Sept ans que l’équipe de France attendait cela. Sept ans sans titre mondial. Il y avait bien eu Sarah-Léonie Cysique en 2018, et Shirine Boukli en 2019, en argent, battues respectivement par deux Japonaises : Haruka Funakubo pour la première, Wakana Koga pour la seconde. Le Japon absent, aucune athlète, et encore moins une Asiatique n’a pu empêcher Chloé Devictor de se hisser sur le toit du monde junior cet après-midi du côté d’Olbia. Et comme une excellente nouvelle n’arrive souvent jamais seule, Romain Valadier-Picard et Maxime Gobert viennent également garnir le panier tricolore. Deux médailles mondiales masculines ? Une performance qui n’était plus arrivée depuis 2015 !  Retour en trois points sur cette première journée où l’Europe aura copieusement dominé les débats.

-Chloé Devictor n’est sans doute pas la combattante tricolore qui aurait eu les principales faveurs des bookmakers pour un titre mondial.
Et pourtant. Comme aux championnats d’Europe, la judokate du FLAM 91 aura tracé sa route, proposant une équation insoluble pour toutes ses adversaires du jour. Si la Russe Lilia Nugaeva avait finalement trouvé la solution contre la Française, formée au sein du JC Castellet (Var), après un épuisant golden score, ce mercredi, aucune des cinq adversaires de Devictor, et encore moins Giulia Carna en finale n’a su résister à l’insatiable volonté de la -52kg française d’aller de l’avant, de dominer son sujet en trouvant la solution technique. Solide, cette gauchère très à l’aise en ne-waza sut se montrer intelligemment opportuniste contrant l’Italienne sur un « gaeshi » marqué en fin de rencontre. Un waza-ari que Devictor maintint avec lucidité pour clore de manière inoubliable sa deuxième année juniors. La voilà championne du monde, succédant dans la même catégorie de poids à Amandine Buchard, dernière judokate française sacrée au niveau mondiale dans cette tranche d’âge (c’était à Fort Lauderdale, aux États-Unis, en 2014). Une sacrée performance qui va (doit) servir de rampe de lancement idéale pour aborder la nouvelle olympiade à venir pour Devictor. Une judokate admirablement métronomique (elle aura été de tous les podiums des compétitions auxquelles elle aura participé depuis juin !), jamais vaincue, et qui force son destin. Remarquable.
L’autre féminine du jour, Léa Bérès (Stade Bordelais Judo) termine à la cinquième place. Frustrant, mais la Brésilienne Batista pour le bronze ne laissa aucune chance à la médaillée continentale sur un étranglement imparable.

-Tous les deux en bronze, le parcours de Romain Valadier-Picard (ACBB Judo) et Maxime Gobert (OJ Nice) n’aura pourtant pas été similaire ce mercredi. Le premier pourra ruminer longtemps ce troisième shido décidé par les superviseurs (et non l’arbitre du centre autrichien) en quart de finale contre l’Azerbaidjanais Turan Bayramov, synonyme de défaite. Une pénalité pour sortie de tapis non seulement très discutable mais allant totalement à l’encontre de la physionomie du combat que le Français aura piloté de la tête et des épaules. Certes, certaines attaques furent sans doute précipitées (d’où le second shido pour fausse attaque). Mais c’est bien l’ACBB Boy qui impulsait le tempo, produisait les attaques les plus dangereuses. En somme, le score de deux shidos partout ne réfletait en rien ce quart de finale avant que la table d’arbitrage ne donne l’impression de perséverer dans une interprétation inconséquente et confuse des pénalités. Une frustration pourtant parfaitement digérée par le champion d’Europe des -60kg, junior 2e année, qui s’en va tranquillement battre l’Israélien Wolczak pour le bronze sur un yoko-otoshi à mi-combat.
Pour Maxime Gobert, également titré au Luxembourg il y a un mois, la journée fut beaucoup plus longue, avec des duels durs, éprouvants, au cordeau. omme ce huitième de finale contre l’Azerbaidjanais Guluzade, qui mis au supplice le Français avec sa garde de gaucher envahissant et ses o-uchi-gari qui se tranformaient en uchi-mata. Mené rapidement, Gobert revient au score avant d’arracher la victoire après 3’33 de temps aditionnel. Solide mentalement, il passe ensuite l’obstacle ouzbek (5’52 de GS tout de même !) avant finalement de céder sur le mouvement d’épaule du Russe Abrek Naguchev. Pour le bronze, il domine le Mexicain Robin Jara. Pas venu pour cette médaille, Gobert réalise tout de même une sacrée journée, confirmant sa capacité à peu tomber, à trouver les solutions techniques face à des aversaires refusant systématiquement les liaisons en ne-waza et à garder son sang froid malgré des situations instables et tendues.
Cela faisait six ans que l’équipe de France masculine n’avait plus remporter la moindre médaille mondiale juniors. Ce mercredi elle en glâne deux ! Elle égale d’ores et déjà ainsi le bilan des Monde 2015 à Abou Dhabi (bronze de Walide Khyar et Messie Katanga).

-Un seul pays vous manque est tout est dépeuplé. En l’absence du Japon, l’Europe domine outrageusement les débats puisque les quatre titres du jour lui reviennent, pour quatre pays différents : l’Italie avec Assunta Scutto en -48kg, la France (voir plus haut), la Géorgie avec Giorgi Sardalashvili en -60kg et la Russie avec Abrek Naguchev en -66kg. Sur les seize médaillés de ce mercredi, treize sont nés sur le Vieux Continent. Scutto dispose en finale de la Russe Irina Khubulova, championne d’Europe facile il y a un mois. Une variante du retournement de Hiroyuki Akimoto et le tour était joué. Championne d’Europe et médaillée mondiale cadette 2019, la Transalpine trace sa route de judokate «rectiligne» vers de possibles sommets mondiaux seniors avec cette victoire. Sardalashvili, junior 1re année, ne laisse aucune chance à l’Azerbaidjanais Bayramov avec deux waza-ari en bordure. Battu par Valadier Picard en finale des Europe, le Géorgien incarne la génération Los Angeles du pays à la Croix de Saint-Georges. Abrek Naguchev, enfin, est considéré comme l’un des diamants du judo russe. Couvé à la manière d’un Mikhail Igolnikov, le cadet des frères Naguchev, totalement hors sujet au Luxembourg, compte désormais deux titres mondiaux après celui obtenu chez les cadets en 2019. Junior deuxième année, Naguchev aura su dépasser le côté indolent qui lui joua plusieurs mauvais tours depuis quelques mois pour se remettre en mode guerrier venu des steppes.

Ce soir l’Italie, à domicile, domine le classement avec trois médailles (une de chaque métal), devant la Russie (une or, une argent) et la France.