’enfer de la blessure, et Akari Ogata (-78kg), vainqueur du dernier toutes catégories local, n’ont a priori pas grand-chose à craindre de ce rendez-vous. De jeunes desperados nippons viendront également guetter un ticket pour un rendez-vous mondial comme Naohisa Takato (-60kg), Yuki Hashimoto (-52kg), Anzu Yamamoto (-57kg) ou Megumi Tachimoto (+78kg) qui règnent déjà dans leur saloon. Autre jeune mais autre problématique pour Shohei Ono, le tonitruant vainqueur du Grand Chelem de Tokyo en moins de 73 kg. Son affrontement avec le champion du monde  et médaillé olympique Riki Nakaya vaudra le détour. A Tokyo en décembre dernier, Ono avait fait imploser Nakaya sur un o-soto gari déjà légendaire. Mais en finale seulement. Un seul peut-être ira au Brésil. Chez les lourds-légers et lourds masculins, c’est le brouillard le plus épais. Après la retraite d’Anai, personne ne se dégage en moins de 100 kilos. C’est encore pire en +100kg où Daiki Kamikawa et Ryu Shichinohe font preuve d’une grande faiblesse à établir une domination. Derrière ces deux jours d’affrontement ce sera l’heure pour l’encadrement de faire les choix les plus forts. Et tacher de ne pas reproduire le psycho-drame télévisé qui avait suivi les championnats qualificatifs pour les derniers Jeux Olympiques, où les larmes de certains avaient préfiguré des JO médiocres. Depuis, le judo japonais est en hibernation, crucifié par les médias, destabilisé dans son fonctionnement, avec une équipe féminine qui a totalement implosé et une équipe masculine sans grand leader, hormis peut-être le en moins de 66 kg Ebinuma, vainqueur à Dusseldorf.

Sur la base de ce championnat crucial, et avec l’équipe qui va s’en dégager, le Japon peut revenir vite dans la course, car le talent est toujours là.