À suivre de près les -48kg, -52kg -60kg et -100kg

Demain samedi 1e avril, marque le début d’un mois d’avril décisif en vue des championnats du monde 2017, pour le judo nippon. Décisif, et excitant avec un Zen Nihon (le 29 avril) qui s’annonce comme l’un des plus exaltants de ces dernières années, notamment parce qu’il marquera le retour à la compétition du champion olympique de Rio, l’ébouriffant Shohei Ono. Ce samedi donc et comme de coutume, les championnats du Japon ouvrent la période durant laquelle se décidera la sélection qui partira à Budapest fin août-début septembre. Un événément dont il n’est pas superflu de rappeler son format et les règles qui le régissent : les huit meilleurs combattants de chaque catégorie, deux têtes de série (n°1 et n°5), pas de repêchage, une participation obligatoire pour espérer être sélectionné aux championnats du monde mais une prise en compte moindre que par le passé quant à son résultat final dans les critères de sélection internationale. Depuis l’olympiade précédente et la faillite de l’équipe en 2012, les résultats aux championnats du monde ou durant les grands événements du circuit mondial sont en effet prioritaires.

Les catégories à peu d’enjeu

Partant de cela, certaines catégories ne présenteront pas ou peu d’enjeu ce week-end à Fukuoka : avec leur double victoire à Tokyo et Paris, Hifumi Abe, en -66kg, Soichi Hashimoto en -73kg sont assurés d’être du voyage en Hongrie avec, en plus, l’habit de favori, d’autant qu’ils n’auront pas la concurrence d’Ono pour Hashimoto, ni d’Ebinuma pour Abe. Reverrons-nous dans le futur le triple champion du monde de 27 ans sur un tapis de compétition ? Pour cette année en tout cas, il est éclipsé par l’explosion Abe. Autres vainqueurs des Grands Chelems japonais et français, Takeshi Ojitani en +100kg et Sarah Asahina en +78kg. Deux victoires qui leur donnent une belle marge d’avance vis-à-vis de la concurrence. Mais la tradition veut que chez les catégories lourdes japonaises, la sélection soit officialisée après la Coupe de l’Impératrice (Kogo Hai en japonais, le 16 avril) pour les féminines et le Zen Nihon pour les masculins. Il faudra donc attendre ces deux événements qui seront sans doute décisifs car, à regarder de près, les victoires d’Asahina et Ojitani n’ont été obtenues qu’aux pénalités, et face à des compatriotes : Akira Sone à Tokyo et Kanae Yamabe à Paris pour l’étudiante de Tokai, Kokoro Kageura et Ryu Shichinohe à Paris pour l’ancien capitaine de Tokai. Les jeux restent donc ouverts malgré tout. Autres catégories où les jeu pourraient déjà être faits : les -57kg avec Tsukasa Yoshida et sa merveille d’uchi-mata à gauche. Victorieuse à Tokyo, elle finit 3e à Paris. Kaori Matsumoto absente. Elle a clairement pris le relais. Enfin les -70kg où Chizuru Arai remporte coup sur coup Paris et Düsseldorf avec la manière, synonyme d’un très probable billet pour Budapest en l’absence de la championne olympique Haruka Tachimoto, en année sabbatique. Chez les masculins, la victoire de Takenori Nagase à Tokyo confirme son statut d’incontestable n°1 de la catégorie au pays du Soleil-Levant. Il sera à Budapest pour défendre son titre. En -90kg, Mashu Baker n’est pas sorti de la saison. Mais son titre olympique, couplé à des performances moyennes de ses concurrents lui assure aussi d’être en Hongrie pour faire le doublé JO-Monde.

Les catégories à enjeu

Il reste quelques catégories pour lesquelles ces championnats du Japon serviront sans doute de juge de paix.
Chez les filles, il faudra suivre de près le duel Ami Kondo/Funa Tonaki en -48kg. La première finit 3e à Tokyo et Paris. La seconde, 3e à Tokyo également et 1re à Düsseldorf. Un ton en dessous du duo qui domine la catégorie depuis Rio, la Mongole Munkhbat et la Coréenne Jeong, Kondo et Funaki peuvent se retrouver en finale pour une explication décisive. Duel également en -52kg avec Natsumi Tsunoda, victorieuse à Tokyo et 2e à Paris, battue d’un yuko très généreux en faveur de la championne olympique, Majlinda Kelmendi. Tsunoda ? Une jeune fille arrivée sur le tard (elle a déjà 24 ans), du moins selon les critères du Japon, mais qui se pose comme une prétendante sérieuse au leadership de la caté alors que Misato Nakamura prend une année sabbatique. Oui mais voilà, il y a Uta Abe, la petite soeur d’Hifumi. Encore cadette (!), elle a fini 2e à Tokyo et surtout s’impose à Düsseldorf en se montrant impressionnante de maturité, y compris en finale où elle bat Amandine Buchard sur un sublime uchi-mata en deux temps. Visiblement aussi douée que son frère, elle affiche une facilité insolente comme il y a deux semaines lorsqu’elle s’est imposée lors d’un des championnats nationaux « high school » en 21 secondes sur un sode debout. Une ado à suivre de très près. Vus les résultats et les prestations de ces judokates, voir cette caté des -52kg doublée pour Budapest serait un pari censé pour conserver le titre mondial au sein de l’équipe japonaise malgré Kelmendi. En -63kg, trois noms sortent du lot en l’absence pour blessure due Miko Tashiro, 5e des Jeux : Miho Minei (3e à Tokyo, 7e à Paris), Aimi Nouchi, 5e à Tokyo et Paris) et Nami Nabekura (3e à Düsseldorf). Une catégorie où le Japon est loin du leadership mondial. Enfin en -78kg, ce sera aussi un duel entre Ryuka Sato (1re à Tokyo, 2e à Paris) et Mami Umeki (3e à Tokyo et 1re à Düsseldorf). La première a clairement la corde, notamment après sa finale acharnée contre Tcheumeo.

Chez les garçons, deux catégories focaliseront l’attention : les -60kg et les -100kg. Chez les légers, Naohisa Takato et Ryuju Nagayama, deux « Tokai boy ». Le 1er gagne superbement Paris, retrouvant en partie le style qui avait fait de lui la terreur de la caté lors de la saison 2012-2013. Le second, champion du monde junior 2015, gagne Tokyo en décembre dernier contre Takato justement sur un uchi-mata superbe et plein de conviction. Le duel sera décisif.
Chez les -100kg, Kentaro Iida, la nouvelle perle, avec Abe, du judo masculin japonais, a prouvé qu’il avait l’étoffe pour se mesurer et battre les meilleurs étrangers. 3e à Tokyo (battu seulement d’un shido par Kirill Denisov), magnifique vainqueur à Paris contre Cyrille Maret, cet étudiant de Kokushikan au uchi-mata très pur devra enfoncer le clou face à Ryonosuke Haga. Champion du monde en titre, 3e à Rio, et qui devait être de la partie à Düsseldorf, mais a déclaré forfait pour blessure. Ses médailles mondiale et olympique sont un argument fort. Inconvénient pour lui, il s’agira là de sa première compétition post-Rio. Une finale Haga/Iida dimanche ? On en salive d’avance.

En pièce-jointe les tableaux en français et en japonais
Championnats du Japon seniors 2017 – tableaux en français
Championnats du Japon seniors 2017 – tableaux en japonais