Ce qui nous a plu / Ce qui ne nous a pas plu ce lundi 24 aout

CE QUI NOUS A PLU

 

1- Le doublé des combattants du Kazakhstan

Nous avions pronostiqué une grosse pression des combattants de la steppe, et notamment des Kazakhstanais chez eux, nous ne pensions pas avoir raison de façon aussi radicale ! En -60 kg, les deux combattants du pays sont en finale, ce qui est unique dans l’histoire de ce pays de 25 ans d’âge. Bien sûr on pourra parler d’arbitrage légèrement favorable, mais c’est comme cela partout, une attaque qui marque alors qu’elle ne marquerait pas ailleurs, une pénalité qui ne tombe pas… On ne dira pas en tout cas que ces deux combattants qui ont animé la journée (laquelle en avait besoin) ont volé leur triomphe du jour et leur gloire nationale éternelle. Ils se sont battus, ont remonté les scores compromis, échauffés l’ambiance de la patinoire de l’Alau Arena. Présent dans les dix meilleurs mondiaux, le champion du monde Yeldos Smetov n’est d’ailleurs pas un inconnu. Le vice-champion du monde en revanche, Rustam Ibrayev, 48e mondial, s’était fait remarqué cette année seulement, avec une troisième place à Dusseldorf, et surtout une victoire au Grand Chelem de Bakou en mai… en battant Vincent Limare en finale.
À eux seuls, avec leur finale 100% nationale, ils amènent leur pays en tête du classement des nations.

2- La constance de Pareto

Franchement, elle impressionne. Avec son style tout terrain exigeant en énergie mentale et physique, fait d’incessants passages en mouvements à genoux dynamisés par des enroulements ou des remontées toniques qui la font ressembler à un bouchon de liège impossible à retenir sous l’eau, l’Argentine Pareto ne perd jamais une occasion de rappeler qu’elle est l’une des meilleures -48 kg du monde, alors qu’on a tendance à l’oublier après chaque exploit. L’aventure commence en 2007, du temps de Tamura-Tani. Cette année-là, elle est 5e du championnat du monde, une belle performance pour une combattante de l’Argentine, pays de football plus que de judo. Stupeur l’année suivante, elle décroche le bronze olympique. On la retrouve 7e des championnats du monde 2010, cinquième des Jeux de Londres… et finalement finaliste du championnat du monde 2014 ! Finalement ? À Astana, elle règle deux des plus fortes représentantes de l’Europe, la Belge Van Snick, qui se fait prendre à son rythme, et la Hongroise Csernovicki, laquelle s’envole sur son eri-seoi-nage. Elle domine la Coréenne qui joue dans la même filière alors qu’elle est menée, et fait la finale parfaite contre une Japonaise déjà quasi statufiée dans la légende. Championne du mooooooooonnnde crie le speaker argentin (imaginaire). Elle l’a fait. Et on ne l’oubliera plus.

CE QUI NE NOUS A PAS PLU

 

1- La défaite française

Une journée sans, ce n’est jamais très agréable. L’échec est frustrant car on aurait aimé voir Vincent Limare contre le champion du monde en titre, le Mongol Ganbat. Celui d’Amandine Buchard est plus désagréable encore car elle était l’une des favorites et que la situation confuse qui la prive du tour suivant et de tout espoir de médaille est agaçante. On aimerait crier à l’injustice, mais au fond c’est juste une situation comme ça, pas très bien arbitrée peut-être, mais pas très bien gérée non plus par la combattante française, qui n’avait aucun risque à prendre alors qu’elle menait waza-ari et qu’il ne restait rien au compteur. On peut continuer à mettre Paris en bouteille en se disant qu’elle aurait bien géré la Coréenne spécialiste comme elle des kata-guruma et autres uki-waza, et qu’elle aurait sans doute dominé cette fois la Japonaise Ami Kondo, en toute petite forme. Sa défaite est une ombre sur l’équipe de France et la met de plus en difficulté pour la suite : les Jeux de Rio pour lesquels il faudra qu’elle aille marquer ds points en tournoi. On notera au passage que ce n’est pas seulement la France qui est éclipsée aujourd »hui, mais aussi toute l’Europe (voir par ailleurs), et en particulier l’Europe de l’Ouest (L’Ukrainienne Cherniak est 5e, la Hongroise Csernovicki et la Roumaine Dumitru sont 7e). Un signe plutôt négatif pour la suite de la compétition.

2- Le Japon terne

Il faut être exigeant pour dire d’un pays qui vient de faire trois médailles sur deux catégories qu’il a été en-dessous de ce qu’on attend de lui ! Mais c’est le cas du Japon, tourjours orphelin d’un bon Takato, la révélation 2013 en -60 kg, et de la confiance de ses micro-machines. Toru Shishime s’est montré solide à la garde, posé… mais un peu trop. Il n’est pas parvenu à endiguer le grain de folie semé par Yeldos Smetov et surtout il n’a pas enchanté le public par sa technique. Et ça, c’est grave ! Quant aux féminines, elles sont toutes les deux sur le podium et c’est méritoire notamment pour la digne et valeureuse Asami, championne en 2010 et 2011, finaliste en 2013 (et qui semblait avoir fait le plus dur en dominant d’une pénalité la championne mongole qui lui avait cassé le bras à l’époque…), mais ces deux-là sont championnes du monde, et on les a déjà vu beaucoup plus souveraines, triomphantes, sûres d’elles… D’autant plus qu’elles étaient coachées par des monuments, les immenses championnes Masae Ueno (Kondo) et Ayumi Tanimoto (Asami). Cette fois l’éclatant sourire de la championne du monde 2014, Ami Kondo, transparente ici à Astana, s’est changé en un rictus juvénile de sanglot. Triste. Rappelons que depuis 1993 (merci Ryoko Tamura-Tani), les Japonaises n’ont laissé échapper que deux fois en quatorze championnats (2005 et 2013) le métal précieux.
Même consistant et présent sur les podiums, un Japon sans médaille d’or, on dira ce qu’on voudra, c’est un Japon qui ne brille pas.

3- L’absence de beaux ippons

On ne s’est pas régalé. Malgré les Kazakhstanais en pleine bourre, malgré les Japonais, malgré tout, le judo ne s’est pas envolé aujourd’hui, surtout dans les phases finales, dans les duels qui comptent. Si les filles ont fait un louable effort, notamment par Asami qui projète l’Ukrainienne Cherniak en quart (laquelle fait aussi un joli soleil sur le kata-guruma de la Coréenne Jeon pour la place de trois) et immobilise la Brésilienne Brigida en demi, par Pareto qui jette joliment la Hongroise Csernovicki sur le dos… pour les garçons c’est mou. Un seul gros combat dynamique en quart, entre Smetov le Kazakh et un Ouzbek, qui se mettent un waza-ari partout. Le Mongol Ganbat obtient un ippon sans éclat face au Brésilien Kitadai qui agace par son judo fermé et tactique. En demi-finale, un petit yuko par combat. En finale… rien. En place de trois, un seul ippon pour le Japonais Shishime… Surtout, c’est le manque de rythme, les longs combats sur les mains, les jeux médiocres pour faire pénaliser l’adversaire, qui nous menaçent du mal suprême, l’ennui. Attention, danger.