Madeleine Malonga, désormais double médaillée mondiale.
Crédit photo : Marina Mayorova (FIJ)

Madeleine Malonga s’est-elle trouvé une nouvelle rivale olympique d’envergure ce vendredi ? Voilà la question que nombre d’observateurs français se posent sans doute ce soir. En effet, Anna Maria Wagner sera-t-elle, avec la Japonaise Shori Hamada, le principale obstacle à surmonter pour accéder à son rêve de titre olympique ?
À juger par la journée de cette judokate de 25 ans, championne d’Europe juniors 2016, mais surtout victorieuse de deux Grands Chelems cette saison (Tel-Aviv et Kazan), au profil athlétique et technico-tactique proche de la championne du monde tricolore 2019, on se dit qu’il faudra bien compter sur elle. Reste que selon nos calculs, Wagner sera dans le même demi-tableau à Tokyo que Hamada puisque l’Allemande va passer tête de série n°2 et que la Nippone descend d’un rang, à la troisième place. Si la Française devait la retrouver sur le tatami du Budokan, ce serait donc en finale des JO. L’occasion idéale pour prendre sa revanche de cette finale mondiale ?
Une finale intense, engagée, où Malonga, en dessous de son impact habituel toute la journée (la faute sans doute à une préparation foncière mise en place en vue de Tokyo) subit finalement le uchi-mata de Wagner au golden score. Le souffle court, aussi, comme on put s’en rendre compte dès le premier combat où la Croate Karla Prodan lui mit une pression terrible dans les deux dernières minutes. Mais une « Mado» Malonga concentrée et optimisant ses occasions d’en finir vite, comme ce fut le cas en quart, contre l’Ukrainienne Turchyn, ou en demie, face à la Néerlandaise Steenhuis (qui sera tête de série n°4 au Japon et donc dans le demi-tableau de la Française).
Après son titre de 2019, voilà donc une médaille d’argent mondiale au cou de la protégée d’Alain Schmitt à l’ESBM Judo ! Pas celle qu’elle était venue chercher, certes. Une déception ? Sans aucun doute, après cette journée un tantinet laborieuse. Reste qu’en étant pas à 100% de son optimum, Malonga a montré qu’elle n’avait, ce vendredi, qu’une seule adversaire capable de lui proposer une opposition réellement consistante. Une mise en condition réelle forcément utile pour arriver le mors aux dents au Japon.
Une catégorie des -78kg dans laquelle Fanny-Estelle Posvite n’aurait pas fait tâche (elle a déjà battu les deux médaillées de bronze, la Néerlandaise Guusje Steenhuis et la Japonaise Mami Umeki).

Maret, pas la sortie voulue

Il ne se sera cherché aucune excuse. Combattant exemplaire, Cyrille Maret, roc bourguignon exigeant – et d’abord avec soi-même – a sans doute tiré sa révérence des événements internationaux ce vendredi. Battu au premier tour par le Coréen Won Jonghoon (102e mondial), le médaillé olympique de Rio et septuple médaillé continental (argent 2017 et 2018, bronze en 2013, 2014, 2015 et 2019), qui connut un très grave accident de la circulation en octobre dernier, n’a pas combattu à son niveau aujourd’hui. Un constat, fait sans détour ni faux-semblant à notre micro.
Reverra-t-on Cyrille Maret sur une compétition nationale en +100kg ? La réponse lui appartient mais il faut rendre hommage au judoka formé à l’ADJ 21, à sa carrière, au bonheur procuré lors notamment de ses victoires à l’AccorHôtel Arena (2014, 2015, 2016) ou un certain 11 août 2016 à Rio dont il restera médaillé olympique pour l’éternité.
Son successeur et ami, Alexandre Iddir, termine lui à la septième place, avec probablement de gros regrets puisque le Géorgien Ilia Sulamanidze, que le Français avait battu pour le bronze aux championnats d’Europe, le bat cette fois-ci en repêchages avant d’aller chercher sa première mondiale seniors. Un championnat continental où le Tricolore avait également dominé… Jorge Fonseca. Un fait qui montre que le Français possède les armes pour battre ceux qui auront été les meilleurs judokas du jour.
Une équipe de France masculine qui termine donc cet événement sans médaille. Une première depuis 1973 et les championnats du monde de Lausanne. Certes, Teddy Riner et Axel Clerget, les médaillés mondiaux de l’olympiade, n’étaient pas là. Reste que la configuration de cette compétition laissait des interstices dans lesquels les judokas de Christophe Gagliano auraient pu se faufiler. Place maintenant aux équipes, dimanche, puis à la dernière phase de la préparation amenant à Tokyo.

Fonseca, le show au service du judo

Jorge Fonseca est désormais double champion du monde (2019 et 2021).
Crédit photo : Marina Mayorova (FIJ)

Jorge Fonseca sait choisir ses moments. Tout comme Madeleine Malonga, le champion du monde 2019 des -100kg était venu défendre son titre ici à Budapest. Si ses dernières prestations en tournoi laissent planer des doutes quant à sa capacité à garder sa couronne (septième aux Europe 2021, non classé à Tbilissi), ils furent vite, et pour notre plus grand bonheur d’amoureux du judo, rapidement dissipés ! S’il ne fallait garder qu’un geste, une image, de la magnifique journée réalisée par le Portugais, alors restons sur son foudroyant autant que sublime ko-uchi-gari placé au Serbe Aleksandar Kukolj lors du combat final ! Suivre Jorge Fonseca, c’est s’assurer de ne jamais s’ennuyer ! Explosif, extraverti, obsédé par l’envie de faire tomber (et donc le show), le Portugais aura proposé une journée parfaite et marquante. Alors… obrigado Jorge !

Autre image forte dans cette catégorie des -100kg, le doublé géorgien pour le bronze avec d’un côté « Captain Lipo » (Varlam Liparteliani), sixième médaille mondiale (!) et son padawan, Ilia Sulamanidze, encore junior mais dont la montée en puissance depuis 2019 (champion d’Europe et vice champion du monde juniors cette année-là, champion d’Europe juniors 2020, troisième à Tel-Aviv) acte d’ores et déjà que la relève est prête pour 2024.

Varlam Liparteliani, dans les bras du responsable masculin en pleurs, Lasha Gujejiani.
Crédit photo : Emanuele Di Feliciantonio (FIJ)

Deux médailles qui permettent à la Géorgie de passer devant la France ce soir. Du coup, les Tricolores se retrouvent à la quatrième place, talonnée par l’Allemagne, le Portugal et la Russie. Un championnat où l’Europe se montre particulièrement à son avantage (deux nouveaux titres aujourd’hui, comme hier, avant-hier et mardi), profitant d’une équipe masculnie japonaise décevante et de Coréens et Brésiliens totalement absents.
Chez les féminines, le Japon tient la corde pour finir première nation. En revanche, tout est plus que jamais ouvert chez les masculins puisque six combattants d’autant de pays ont gagné un titre mondial depuis dimanche ! Un suspense qui donne plus que jamais du piquant à l’ultime journée de la compétition individuel demain. Intéressant.