Deux sélections européennes se sont jouées aujourd’hui

Un Grand Prix de Géorgie avec une poignée de top 10 seulement chez les filles comme chez les garçons – et de ce point de vue, dans la lignée d’un très faible Grand Chelem d’Azerbaïdjan il y a quinze jours – mais où il s’est passé tout de même des choses lors de cette première journée.

Deux titres déjà pour la Géorgie

Chez les garçons, il y avait à se mettre sous la dent l’affrontement d’une bonne équipe russe avec une équipe géorgienne pléthorique, mais tout de même privée d’une grosse partie de l’équipe une. Papinashvili était là en -60kg, il subit l’affront d’être dominé en finale par son compatriote Lukhumi Chkhvimiani, bien meilleur aujourd’hui que d’habitude. A 23 ans, il marque des points, mais le leadership d’Amiran Papinashvili, sur le podium à Paris et en Allemagne, n’est encore pas menacé. 
C’est un sans-faute géorgien aujourd’hui, avec la victoire de Lasha Giunashvili en -66kg. Mené d’un waza-ari en finale par le Mongol Tumurkhuleg Davaadorj, 6e mondial, il l’emportait lorsque ce dernier prenait une troisième pénalité pour fausse attaque.

Zantaraia en panne

On notait aussi l’élimination au premier tour de la star ukrainienne en -66kg, Georgii Zantaraia, 29 ans désormais, pour un coup de tête volontaire, d’après l’arbitrage. C’était le septième combat international seulement de Zantaraia depuis décembre… 2015, son premier depuis son échec au premier tour des Jeux de Rio.

Deux places à défendre

Mais pour la France, c’était la compétition féminine qui importait, et en particulier dans les deux catégories légères, puisque ce Grand Prix devait servir à départager la -48kg sélectionnée au prochain championnat d’Europe, entre la championne de France Mélanie Clément et sa dauphine la junior Anais Mosdier, toutes les deux présentes. C’était aussi l’enjeu en -52kg entre Amandine Buchard et Astride Gneto, laquelle ne pouvait défendre directement sa chance, puisque forfait pour blessure. 

Clément se renforce à l’épreuve du feu

A la fin de la journée, les choses sont désormais claires. En -48kg, c’est Mélanie Clément qui sort en tête de cette course en ligne. Tandis qu’Anais Mosdier, cinquième à Paris, a enchaîné ensuite les performances en demi-teinte, moins tranchantes, moins lumineuses qu’à Paris, dans un style plus sobre, Mélanie Clément monte lentement, mais sûrement en puissance. Elles étaient toutes les deux battues au deuxième tour par les deux futures finalistes, l’Ukrainienne Cherniak pour Mosdier, la Brésilienne Komaya pour Clément. Mosdier allait s’arrêter là, dominée ensuite par la Russe Persidskaia, Clément trouvait au contraire les ressources pour planter deux beaux uchi-mata et prendre le bronze.
Elle pouvait verser quelques larmes de soulagement et de joie à la sortie de son dernier combat victorieux. À 24 ans, Mélanie Clément accroche le bon wagon en ce début d’olympiade et va faire son premier championnat d’Europe. Mais la bataille contre Mosdier et les filles qui sont juste derrière, Mélodie Vaugarny, Marine Lhenry, Lucile Duport, pour ne citer que celles-ci, n’est pas encore définitivement gagné. Il s’en faut au moins d’une médaille au championnat d’Europe. 

Koyama, la nouvelle -48kg brésilienne

Il faut souligner aussi que l’événement dans cette catégorie, c’est la seconde victoire de rang d’une petite Brésilienne de 21 ans épatante, la gauchère Stefannie Arissa Koyama qui emporte avec une vista très japonaise ce Grand Prix de Géorgie après le Grand Chelem d’Azerbaidjan deux week-end plus tôt. Le Brésil a manifestement une nouvelle titulaire dans cette catégorie désertée par Sara Menezes.

Buchard sur le fil

Fauchée dans sa course à Rio en -48kg dans les circonstances dramatiques qu’on connaît, Amandine Buchard avait finalement repris en -52kg sur la pointe des pieds, avec une petite médaille de bronze à l’Open d’Ecosse en octobre 2016, alors que s’ouvrait une grosse séquence pour Astride Gneto : en or au Grand Chelem d’Abou Dhabi et championne de France. La même était non-classée à Tokyo, mais encore 5e à Paris en février. Mais Amandine Buchard frappait un grand coup avec une finale très convaincante au fort tournoi d’Allemagne pour son grand retour. Ce n’était pas suffisant dans ce contexte, il lui fallait encore marquer les esprits. C’est chose faite ce vendredi avec une deuxième finale en Grand Prix pour son come-back, mais avec cette fois l’or à la clé. Très difficile à faire tomber, forte au kumikata, dominante mentalement et très « judo » dans ses déplacements, Amandine Buchard compte surtout pour l’instant sur son imparable kata-guruma et ses multiples variantes pour renverser toutes les situations et battre aujourd’hui, entre autres, l’excellente Italienne Giorda, la Biélorusse médaillée mondiale Skrypnik et la n°2 mondiale, a Brésilienne Erika Miranda, prise en défaut à quelques secondes de la fin par le mouvement qui tue. 
Amandine Buchard montrait le ciel de son doigt et les tribunes, à la recherche de ceux qui l’avaient accompagné dans cette traversée du désert. La démonstration sera sans nulle doute suffisante. Buchard renoue avec l’équipe de France, exorcise par son talent et sa jeunesse, qui rend tout possible (elle n’a encore que 21 ans), les démons de la catastrophe de l’année dernière.

Buchard en or sur un beau podium / Officiel IJF

Surprise, en -57kg, c’est la Russe Zabludina qui se permet de battre la championne olympique brésilienne Rafaela Silva sur une belle clé, sa spécialité. Déjà trois médailles pour les féminines russes, dont une en or.