26 août 2013 – Rio de Janeiro (Brésil)
-48kg F et -60kg M

Au championnat du monde de judo de Rio 2013, l’Asie installe les prémices de son leadership…. Le Japon confirme qu’il sera encore le pays à vaincre et la Mongolie se révèle à un niveau jamais atteint.

 

On aurait pu avoir un duel Géorgie – Brésil chez les garçons en -60 kg, avec le n°1 mondial Papinashvili contre le n°3 Felipe Kitadai. Il aurait été logique d’avoir une opposition Brésil Europe en -48 kg chez les féminines, la première mondiale étant la championne olympique brésilienne Menezes, la deuxième étant la Belge Van Snick… Mais la première journée de ce championnat du monde de Rio a fixé les tendances : en dépit du soleil et du jeune public brésilien, en dépit des classements mondiaux, c’est l’Asie qui frappe les trois coups dès le premier jour. C’est une première : deux pays d’Asie en finale des deux catégories super-légères, et les deux mêmes, le Japon et la Mongolie (qui place un deuxième homme au pied du podium), on n’avait jamais vu ça.

Le Japon entre satisfaction et cicatrisation
Le Japon se rassure en plaçant ses deux légers en finale, comme c’était prévu. Mais si Takato (-60 kg) est vraiment la révélation de ce championnat – et met l’équipe masculine japonaise sur la meilleure rampe de lancement possible – la défaite d’Asami en finale des -48 kg montre au contraire tous les signes que la blessure des féminines japonaises n’est pas refermée. Privée des Jeux, Asami était l’une des seules de la génération précédente à venir tenir la baraque et la « chasse gardée » des -48 kg, que le Japon truste depuis 2008. Mais c’est la seconde fois après le fiasco de 2012 que les Japonaises lâchent cette catégorie au reste du monde. Solide, mais sans vista aujourd’hui, elle se fait surprendre assez logiquement par la combattante la plus forte du jour, la Mongole Munkhbat.

La révélation mongole
L’exploit, le voilà. C’est non seulement la première fois qu’une Mongole se hisse en finale d’un championnat du monde de judo (les Mongoles n’ont récolté que deux médailles de bronze depuis 1980), mais c’est bien évidemment la première fois qu’elle emporte un titre. Urantsetseg Munkhbat n’était pas la plus attendue des Mongoles. Elle a 23 ans, elle est 6e mondiale et avait été battue à Londres par Alina Dumitru et l’Argentine Paula Pareto. Mais elle a été remarquablement forte ce lundi, surclassant la Cubaine Laborde, contrant par deux fois assez facilement la championne olympique Menezes, trop statique contre elle, et trouvant en finale l’ouverture pour une clé qui mystifiait Asami (laquelle avait pourtant battue l’autre Cubaine du jour, Mestre Alvarez, et la Belge Van Snick).
La forme impressionnante de l’équipe mongole est confirmée par le remarquable parcours du – 60 kg Amartuvshin Dashdavaa, qui fait lui aussi une journée inattendue à ce niveau, même si il avait gagné le Grand Prix de Turquie et le Grand Chelem de Bakou. En finale, il oblige le petit génie Takato à hausser encore son niveau dans le plus beau combat du jour.

Une échappée dès le premier jour ?
Pour compléter le tir groupé asiatique, le -60 kg coréen Kim Won-Jin, vice champion d’Asie, fait impression toute la journée avec sa terrible garde coréenne (qui étouffera le Brésilien Kitadai) et ne chute que sur l’intouchable Takato. Attention, la Corée est encore là.
Le reste du monde a les miettes. Une seule pour le Brésil, le déçu du jour avec sa championne et son médaillé olympique en piste, une pour la Belgique de Van Snick, qui persiste à confirmer son talent solitaire, et une pour l’Azerbaidjan d’Orkhan Safarov, la grande surprise du jour. Troisième des championnats d’Europe -23 ans 2012 et deuxième homme pour l’Azerbaidjan en -60 kg loin  derrière le médaillé mondial 2011 Ligar Mushkiyev (qui perd sur le Kazakh Telmanov), il crucifie les meilleurs européens, le Russe Medranov sur un seoi-nage coréen et le Géorgien Papinashvili sur un o-uchi-gari parfait. La bonne journée pour Safarov.

Ni les Russes, ni les Français, représentés par la seule Laetitia Payet, dont la vaillance ne suffit plus, n’ont marqué la journée. Le trou est déjà fait avec les grands rivaux qui s’échappent.

 

DIRECT – Revivez la première journée ci-dessous…

22h30. -60kg : Takato maître du monde
Quelle machine ce jeune Naohisa Takato ! Celui qui n’est pas sans rappeler notre confrère de RMC Sports, judoka, Morgan Maury, a dû s’employer pour faire plier son adversaire Mongol. Infernal sur ses mouvement d’épaule, il était même crédité d’un ippon, finalement annulé (à juster titre). Il s’impose donc aux pénalités. Mais un grand champion est peut-être né aujourd’hui.

22h10. -48kg : Asami battue !
Quelle victoire de la Mongole Munkhbat qui lance cette clé à la volée pour placer son juji à la Japonaise Asami totalement prise au piège. Ippon. La grande classe. 

21h40. -48kg : Van Snick en bronze
Déjà médaillée olympique, la petite Belge entraînée par Damiano Martinuzzi a une nouvelle fois fait parler son travail en ne-waza pour : elle contre le morote de la Cubaine Mestre avant d’enchaîner en juji-gatame. Ippon. Et voici la 140e médaillée olympique de l’histoire de la Belgique, désormais médaillée dans tous les grands championnats. À seulement 22 ans.

21h40. -60kg : une finale Takato-Dashdavaa 
Ce Takato tient ses promesses. Le champion du monde juniors n’a pas fait dans la demi-mesure contre le pourtant excellent Coréen Kim : deux waza-ari dont le second en o-goshi en corps à corps et le voici en finale mondiale après avoir aligné des victoires aux Grand Slam de Tokyo et Paris et avoir remporté le Master. Le judo mondial tient là un « boss »… Mais il ne faudra pas y aller en demi-teinte face à Dashdavaa. Un Mongol, 4e mondial, victorieux à Bakou et Samsun cette année, mais aussi celui qui avait été battu par un certain Sofiane Milous en février dernier à Paris… Il a vraiment montré aujourd’hui une belle assurance, y compris dans cette demie contre le Goérgien Papinashvili contre lequel il restait pourtant sur deux défaites. Engagé, le match entre le Mongol et l’actuel n°1 mondial de la catégorie se jouait sur un formidable contre sur l’arrière de l’impétrant pour waza-ari finalement corrigé ippon. Une finale de la « nouvelle génération », entre les 20 ans de Takato, invaincu depuis un an et les 24 ans de Dashdavaa.

21h20. -48kg : Menezes battue, Asami à sa main
Grosse désillusion pour la championne olympique auriverde à domicile, ou presque puisqu’elle est originaire du Nord du pays. Si, cette fois, le public est au rendez-vous et haut en couleurs, le hiza-guruma de la Mongole Urantsetseg Munkhbat (yuko) puis un contre sur o-soto-gari dans un combat où l’Asiatique a tout fermé en attendant le contre, auront été de trop pour Menezes. Une défaite en demie, de grands gestes aussi pour montrer son mécontentement de ne pas avoir vu son adversaire davantage sanctionnée… Elle n’a pas réussi son pari.
Sur le tapis voisin, Haruna Asami prenait le meilleur sur la Belge médaillée olympique Charline Van Snick sanctionnée en montant une fois trop haut sa main gauche : un coup du volant pour waza-ari avant que la Japonaise ne lui inflige quelques passages au sol pour la gérer jusqu’au bout. L’occasion d’un 3e titre mondial (après ceux de 2010 et 2011) se présente à 25 ans pour Asami. Mais il faudra se méfier de la Mongole, celle qu’elle avait battue en demi-finale à Paris en février dernier.

18h15. -60kg, le programme des demi-finales

Amiran Papinashvili (GEO) – Amartuvshin Dashdavaa (MGL)
Naohisa Takato (JPN) – Won Jin Kim (KOR)

Le petit prodige japonais Naohisa Takato est bel et bien au rendez-vous aujourd’hui. Après un premier tour sans souci face au Hongrois Burjan, il a du s’employer pour dominer successivement le Vénézuélien Guedez et le Kazakh Smetov, mais sans qu’il ait vraiment à sortir de la zone de confort. Et à tout moment, il peut sortir un geste incroyable. Des ko-uchi-gari en grand écart, ou des mouvements de hanche entrée de face en harai-tsuri-komi-ashi. Les choses sérieuses vont vraiment commencer pour lui, avec le Sud-Coréen Won Jin Kim, qui a eu le plaisir d’un tour supplémentaire contre le Péruvien Postigos avant de s’offrir le scalp du champion panaméricain et médaillé olympique brésilien Felipe Kitadai, au grand dam des journalistes auriverde qui l’attendaient nombreux en zone mixte. Le Coréen est sûr de lui. très fort au kumi-kata et difficile à prendre en défaut sur ses appuis. Un gros combat à venir. Dans la partie haute du tableau, c’est en toute logique que le champion d’Europe géorgien Amiran Papinashvili s’est frayé un chemin jusque dans le carré final, où il retrouvera le Mongol Amartuvshin Dashdavaa, sorti victorieux du combat fratricide avec Boldbaatar Ganbat en quarts. Un combattant qui fait forte impression aujourd’hui, avec notamment un énorme mouvement de hanche sur le Kazakh Telmanov, et qui a déjà signé deux victoires en Grand Prix cette saison et une finale à Ulanbaatar. Attention.

18h05. -48kg, le programme des demi-finales

Sarah Menezes (BRA) – Urantsetseg Munkhbat (MGL)
Haruna Asami (JPN) – Charline Van Snick (BEL)           

La numéro 1 mondiale Sarah Menezes est montée progressivement en régime pour se hisser jusque dans le dernier carré, au détriment de la Turque Ebru Sahin, tombeuse de Laëtitia Payet aux pénalités au troisième tour. La Brésilienne, portée par tout un peuple, va désormais se frotter à la Mongole Urantsetseg Munkhbat, championne d’Asie 2012, apparemment pressée jusque-là (moins de cinq minutes passées sur les tatamis après ses trois premiers combats !) La Cubaine Maria Celia Laborde, qui avait pourtant pris le dessus au troisième tour sur la médaillée olympique et championne d’Europe hongroise Eva Csernoviczki sur un mouvement d’épaule en reculant, à la Cubaine, n’a pu que constater les dégâts. L’autre demie opposera sans surprise la revancharde japonaise Haruna Asami, non sélectionnée aux Jeux alors qu’elle dominait la hiérarchie mondiale, à la Belge Charline Van Snick, particulièrement à son aise contre la Nord-Coréenne Sol Mi Kim en quarts de finale.

17h55. -48kg, 1/4 de finale, Asami, c’est très solide
Une erreur qui ne pardonne pas : la Cubaine Laborde -aucun lien de parenté avec son illustre aînée Yurisel, aujourd’hui réfugiée aux États-Unis- vient s’empaler sur Asami qui la pousse sur le dos et la contrôle au sol. Ippon.

17h45. -48kg, 1/4 de finale, Menezes vers le titre ?
Il restera une belle demie et une finale éventuelle à faire, mais la Brésilienne monte en puissance. Embêtée par la Turque Sahin qui contrôlait bien son bras droit, la Pasionaria do Brasil lui a mis un super de-ashi-barai à 1’11 de la fin du combat. Ce sera Urantsetseg Munkhbat ou la Cubaine Laborde en demie.

17h30. -60kg, 2e tour, Felipe Kitadai à la trappe
Si Sarah Menezes tient son rang en -48kg devant son public, son compatriote Felipe Kitadai n’aura fait qu’un tour au Maracanazinho, battu par le Sud-Coréen Won Jin Kim d’un waza-ari, un peu trop fort pour lui au kumi-kata et manifestement crispé par l’enjeu.

17h. -48kg, 3e tour, Laëtitia Payet battue aux pénalités
Opposée à la Turque qui monte, la jeune Sahin, 21 ans, médaillée également aux Europe en avril dernier, victorieuse des Jeux Med dans la foulée et n°9 mondial, Laëtitia Payet a fait la course derrière tout du long. Elle s’incline donc aux pénalités. C’est déjà fini pour la Française, battue par la Turque comme lors du quart de finale des Europe de Budapest. Il n’y aura pas de médaille française aujourd’hui.

16h15. -48kg, 2e tour, Laëtitia Payet très concentrée
La triple médaillée européenne, qui montait sur le tapis quelques minutes après une victoire poussive de la championne olympique brésilienne Sarah Menezes (victoire waza-ari sur un super ippon-ko-uchi-gari à gauche mais en fin de combat sur la Kazakhe), a parfaitement géré son combat face à la Roumaine pourtant bien stable : une amenée au sol pour osae-komi. La Française est bien entrée dans sa compétition.

15h. Début de cette première journée des championnats du monde 2013 dans cette salle de 11 000 places qui sonne encore un peu creux. Entrée en lice des catégories les plus légères (-48 kg chez les féminines, -60 kg chez les masculins). Suivez le début des combats sur notre direct dès 15h (heure française). Les finales sont prévues aux alentours de 23h.

La Française du jour

-48 kg : Laetitia Payet (Villemomble Sport Judo)
Une montée en puissance rapide pour Laetitia Payet avec l’une des jeunes remplaçantes roumaines de la championne olympique Dumitru, Monica Ungureanu, une combattante déjà solide, puis la Turque Ebru Sahin, victorieuse du Grand Chelem de Bakou 2013, et médaillée de bronze au championnat d’Europe, comme Laetitia Payet. Si la petite combattante de Villemomble en réchappe, elle tombe dès le quart de finale sur la championne olympique en titre, la Brésilienne Menezes, chez elle. Un tirage plutôt escarpé !

La fiche athlète de Laetitia Payet

-60 kg : pas de Français
Hélas pour Sofiane Milous, mais aussi un peu pour l’image de la France et l’intérêt de cette première journée pour le public français, il n’a pas été sollicité pour faire partie de l’équipe de France de Rio. Le Géorgien champion d’Europe Papinashvili en haut de tableau, le « golden boy » japonais Takato en bas, la finale de ce soir ?

Ci-dessous, retrouvez les tableaux complets de ces deux catégories.

 

L’ANALYSE DES TABLEAUX

Les tirages des championnats du monde de judo 2013 à Rio sont tombés. Chaque catégorie donne à la fois une impression de volume et de quantité – hormis les -100 kg et les +100 kg, toutes les catégories masculines dépassent les soixante inscrits – mais aussi un certain mystère. Comme toujours à cette époque de l’olympiade, à son début, les hiérarchies se modifient, des inconnus se révèlent. Beaucoup de noms n’évoquent pas grand chose à l’amateur, même très averti. Certains seront peut-être dans la lumière dans quelques jours ?

La lecture générale de ces tableaux montre quelques beaux combats de premier tour, dont certains seront des finales. Le Japon aura en particulier quelques premiers tours décisifs pour la performance globale de l’équipe. On attend en -73 kg, un Shohei Ono, la nouvelle perle technique du Japon, contre la légende coréenne Wang Ki-Chun qui fera des étincelles. La -70 kg Haruka Tachimoto se heurte d’entrée à la Cubaine de la catégorie, Onix Cortes Aldama, la -78 kg, Akari Ogata commence avec la championne du monde 2009 néerlandaise Marhinde Verkerk, quant à la lourde Megumi Tachimoto, c’est la Chinoise Kang Jie, qui est sa première adversaire.

Des tirages français plutôt rudes

Les Français ne sont pas non plus très bien lotis. David Larose (-66 kg) retrouve très vite le médaillé olympique japonais Ebinuma. Pour Legrand en -73 kg, ce sera le Mongol Tsaganbaatar, ancien champion du monde, tandis que Duprat se heurte dans cette catégorie dès le second tour au survivant du duel Ono – Wang. Loic Pietri en -81 kg devra tester le mystère coréen Hong Suk Woong, champion d’Asie et remplaçant du champion olympique Kim Jae-Bum, tandis qu’Alain Schmitt dans la même catégorie devrait rapidement se retrouver face à l’excellent technicien canadien Valois-Fortier, médaillé olympique à Londres. En -90 kg, Ludo Gobert est dès le second tour face au leader géorgien Liparteliani, vice champion d’Europe, et Cyrille Maret en -100 kg tombe d’entrée sur l’ancien champion du monde brésilien Luciano Correa devant son public.

Pour les filles, Priscilla Gneto en -52 kg retrouve l’invincible Kosovare Kelmendi au troisième tour, et c’est au même niveau qu’Automne Pavia pourrait retrouver sa grande rivale, la Japonaise Anzu Yamamoto. Pour Lucie Louette en -78 kg, c’est la Cubaine Antomarchi d’entrée.

Les stars françaises en revanche, bénéficient d’un tirage plus calme. Copieux, mais classique pour Teddy Riner (+100 kg) avec le Cubain Brayson et en demi-finale le vainqueur d’un quart de tableau redoutable, avec le Russe Mikhaylin, le Coréen Cho Guham (un sacré premier tour), ou le Géorgien Okruashvili. Gévrise Emane (-63 kg) et Lucie Décosse (-70 kg) devrait pouvoir bénéficier d’une montée en puissance en pente douce.

LES TABLEAUX 

Les championnats du monde de Rio de Janeiro débutent dans quelques heures. Le tirage au sort a été effectué cet après-midi. L’annonce d’une semaine passionnante.