Avec deux médailles d’or et une d’argent pour ses trois engagés du jour (sur deux catégories), le Japon ne pouvait pas faire mieux sur le sprint final, même si ces championnats ne resteront pas dans les annales nippones comme les mieux maîtrisés, ni comme les plus flatteurs sur le plan de l’expression judo. Et jusqu’au bout le Japon fut « challengé », non pas pour la victoire finale, acquise pratiquement depuis le début avec trois médailles d’or sur les deux premiers jours, mais pour le titre officieux, mais essentiel, de première nation chez les masculins. Et sur cette dernière finale des poids lourds, décisive pour savoir qui de la Russie, déjà couronnée en -60kg avec Abuladze, où du Japon, en or avec Maruyama en -66kg, allait passer devant à cette occasion, le Japon n’en menait pas large tant le « petit Tamerlan », Bashaev semblait capable de prendre le dessus sur un poussif Kokoro Kageura. Le « patron » Kosei Inoue ne dira pas le contraire, tant il sembla soulager de la victoire de son poulain dans un combat qui fut plus vif et plus excitant qu’attendu. Les attaques du Russe paraissait plus dangereuses, mais c’est Kageura qui trouva les ressources pour pousser un seoi-nage au ras du sol jusqu’au waza-ari… avant, dans les dernières secondes, de manquer de se faire piquer en contre au sol !

Difficiles championnats tout de même pour le Japon… Avec deux titres, les garçons sont à leur minimum syndical depuis 2010, et trois médailles est leur plus faible résultat, hormis les deux années noires de 2007 et 2009. Difficultés d’entraînement ? Stress lié au covid 19… ou travail collectif globalement tourné vers les Jeux sans trop calculer ces championnats du monde intempestifs ? Quoiqu’il en soit, et malgré tout, le Japon sort de cette épreuve avec onze médailles, dont cinq en or. Merci les féminines à trois titres et sept finales. On aimerait pouvoir en dire autant.

Pour la première fois depuis 1975

En effet… L’équipe de France se voit aujourd’hui privée de cette dernière médaille à portée de main pour Julia Tolofua qui aurait fait du bien. La Française avait pourtant fait un bon début de combat avant de précipiter un peu les choses — pour garder son avance d’une pénalité contre la Brésilienne Souza —tentant un contre sur lequel elle se faisait immobiliser. Le Brésil sauve ainsi un peu ses championnats du monde en récoltant les deux médailles de bronze en +78kg et la France les termine avec deux médailles seulement. Nos féminines nous avaient habitués à beaucoup mieux ces dernière années, et il faudra sans doute, pour l’encadrement, s’interroger sur l’état d’esprit affiché par certaines, entre déception pour non sélection mal digérée, ce qui peut se comprendre, et manque d’envie, ce qui est surprenant, même si la période a été très difficile. L’état de forme aussi, de façon générale, a semblé défaillant. Mais là encore, il est trop tôt pour décider qui se sort – se sortira – le mieux de la période. Bien sûr, l’Europe en particulier, l’Espagne de Sheradazshvili par exemple, mais aussi le Portugal de Fonseca, et même la Suède de Macias, marquent les esprits avec deux médaillés masculins, et toutes les « premières » que notre continent s’est offert : premier titre mondial croate, premier titre pour un combattant belge, premier titre pour une Allemande depuis presque trente ans… mais ils auront la responsabilité, pays et combattants, de faire aussi bien dans quelques semaines à Tokyo. On y retrouvera, c’est sûr, une Madeleine Malonga – venue sur ce championnat après une grosse séquence de foncier et quelques jours de repos — dans un bien meilleur état de forme. Avec deux finales, nos féminines n’ont pas abandonné le terrain. Elles seront plus affûtées et plus fortes des absentes à Tokyo. Les garçons signent un zéro pointé, performance attristante au regard de notre histoire, une première depuis 1975 et qu’on aurait bien aimé ne jamais vivre… mais sur laquelle il n’est sans doute pas nécessaire de trop s’appesantir. L’équipe était affaiblie de ses nombreux forfaits, et on peut espérer que les présents peu saignants, comme Alexandre Iddir en -100kg, seront eux aussi plus affûtés dans un mois, car il fallait choisir… Cette période se joue sur deux temps, le second étant le vrai objectif à atteindre. Pandémie, entraînements contrariés, doutes divers et événements majeurs ridiculement rapprochés… Un désastre dans lequel il faut préserver l’essentiel, Une course d’obstacles hallucinée qui ne sera finie qu’à Tokyo, le dernier jour, celui de Riner, et encore le lendemain, celui de l’équipe. On n’épiloguera pas non plus, aussi, parce que cela fait longtemps qu’on la voit venir cette feuille vierge. Le sauveteur des deux dernières éditions, Axel Clerget, n’était pas là cette fois… Restons donc concentrés jusqu’à Tokyo. Il sera toujours temps, alors, de se projeter sur l’avenir et la nécessaire reconstruction de notre équipe masculine.