Ce n’était pas la médaille attendue. Reste que Chloé Devictor (-52kg, FLAM 91) et Romain Valadier-Picard (-60kg, ACBB Judo) vont chercher un nouveau podium lors du sommet de cette saison juniors, ce mercredi, lors de l’ouverture des championnats du monde. Ouvrant ainsi le compteur tricolore lors d’un mercredi où ils étaient huit engagés français. Tenante du titre, Devictor repartira d’Équateur avec une médaille d’argent autour du cou après une journée qui aura diablement ressembler à celle de l’année dernière : pas de Japonaise dans la catégorie (Ayumi Kawada a été déclarée forfait hier soir, pas au poids selon nos informations), une finale identique et trois des quatre médailles d’Olbia à nouveau sur le podium ici à Guayaquil. Une similarité qui s’arrête malheureusement là puisque cette fois-ci c’est l’Italienne Giulia Carna qui montera sur la plus haute marche. Une finale où la Transalpine aura été la plus dangereuse, avec par exemple un ura-nage pas loin du waza-ari. Plus puissante, Devictor ne trouvait pourtant pas la solution technique, se faisait sanctionner par trois fois pour fausses attaques et passivité dans la seconde partie du combat et au début du golden score.
Reste que la Varoise d’origine aura participé à deux finales mondiales en deux participations ! Une performance rarissime puisqu’ils ne sont que trois à l’avoir fait dans l’histoire du judo tricolore : Teddy Riner (pour deux titres en 2006 et 2008), Carine Varlez (en 1992 et 1994) et donc Devictor.
Une journée où la Française, tête de série n°1, domina nettement les débats à chacun des trois combats qui l’amenèrent jusqu’en finale avec son uchi-mata qui montait par exemple l’Allemande Stakhov les quatre fers en l’air.
Deux médailles lors des Monde juniors, une performance loin d’être anodine, et pour tout dire très prometteuse, puisque, les statistiques le prouvent, cette dernière a le pouvoir d’être un formidable booster pour être rapidement présent au plus haut niveau seniors.
Une réflexion valable également pour Romain Valadier-Picard. Seconde médaille mondiale, mais de bronze, pour l’ACBB Boy en -60kg. Sélectionné pour les championnats du monde seniors mi-octobre en Ouzbékistan, le protégé de Romain Poussin et Sebastien Calloud dans son club n’était, lui aussi, pas venu pour ce métal. Mais voilà. En demi-finale, le Japonais Taiki Nakamura, étudiant de l’université Kokushikan (celle de Keiji Suzuki ou de Tatsuru Saito) et troisième au Grand Prix du Portugal en janvier, pique le Français au sol sur une forme de kuzure gesa gatame qui cloue Valadier-Picard – le judoka le plus fort en ne-waza de sa génération – pour le compte. La victoire lors du bloc final face à l’Azerbaidjanais Turan Bayramov sur un contre minimaliste mais bien gardé en osae-komi permet au -60kg français de finir sa journée sur une note positive.Un Romain Valadier-Picard, tout comme Chloé Dévictor, très sollicité depuis l’année dernière, entre fin de saisons juniors 2021 et événements seniors.
L’ACBB Boy qui va devoir maintenant recharger les batteries pour se frotter au gotha mondial à Tashkent.
Deux médailles donc mais aussi une cinquième place pour Pauline Cuq (-48kg, DAN 79). Comme Devictor, Valadier-Picard et Maxime Moudanga (-66kg, Arts martiaux Saint Gratien), la médaillée d’argent nationale 2022, juniors première année, est battue par la future championne du monde de la catégorie. Piquée au sol par Hikari Yoshioka (championne du monde cadette en 2019 et victorieuse de l’Open européen de Pologne fin février) en quart de finale, la Niortaise ne trouve pas la solution à un waza-ari de retard pris contre la Turque Merve Azak (championne du monde cadette 2019 en -44kg) lors du combat pour le bronze, plutôt très équilibré par ailleurs. Ce qui renforcera d’un côté la frustration, tout en se disant, de l’autre, que les qualités sont là pour monter sur la boite à ce niveau dans un futur proche.
Dernière classée Tricolore de la journée, Alya De Carvalho, elle aussi juniors première année (AS Chelles Judo), termine septième en -52kg.
Enzo Jean (-60kg, Stade Bordelais Judo), Driss Masson-Jbilou (-66kg, PSG Judo), Léa Bérès (-48kg, Stade Bordelais Judo) s’inclinent lors de leur premier combat alors que Maxime Moudanga se fait éliminer en huitième de finale par le surprenant Tadjik (voir plus bas).

Un mercredi marqué par la domination attendue du Japon, qui glane déjà deux titres sur les quatre mis en jeu, en -48kg et -60kg.
Chez les féminines, Yoshioka, après de nombreuses tentatives, trouve finalement l’interstice pour placer son morote-seoi-nage à l’Italienne Assunta Scutto, championne du monde en titre et septième des Europe seniors cette année, à quelques secondes de la fin du temps réglementaire. Chez les masculins, Nakamura laisse passer l’orage du début de combat avant de placer un de-ashi-barai un peu bloqué au Géorgien Giorgi Sardalashvili, champion du monde en titre, pourtant averti par plusieurs tentatives nipponnes initiées dès l’entame des hostilités. Le dernier titre du jour revient à l’inconnu Tadjik Nurali Emomali en -66kg et dont la seule référence était pour l’instant une troisième place à la coupe européenne juniors d’Ouzbékistan.

Ce soir le Japon prend donc le leadership devant l’Italie et le Tadjikistan. La France est quatrième.