À partir de demain – et jusqu’à vendredi – les dix-huit sélectionnés français pour les championnats d’Europe juniors feront partie de ces rares judokas à pouvoir s’exprimer lors d’une compétition internationale. Sans doute faut-il le prendre comme une chance – voire un privilège – tant la période que nous vivons aujourd’hui soumet à rude épreuve les nerfs des compétiteurs, entre confinement, incertitudes et souvent suppression des évènements. Dix-huit Français (neuf féminines, neuf masculins) qui n’auront donc pas eu, dans la majorité des cas, de compétition de rodage puisque tous les tournois de sélection ont été annulés. Si certains ont combattu lors des championnats de France par équipes à Brest, comme Léa Fontaine (+78kg, Sainte-Geneviève Sports Judo), Maxime Gobert (-66kg, OJ Nice, qui fut d’ailleurs l’un des judokas les plus intéressants à suivre), Joan-Benjamin Gaba (-73kg, JC Chilly-Mazarin Morangis), Enzo Gibelli (-73kg, OJ Nice) ou Francis Damier (-90kg, FLAM 91), beaucoup ne sont pas montés sur un tatami de compétition depuis les championnats de France juniors fin février-début mars. Soit huit mois d’abstinence. Une situation toutefois partagée par l’immense majorité des 394 autres combattants (venant de 39 pays) présents à Porec.

Alors, quid de cette sélection française ? Chez les féminines, aucune surprise. Les entraîneurs nationaux ont décidé d’envoyer toutes les championnes de France. Les deux places restantes vont logiquement aux médaillées mondiales 2019, Morgane Féréol (-70kg, JC Maisons-Alfort) et Tahina Durand (+78kg, Blanc-Mesnil Sport Judo). Une équipe dans laquelle on retrouve évidemment Léa Fontaine, qui cherchera à faire le doublé après 2019, et Faiza Mokdar (PSG Judo) qui ira, elle, à la conquête d’un troisième titre continental consécutif ! Elle rejoindrait ainsi Carine Varlez, dernière Française à avoir réussi cet exploit (1992, 1993 et 1994, en -72kg) et serait alors l’une des sept judokas de l’histoire du Vieux Continent à avoir conquis trois couronnes européennes juniors. Un beau challenge pour la protégée de Nicolas Mossion.
Chez les garçons, le staff a décidé de doubler trois catégories, faisant l’impasse sur les +100kg. Ainsi, en -60kg, on retrouve, aux côtés de Gabin Supervielle (JCR 78), l’un des deux « ACBB Boys », le lutin malin Romain Valadier-Picard, champion de France au printemps en -55kg. Les autres catégories doublées ? Les -73kg (voir plus haut) et les -90kg avec, outre Francis Damier, Maxime N’Gayap (AM Asnières).
Et donc pas de +100kg. Un choix devenu récurrent – en 2017 et 2018, la France n’avait aucun sélectionné dans cette catégorie aux championnats du monde juniors – et qui continue d’interroger : y a-t-il un problème global de niveau chez nos +100 juniors ? Est-ce uniquement conjoncturel, puisque l’année dernière l’équipe de France masculine alignait deux combattants aux championnats d’Europe et du monde (Tieman Diaby et Luka Lomidze) ? Remi Benitah (AJA Paris XX), champion de France de la catégorie après une journée convaincante, paie-t-il son absence d’expérience au niveau international ? Un choix qui s’inscrit dans un spectre plus large avec la récente décision de n’envoyer aucun +100kg seniors à Budapest, pour le Grand Chelem et à Prague, pour les championnats d’Europe.

Et chez les étrangers ? Les nations à suivre sont bien connues : Russie, Géorgie, Italie et Turquie. Sauf que la première, on vient de l’apprendre, ne participera finalement pas puisque six cas positifs ont été détectés en son sein ! Dommage car nous aurions suivi avec une attention particulière les deux frères Naguchev en -66kg : Kazbek ( 5e aux CM 2018) et Abrek (junior 1re année, champion du monde cadets 2019). Abrek, qui se pose comme l’un des plus purs joyaux (avec la -48kg Irina Khubulova, championne d’Europe en titre mais alignée sur les -23 ans) du judo du pays des Tsars. Il y avait aussi David Karapetian en -81kg (vice champion du monde juniors 2019) et Mansur Lorsanov en -90kg.
Revenons aux forces en présence donc, avec, du côté de la Géorgie, un oeil forcément sur Vladimir Akhalkatsi en -81kg (vice champion d’Europe et champion du monde juniors 2019) et Ilia Sulamanidze en -100kg (vice champion d’Europe et du monde juniors 2019). Pour l’Italie, qui avait réussi à détrôner l’inamovible Russie de son trône de première nation aux championnats d’Europe cadets l’année dernière, attention à Edoardo Mella en -73kg et Gennaro Pirelli en -90kg (3e aux CM juniors 2019) et Veronica Toniolo (junior 1re année, championne du monde cadettes 2019 en -52kg). Enfin, pour la Turquie, les chances de médaille se nomment Mert Sismanlar en -100kg (3e aux CM juniors 2019 et récent 7e au Grand Chelem de Budapest), Salih Yildiz en -60kg (champion d’Europe en titre) ou Habibe Afonlyu en -63kg (championne du monde cadettes 2019).
Au niveau des individualités, Szofi Ozbas fera figure d’épouvantail dans cette même catégorie des -63kg  puisque championne d’Europe et du monde en titre, vainqueur des championnats d’Europe -23 ans et qui vient juste de terminer en bronze en Hongrie, alors qu’elle n’est qu’en 2e année chez les juniors ! Toujours chez les féminines, l’Espagnole Ai Tsunoda-Roustant, championne d’Europe et du monde cadettes 2019 en -70kg, vice championne d’Europe juniors en titre et 3e du Grand Chelem de Tel-Aviv en début d’année sera, elle, aussi l’une des autres attractions de cet évènement.

Début des combats demain à 14 heures.