Humo Arena de Tashkent. © Paco Lozano / L’Esprit du Judo

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Les leçons de Tashkent, épisode 2
« Hajime », le podcast de L’Esprit du Judo – qui se met en mode quotidien pendant une semaine – vous livre son analyse de cette deuxième journée des championnats du monde. Compteur français débloqué, mais pas avec le métal espéré pour Amandine Buchard, vaincue en demi-finale par la petite soeur Uta Abe. Elle sera imitée quelques minutes plus tard, et comme lors des Jeux de Tokyo 2020 l’an passé, par son grand frère Hifumi abe. Pourtant, c’était un immense Joshiro Maruyama qui lui faisait face en finale… C’est à écouter maintenant !

Les trois faits marquants du jour :

14h45. -66kg : Et son frère sacré aussi !
C’était une finale entre ce qui se fait de mieux depuis les JO 2016 : Joshiro Maruyama, double champion du monde; Hifumi Abe, double champion du monde aussi et champion olympique… La bataille aura été intense, plus passionnante même que leur dernière rencontre aux championnats du Japon en avril dernier, mais pour le même résultat : victoire de Abe. Pas aux pénalités cette fois mais par waza-ari. l’étincelant Maruyama, tout en précision et en reprise d’appuis, se faisait en effet cueillir en contre d’un o-uchi-gari pas suffisamment puissant par le champion olympique, qui l’attendait clairement, lequel s’employait tout de suite à travailler au sol pour faire tourner le chrono. Pénalisé par deux fois avant cette attaque décisive, Abe devait pourtant maintenir la pression dès le hajime suivant pour ne pas risquer une nouvelle sanction de l’interventionniste arbitre, sur ce combat, le Finlandais, Velimatti Karinkanta qui n’allait pas faire l’erreur de sanctionner encore. Maruyama ne revenait pas. Des Abe en or, comme à Tokyo.

L’ensemble des résultats est disponible ici

14h30. -52kg : Uta Abe reste la patronne
Il fallait craindre cette finale pour la Japonaise face à Chelsie Giles, une combattante en progrès constants depuis des mois, championne d’Europe au printemps après sa médaille olympique et qui cherchait là sa première médaille mondiale seniors à vingt-cinq ans. Un grand gabarit, de plus en plus affûté sur son schéma tactique qui s’appuie sur ses longs segments et lui permet notamment un travail au sol remarquable. Mais voilà, en face, c’est Uta Abe. Déjà double championne du monde et championne olympique à vingt-deux ans… Et c’est elle qui contrait avec rage le uchi-mata de la Britannique pour waza-ari, qu’elle conservait tranquillement pendant la dernière minute de combat. La princesse Abe a encore frappé. Une nouvelle démonstration de maîtrise et déjà le troisième titre japonais en deux jours, avant un autre, forcément, en -66kg.

14h20. -52kg : Buchard signe sa troisième médaille mondiale
Si ce bronze n’était évidemment pas son objectif du jour, Amandine Buchard repartira de Tashkent avec une nouvelle médaille mondiale en individuels après celles de 2014 et 2018. Opposée à la Mongole Bishrelt, une combattante de 24 que l’on avait notamment vue sur le podium à Paris en 2021, la Française, toujours très présente au kumikata, s’engageait, quitte à s’exposer un peu et passait finalement son kata-guruma juste après l’entame de la dernière minute de combat. Elle gérait ensuite la montée des pénalités alors que la Mongole en comptait déjà deux. Une troisième victoire de « BuBuche » face à cette Bishrelt en autant de confrontations entre les deux jeunes femmes. Pas de quoi exulter pour Amandine Buchard, mais encore une fois, assurément, de quoi regarder l’avenir avec optimisme.

Dans l’autre combat pour le bronze, la Kosovare Distria Krasniqi a remporté le combat sur une troisième pénalité infligée à l’Israélienne Gefen Primo.

12h45. Les finales du jour (à partir de 14h heure française)

-52kg
Finale : Uta Abe (JPN) / Chelsie Giles (GBR)
Combats pour le bronze :
Amandine Buchard (FRA) / Khorloodoi Bishrelt (MGL)
Gefen Primo (ISR) / Distria Krasniqi (KOS)

-66kg
Finale :
Hifumi Abe (JPN) / Joshiro Maruyama (JPN)
Combats pour le bronze :
Elios Manzi (ITA) / An Baul (JPN)
Vazha Margvelashvili (GEO) / Denis Vieru (MDA)

12h20. -52kg : Buchard à deux doigts de le faire !
Remontée comme une pendule à l’idée d’affronter celle qui a récemment déclaré à JudoInside que personne ne parviendrait à la titiller sur ces mondiaux, la Française démarrait de la pire des manières ce duel au sommet, concédant un très généreux waza-ari après à peine quelques secondes de combat, embarquée par sa saisie haute dans le makikomi peu engagé de la Nippone. Un retard au score qui ne lui laissait plus d’autre choix que de prendre l’ascendant au kumikata pour tenter d’imposer son schéma. Ce qu’elle parvenait plutôt bien, suffisamment rapide et précise pour ne pas s’exposer au uchi-mata d’Abe. Paradoxalement, c’est sur une séquence forte de cette dernière, le bras droit bien ancré dans le dos, que Buchard trouvait la clé en bondissant de sa position à genoux pour placer son kata-guruma. Une égalisation méritée qui envoyait les deux jeunes femmes au golden score, où le mouvement de hanche de la Japonaise rivalisait avec les tentatives de seoi-nage de la tricolore, dont un tout proche de l’envoyer en finale. Un dernier duel qui se rapprochait encore davantage lorsque Abe esquivait l’entrave de Buchard, toujours bien en rythme, en passant sa tête sous la main forte de la Française. C’était malheureusement le signal qui la forçait à sortir de sa réserve, et à insister sur son uchi-mata qui, s’il ne décollait pas nettement Buchard dans un premier temps, l’envoyait tout de même sur le dos… Pour une première Marseillaise à la Humo Arena, il faudra encore patienter…

12h15. Abe/Maruyama, pour un nouveau duel d’anthologie ? 
Attendus, Hifumi Abe et Joshiro Maruyama, chacun dans leur style ont donc répondus présents.
Le champion olympique use de son o-goshi de mammouth pour plaquer l’Italien Elios Manzi sur le dos en quart. Plus serrée, sa demi-finale contre l’élégant Moldave Denis Vieru se termine sur le même mouvement. Un Hifumi Abe qui aura donc fait jouer sa hanche toute la matinée.
Joshiro Maruyama, lui, émerveilla avec son uchi-mata. Des appuis extraordinaires, comme lorsqu’il se replace pour projeter le Géorgien Vazha Margvelashvili sur son spécial; un sens tactique aiguisé, quand en demi-finale, le double champion du monde en titre fait juste ce qu’il faut pour faire monter les pénalités contre le Coréen An Baul. Voilà les deux Nippons en finale entre ce qui se fait de mieux dans cette catégorie des -66kg depuis cinq ans. Un grand moment à venir.

11h45. Les demi-finales du jour
Voici le programme des demi-finales de ce deuxième jour de compétition à Tashkent.

-52kg
Amandine Buchard (FRA) / Uta Abe (JPN)
Chelsie Giles (GBR) / Distria Krasniqi (KOS)

-66kg
Denis Vieru (MDA) / Hifumi Abe (JPN)
Joshiro Maruyama (JPN) / An Baul (JPN)

10h35. -52kg : Buchard en demie
Le dénouement de ce quart contre la Brésilienne Pimenta aura été plus long que celui du tour précédent. Si elle lançait bien ses kata-guruma, Amandine Buchard manquait de précision sur ce combat important. Rien de marqué après quatre minutes et un peu de doute que continuait à instiller la Brésilienne, jusqu’à ce ko-soto-gake au golden score. Un combat où la Française n’était pas suffisamment libérée mais la PSG Girl venait tout de même prendre l’essentiel : une place en demi-finale. Ce sera face à Uta Abe. C’est là qu’il faudra être au top.

10h35. -52kg : Buchard découpe
Quel de-ashi-barai ! Après une minute trente de combat face à l’Espagnole Estrella Lopez Sheriff, médaillée européenne 2020, Amandine Buchard sort le balayage qui tue. Les mains à peine posées, timing parfait pour balayer la jambe avancée. Ippon. Un joli mouvement de judo. Voici la Française en quart de finale. Ce sera face à la Brésilienne Pimenta qui a battu l’Ouzbèke Keldiyorova après trois minutes de golden score, avant peut-être de retrouver Uta Abe. Dans l’autre demi-tableau, on connaît déjà la demi-finale : la Britannique Chelsie Giles, victorieuse de la Polonaise Aleksandra Kaleta sera opposée à la Kosovare Distria Krasniqi qui, coachée par Majlinda Kelmendi, a battu l’Italienne Odette Giuffrida. Solide.

9h50. -66kg : Khyar battu par Shmailov
Walide Khyar ne verra pas le quart de finale contre An Baul. Si le Coréen est allé chercher sa qualification au golden score lors du combat précédent, le Français, lui, s’incline au golden score au terme d’un combat extrêmement dense et rythmé contre le massif Israélien Baruch Shmailov. Pas de marque malgré des attaques de part et d’autre, des kumikata de mamouths et des situations de contre pour chacun des deux. Tout se décidait sur une attaque en o-soto makikomi foudroyante de Shmailov. Ippon. La balance n’a pas penché du bon côté pour Walide Khyar.

9h15. -52kg : Buchard bat Ndiaye
Opposée à la nouvelle pépite suisse Binta Ndiaye, Amandine Buchard lançait parfaitement son combat avec un kata-guruma pour waza-ari. Dominatrice à la garde, en particulier sur la manche droite de son adversaire qu’elle verrouillait parfaitement, la vice championne olympique se faisait une petite frayeur sur un superbe o-uchi-gari de Ndiaye, parvenant à se retourner pour éviter la marque. De quoi donner un peu de confiance à la Suissesse qui accélérait sur deux ou trois séquences. Visage fermé, visiblement pas tellement contente d’elle-même, la patronne Buchard remettait l’église au centre du village pour reprendre le contrôle total au kumikata et, amenant plusieurs fois Ndiaye à mettre le genou au sol, suivait intelligemment pour faucher sur o-soto-gari. Waza-ari awasete ippon. Pas une entame virevoltante mais Amandine Buchard a eu la lucidité qu’il fallait. Elle est dans sa compétition.

La récap’ -> Vous n’avez pas tout suivi de la journée d’hier ? C’est à écouter ici avec les réactions des Français.


8h. -66kg : Ça passe dans la douleur pour Khyar

Il aura fallu de la patience au Français Face au Mongol Kherlen Ganbold (14e mondial) lors de ce premier tour. Deux combattants qui ne s’étaient jamais affrontés, avec quelques similarités de style… Des gardes puissantes, des coups de pattes et quelques tentatives d’arrachés et les deux se retrouvaient déjà au golden score. Le temps additionnel repartait sur les mêmes bases d’un combat dense, avant que le Mongol ne vienne bloquer le coude du Français et tourner vers le sol… hansokumake après vérification vidéo. Une victoire dans la douleur. L’Algérien Ezzine absent car pas au poids hier soir, Walide Khyar n’a pas d’adversaire pour le deuxième tour et se retrouve directement propulsé au troisième, sans doute contre l’Israélien Baruch Shmailov.

7h10. Ça pourrait bien être le feu aujourd’hui à Tashkent !
Bonjour à toutes et à tous, il est presque 10h30 à Tashkent et nous nous retrouvons pour la deuxième journée de compétition : place ce vendredi au -52kg F et -66kg M . Pour bien comprendre les enjeux du jour, une petite récap de notre analyse du tirage au sort.

Vers une finale avant l’heure en -52kg. Tête de série n°1, Amandine Buchard (PSG Judo) et Uta Abe, tête de série n°5, se retrouvent par les grâces du tirage dans le même demi-tableau. Une configuration synonyme de demi-finale possible entre la Japonaise et la Française, un an après la finale à très haute intensité offerte au Nippon Budokan de Tokyo. Un hypothèse excitante.
Un sommet, avec, sans doute, pour celle qui sortirait victorieuse de ce bras de fer, l’hypothèse de retrouver la Kosovare Distria Krasniqi en finale.
Reste que la Française (victorieuse à Paris et à Abou Dhabi), pour s’offrir le droit d’aller chercher un premier titre de championne du monde seniors, aura un parcours tout sauf facile : un premier tour piégeux avec, a priori, la jeune pépite suisse, Binta N’Diaye, double médaillée mondiale juniors (2021 et 2022) ; puis un deuxième face à l’Italienne Martina Castagnola (cinquième au Grand Chelem de Tbilissi) ou l’Espagnole Estrella Lopez Sheriff (troisième à Tbilissi et septième lors du Grand Prix de Croatie).
Si tout va bien jusque-là, Buchard pourrait alors affronter en quart de finale l’Ouzbek Diyora Keldiyorova, victorieuse du Grand Chelem d’Oulan-Bator et, surtout, des Jeux d’Asie, où elle bat la Japonaise Ai Shishime en finale. Buchard/Keldiyorova ? Une première pour deux combattantes qui ne se sont jamais rencontrées jusque-là. Attention aux terribles sode-tsuri-komi-goshi de la protégée d’Ilias Iliadis !
Dans l’autre partie de tableau, outre Krasniqi, dans le même quart de tableau que la Hongroise Reka Pupp (victorieuse à Antalya et à Budapest), la Britannique Chelsie Giles, championne d’Europe 2022 (en battant Buchard en finale), tentera d’ajouter une nouvelle médaille internationale à sa collection après le bronze olympique de l’année dernière et l’or continental du printemps. Sentant ingénieusement les coups, Giles est sur une dynamique remarquable.

En -66kg, Walide Khyar (FLAM 91) n’aura pas non plus la partie facile. Au premier tour, c’est le Mongol Kherlen Ganbold (14e mondial) qui lui est proposé. Un judoka double médaillé de bronze en Grand Chelem cette saison (Tel Aviv et Budapest), que le Français n’a jamais eu dans les mains en compétition officielle. Si Khyar s’extirpe de l’étreinte mongole, lui qui a fini troisième à Paris en octobre puis cinquième à Abou Dhabi, Oulan-Bator et Budapest, il retrouvera ensuite l’Algérien Wail Ezzine, en argent sur les opens africains de Tunisie et d’Algérie en début d’année, avant un huitième qui s’annonce là encore rude physiquement avec le taureau israélien Baruch Shmailov. En quarts, c’est l’inusable Sud-Coréen An Baul qui se profilerait alors.
Une catégorie où le duel nippon Hifumi Abe/Joshiro Maruyama occupera une bonne partie de l’attention des amateurs. Une rivalité hors norme entre les deux -66kg japonais. Qui ne se souvient pas de leur demi-finale stratosphérique à Tokyo en 2019 ou de leur combat pour les qualification aux JO (à retrouvez ici pour le plaisir) ?

Les deux meilleurs -66kg de l’olympiade précédente se retrouveront-ils pour un nouvel affrontement de très haut niveau ? L’un a remporté deux titres de champion du monde en 2017 et 2018 et un titre olympique en 2021. Le second deux titres de champion du monde (2019 et 2021), série en cours.
Ce vendredi, ils ne seront pas dans le même demi-tableau. Abe devra se défaire de l’« usure » mongole Baskhuu Yondonperenlei, champion d’Asie en titre, et sans doute du soyeux Moldave Denis Vieru. Maruyama, lui, a le Géorgien Vazha Margvelashvili (vice champion olympique) et le Coréen An Baul (médaillé de bronze) dans son tableau.
L’un des plus beaux duels de ces derniers années connaîtra-il, demain, un nouveau chapitre ? Nous avons hâte de savoir.