… avec une équipe complète pour engranger des points ?

La Hongroise Abigel Joo, désormais 3e mondiale devant Lucie Louette, grâce à sa victoire à Bakou / Emmanuel Charlot

L’encadrement du judo français a-t-il pris la mesure de enjeux du Master et n’a t-il pas, notamment sous-estimé l’importance des points du Grand Chelem de Bakou ? Un de nos attentifs lecteurs, Adrien Bittner, abonde dans ce sens et attire notre attention sur un point sous-estimé du nouveau règlement de la ranking-list : le 6e résultat « bonus » qui renforce le problème.

 

« J’ai apprécié votre article sur le grand chelem de Bakou sur votre site, et notamment l’importance qu’il aura en vu du master. Pour aller dans votre sens il y a un élément peu commenté et qui donne encore plus d’importance à cette période de la saison (enchaînement championnats continentaux, Grand Chelem, Master), c’est la modification dans le barème de la ranking list qui, en plus des cinq meilleurs résultats par an habituellement comptabilisé, en comptabilise désormais un 6e résultat « bonus » donné uniquement en cas de points faits au championnat continental ou au Master. Ceux qui ne marquent de point à aucune de ces deux compétitions auront un gros désavantage (surtout vu le nombre de points à prendre au master) par rapport à ceux qui n’auront que 5 résultats comptabilisés. Dans cette optique, je ne comprends pas non plus que les sélectionneurs français ne profitent pas plus de ce tournoi de Bakou pour donner la chance à certains français de rester bien classé à la ranking avant les masters. Vous avez cité Pierre Duprat, je pense également à Ludovic Gobert qui avait réussi à se hisser à la 13ème place je crois, sans bénéficier de l’avantage du nouveau barème dans les tournois (contrairement à un Larose par exemple) vu qu’il réussit cette performance presque uniquement grâce aux « world cup » qui valent toujours le même nombre de point. N’ayant pas été sélectionné ni aux Europe ni à ce Grand Chelem il lui sera vraiment quasiment impossible de bien se replacer au classement mondial vu la valorisation du master et des championnats continentaux. »

 

Quand on regarde dans le détail, le passage a effectivement fait quelques dégâts, plaçant aux avant-postes, comme nous l’avons écrit, les vainqueurs de Bakou, et déclassant par la même occasion les infortunés qui n’y étaient pas. La prime aux combattants azéris, c’est notable, est considérable, avec l’entrée d’Elkhan Mammadov (11e en -100 kg), de Shahin Gahramanov (10e en -90 kg) et de Rustam Orujov (9e en -73 kg) au Master. Chez les filles, l’opération est excellente pour les Allemandes qui se replacent dans les dix meilleures alors que certaines n’étaient pas qualifiées pour le Master, comme Myriam Roper (-57 kg), 21e en avril. Les Turques Sahin (-48 kg) et Kaya (+78 kg) sont désormais cinquième et quatrième de la ranking list. La Hongroise Joo (-78 kg) est passée de la 9e à la 3e place, supplantant Lucie Louette qui a gagné le Grand Chelem de Paris et les championnats d’Europe.

Chez les Français certains y perdent plus gros que quelques places de prestige : Priscilla Gneto (-52 kg) est repoussée à la 16e place mondiale, à deux doigts d’être sortie du tableau du Master. Pierre Duprat, désormais 20e mondial, n’y sera pas selon toutes probabilités… En revanche Alain Schmitt, 17e mondial et donc à la lisière du Master avant de faire le déplacement de Bakou, parvient à une confortable 7e place mondiale, devant le médaillé européen Loic Pietri (13e). Ludovic Gobert (-90 kg), comme le souligne Adrien Bittner, est désormais 21e et a raté une très belle opportunité. Jean-Sébastien Bonvoisin aurait bien dû faire le voyage aussi car il passe à la 17e place mondiale ! Chez les filles, Géraldine Mentouopou, 22e, avait aussi là l’occasion de se hisser dans les seize.