Champion du monde cadets (2019) et désormais juniors (2022), Kenny Liveze (ACBB Judo), l’autre ACBB Boy, connaîtra donc sa première titularisation chez les « grands ». Un -100kg au riche palmarès dans les catégories jeunes et qui écrira ce mardi, à Tashkent, les premières lignes de son expérience internationale en seniors. Au premier tour, le jeune Tricolore (dont vous pouvez retrouver l’interview dans l’Esprit du Judo actuellement disponible) rencontrera Adnan Khankan, Syrien qui combattra sous bannière de la FIJ. Un combattant de vingt-huit ans, 175e mondial et classé septième à l’open européen de Roumanie début juillet. De quoi entrer idéalement dans sa compétition.
Mais voilà. À l’image des -81kg et -90kg, les -100kg sont une catégorie où la densité et la diversité des talents effraient. Dès les seizièmes de finale, Liveze retrouverait le Turc Mert Sismanlar, deuxième à l’open autrichien d’Oberwart il y a peu. Style rugueux et tout en corps-à-corps. En huitièmes, le niveau montera crescendo avec le jeune Géorgien, excellent pianiste à ses heures perdues, Ilia Sulamanidze. Médaillé mondial seniors 2021, cinquième au Grand Chelem de Tbilissi et en argent au Grand Prix de Croatie cette saison, cet excellent judoka est âgé d’à peine un an de plus que le Français. De la même génération (Sulamanidze fut champion du monde juniors en 2021), le vainqueur de ce possible affrontement arrivera alors en quart de finale, probablement contre la montagne israélienne, Peter Paltchik, deuxième à Paris en février et troisième à Tel Aviv et Oulan-Bator. Une course où les obstacles seront donc grandissants à chaque étape. Mais Kenny Liveze est sur une dynamique formidable et sans pression. Tout est possible !
Même sans Niyaz Ilyasov et Arman Adamian, les deux Russes de cette catégorie, le tableau proposé donne le vertige. Mention spéciale au premier quart de tableau : Jorge Fonseca (champion du monde en titre et médaillé olympique), Kentaro Iida, troisième à Paris et vainqueur en Hongrie, aussi insolent de facilité de technique qu’il peut être agaçant de désinvolture, Simeon Catharina, cinquième des championnats d’Europe, ou Daniel Eich, judoka suisse remarquable de progression, en bronze lors de l’événement continental 2022 !
Et puis ? Il y aura aussi le Belge Toma Nikiforov, le Canadien Shady El Nahas, l’Espagnol Nikoloz Sherazadishvili, le Néerlandais Michael Korrel, champion d’Europe, le revenant géorgien Varlam Liparteliani, et ceux déjà cités. Un niveau irréel où le suspens est total.

Vice championne du monde puis vice championne olympique dans la foulée, Madeleine Malonga (ES Blanc-Mesnil Judo) tentera demain d’aller chercher un second titre mondial, après celui magnifiquement obtenu il y a trois ans au Nippon Budokan de Tokyo.
Médaillée de bronze à Paris et aux championnats d’Europe, victorieuse à Oberwart, la -78kg et ses uchi-mata, tête de série n°2 demain, aura un premier tour piégeux face à la Coréenne Hyunji Yoon, cinquième à Paris, victorieuse lors du Grand Prix du Portugal en début d’année et cinquième aux JO. Malonga reste sur une victoire dans leur duel. C’était à l’AccorArena début février pour le bronze, lors d’un combat gagné aux pénalités. Puis, au choix, la Chinoise Ma Zhenzhao, troisième des Jeux d’Asie, ou la Britannique Emma Reid, cinquième aux Grands Chelems de Budapest, Paris et au Grand Prix du Portugal. Le quart possible pourrait ensuite voir la Française retrouver la Polonaise Beata Pacut, en or à Tel Aviv et cinquième au Portugal cette saison. Une cliente.
Dans la logique des choses, la demi-finale serait alors contre l’Israélienne Inbar Lanir, en argent à Oulan Bator, à Budapest puis à Zagreb. Du copieux physiquement.
Shori Hamada et Anna-Maria Wagner, les deux concurrentes de Malonga en finale des mondiaux et des JO 2021, sont dans l’autre partie de tableau. Tout comme l’Italienne Alice Bellandi, en bronze aux championnats d’Europe et au style parfaitement adapté à l’arbitrage actuel, ne cessant jamais d’être active, aux risques de fausses attaques, ou l’autre Allemande, Alina Boehm, championne d’Europe au printemps.
Hamada et son ne-waza quasiment incontrable viendront-ils à bout de l’armada européenne ? La puissance de Wagner, au style très proche de celui de Malonga, lui permettra-t-elle de faire le doublé ? Malonga mettra-t-elle tout le monde d’accord ? Mystère et suspens.