Takato, Ono et Nagase, les patrons du jour

Un sasae sur le champion du monde Nakaya pour un titre national. Shohei Ono est de nouveau dans la course.

Naohisa Takato, Masashi Ebinuma, Shohei Ono, les jeunes capitaines de l’archipel, aux mains déjà pleines d’or, seront de la conquête de Chelyabinsk en août. Ce dimanche, à l’exception d’Ebinuma (3e), ils ont gagné, brillé, et assuré leur sélection sans trop de souci. C’est le grand retour de Shohei Ono que toute la salle de Fukuoka guettait. Chacune des ses préparations d’attaque faisait monter les décibels dans l’attente d’un poster. Il est bien là ! Si les garçons semblent armés pour faire mal, c’est le flou en revanche chez les féminines avec une vague de surprises pour les catégories lourdes. On retiendra le duel Yamabe-Tachimoto en lourdes et l’avènement de Karen Nunira (-70kg). Fukuoka, jour 2, c’est ici, vidéos à l’appui.

Hommes

-60kg : Premier titre national pour Takato

1) Naohisa Takato 2) Hironori Ishikawa 3) Ryo Kawabata et Toru Shishime

Jamais Naohisa Takato n’avait remporté le championnat national senior. C’est chose faite ce dimanche. Le champion du monde des moins de 60 kilos avait la pression en débarquant à Fukuoka. Il ne se voyait pas passer à côté avait-il annoncé dans la presse. Il a réussi son pari à grands coups d’utsuri-goshi, comme lors de sa finale contre Hironori Ishikawa. Un style d’arracheur qui fonctionne, mais qu’il a le courage d’annoncer vouloir changer pour glaner son 2e titre mondial :  « J’ai remporté cette finale avec un judo  qui ressemble au judo des étrangers. Je veux devenir champion du monde avec un judo plus japonais. Aujourd’hui, c’était comme escalader le mont Fuji. Maintenant, je veux grimper l’Everest aux Mondiaux.» 

 

-66kg : Inattendu Takaichi

Kengo Takaichi 2) Yuhei Rokugo 3) Masashi Ebinuma et Masaaki Fukuoka

Kengo Takaichi n’est que le 6e Japonais à la ranking-list avec une 47e place mondiale déjà significative, due notamment à une finale au grand Prix de Corée, perdue devant Rokugo. A 21 ans, le vainqueur de l’European Open d’Autriche a bouleversé les pronostics en s’offrant le plus beau scalp du jour, celui du double champion du monde Masashi Ebinuma, et le titre national.  En demi-finale, il a sorti Ebinuma le magnifique sur utsuri-goshi – décidément le mouvement du jour – avant de vaincre Yuhei Rokugo. Un beau cadeau pour Takaichi le jour de son anniversaire même si l’aventure s’arrête là pour lui. C’est bien Ebinuma que l’on verra à Chelyabinsk à la recherche d’un triplé en or. Mais il est clair que Kengo Takaichi vient d’entrer dans les petits papiers de l’encadrement nippon. On le reverra.

 

-73kg : Ono chapitre 2, premier paragrahe

1) Shohei Ono 2) Riki Nakaya 3) Takenori Nakamura et Hiroyuki Akimoto

« Les vrais champions continuent à gagner. Je comptais sur ce championnat pour repartir de zéro après les affaires. Je suis fier d’avoir réussi. » Shohei Ono a entamé à Fukuoka le chapitre qui le mènera peut-être vers d’autres titres mondiaux et olympiques. Nouvelle coupe pour un nouveau départ ! Dans le chapitre 1, il illuminait les Mondiaux 2013 avant d’être un peu brutalement interrompu par une entrée non désirée dans la rubrique faits divers. Depuis, on était dans l’attente. Allait-on le revoir, ou pas, comme une comète sortie de sa trajectoire ? Le chapitre 2 s’est ouvert ce dimanche par un titre et une démolition en règle en finale de Riki Nakaya le champion du monde 2011, d’abord aux pénalités, jusqu’à un ippon sur sasae. L’histoire a repris son cours. 

 

-81kg : Prise de pouvoir de Nagase

1) Takanori Nagase 2) Keita Nagashima 3) Gouki Maruyama et Takahiro Nakai

A 20 ans, Takanori Nagase a dans les mains sa qualif pour Chelyabinsk où il défiera Pietri, Tchrikishvili, Kim et d’autres fauves sans laisse, dont il est déjà parvenu à mater certains. Le Japonais est sur la brèche et ne baisse pas de ton. Il a fait main basse sur cette catégorie en quelques mois, après avoir gagné Tokyo devant les deux finalistes mondiaux et fait troisième à Paris en perdant d’une petite pénalité devant le vice champion du monde. Victoire à Tokyo, troisième place à Paris et enfin ce titre dans ce All-Japan. Il remonte un waza-ari au premier combat et grâce à un waza-ari sur une action de bras, il domine Keita Nagashima pour l’or. Le Japon tient peut-être le moins de 81 kilos après lequel il courait depuis longtemps.

 

Femmes

-70kg : C’est Nunira qui ira

1) Karen Nunira 2) Rui Takahashi 3) Yoko Ono et Yuko Imai

C’est la reine des compétitions nationales. Coupe du Kodokan, championnat du Japon, championnat universitaire individuel et collectif. Depuis 2 ans, Karen Nunira (qu’on vous présente dans l’EDJ n°49) est la meilleure pour dominer ses compatriotes. Aujourd’hui, elle a confirmé son impact face à ses compatriotes. C’était sa seule cartouche pour espérer voir les Mondiaux. Elle l’a mise dans le mille en écartant de la sélection Chizuru Arai, 1e à Tokyo, et Haruka Tachimoto, la double championne du monde junior 2008 et 2009, qui n’avance plus depuis 2012. En finale, c’est sa coéquipière à IPU (l’université entraînée par Koga), Rui Takahashi, qui est vaincue aux pénalités. Un succès important qui ne doit pas faire oublier que face aux étrangères, Nunira, 22 ans, était jusque là dominée – comme par Fanny Estelle Posvite pour la place de trois aux Universiades de Kazan. Mais Karen Nunira a peut-être changée d’allure. Pour l’instant, elle est invaincue en 2014.

 

-78kg : Sato par défaut

1) Ruika Sato 2) Tomomi Okamura 3) Misaki Hidaka et Mami Umeki

Ruika Sato est revenue d’une blessure au genou pour vaincre sa coéquipière chez Komatsu, Tomomi Okamura, en finale de ce championnat. Un mauvais moment de judo qui s’est joué aux pénalités entre deux filles qui se connaissent à la virgule près. Sato, 22 ans, championne nationale en titre et 7e des championnats du monde de Rio empoche du même coup le billet pour les Mondiaux 2014 où elle aura rude partie face aux engins européens et sud-américains. Fragile en 2013, absente en 2014 pour blessure, la voici de retour. À quel niveau ? 

 

+78kg : Yamabe s’impose, sélection en suspens

1) Kanae Yamabe 2) Megumi Tachimoto 3) Miku Eboshi et Suzuka Ichihashi

Comme chez les moins de 100 kilos et les lourds masculins, il faudra attendre le rendez-vous toutes catégories pour avoir le nom du représentant japonais aux Mondiaux. Ce samedi, Kanae Yamabe a marqué de gros points. Victorieuse à Paris et à Rome, elle sort sa plus grande rivale et la meilleure de l’archipel, Megumi Tachimoto (1ere à Tokyo et Düsseldorf) en finale. La Coupe de l’Impératrice, dans deux semaines, les départagera. Le Japon est vraiment costaud chez les lourdes.