Mulhouse, Argenteuil et Sartrouville restent au pied du podium
À Hoofdorp aux Pays-Bas, ils étaient dix-sept clubs réunis pour la compétition masculine, et douze pour la compétition féminine, afin de déterminer un champion d’Europe des clubs 2014 mais aussi de se qualifier pour la compétition « Golden League » de l’année prochaine, la Coupe d’Europe des Clubs champions, en quelque sorte.
Il s’agissait donc d’un championnat d’Europe des clubs, à partir des championnats nationaux, sans Yawara-Neva, Levallois et autres Galatasaray… mais du niveau de la Golden League pour les meilleures équipes, lesquelles ajouteront l’année prochaine un pic de difficulté au rendez-vous des grosses structures de club européens.
Sartrouville ne passe pas loin
Des meilleurs clubs français non concernés par la Golden League, seul le COS Judo de Sartrouville avait fait le déplacement chez les masculins. Un groupe plutôt solide avec en -66 kg Clément Czukiewycz, médaillé national senior en 2011, le champion de France junior 2012 (et 5e des France seniors 2013), Tristant Avaliani en -73 kg, le champion de France Dimitri Gomes-Tavares en -81 kg, le champion de France 2012 Vincent Massimino en -90 kg et l’international junior, champion de France des jeunes en 2011 et 2012 Nabil Zalagh en +90 kg. Il fallait bien ça pour affronter au premier tour le club russe Shabolovka Moscou, emmené par l’excellent international russe Maxim Buga, troisième du Grand Chelem de Rio il y a deux ans, relayé par un autre international russe, Anton Nikiforov. Dimtiti Gomes-Tavares se chargeait du point fort en -81 kg et Sartrouville l’emportait par 4-1.
Le tour suivant leur proposait le Kenamju Harlem, avec Dex Elmont et Henke Grol en tête d’affiche, les deux grand leaders du judo néerlandais. Mauvais départ pour Sartrouville, Czukiewycz s’inclinait devant Junior Degen, 3e du championnat d’Europe junior 2012 et 3e de l’Open d’Estonie en septembre. Le médaillé mondial Dex Elmont battait ensuite logiquement Tristan Avaliani et en -90 kg, l’excellent Noel Van T End, membre lui aussi de l’équipe des Pays-Bas, avec son formidable ko-uchi-makikomi, dominait Vincent Massimino par ippon. Henk Grol n’avait pas de problème à mettre ippon à Nabil Zalagh. Des combattants de Sartrouville, seul le champion de France en titre Dimitri Gomes-Tavares en -81kg s’était offert la victoire, contre Neal Van de Kamer, vainqueur de l’Open d’Estonie en 2013 et 2014.
Les « Fighter » sont les meilleurs
Tandis que Sartrouville partait pour un long repêchage, le Kenamju allait se hisser jusque en finale pour s’y faire largement dominer, comme tous les autres d’ailleurs, par la très copieuse équipe du « Fighter Tbilissi » composée des internationaux géorgiens n°1, soit Kardava, Tatalashvili, le champion du monde Tchrikrishvili, Liparteliani, Okroahsvili. Du massif. Et un renfort de choix pour une future explosive « Golden League ».
Un « Red Star » serbe… mais aussi allemand, russe et ouzbek
Sartrouville allait battre ensuite les Turcs du Istanbul BBSK et son leader, l’ancien médaillé européen Hasan Vanlioglu, grâce à une victoire importante de Dimitri Gomes-Tavares sur le rugueux Roman Moustopoulos, un Grec champion d’Europe et médaillé mondial 2013 en junior, déjà 5e du championnat d’Europe senior, vainqueur du Grand Prix d’Ouzbekistan cette année… Ensuite il fallait remettre le couvert contre Shabolovka Moscou, qui commençait par mener 2-0, avant que Dmitri Gomes-Tavares arrête l’hémorragie contre Maxim Buga. Massimino et Zalagh finissaient fort avec deux ippons. Mais la médaille de bronze allait leur échapper devant le JC Red Star, club serbe présentant un assemblage hétéroclite de trois jeunes prometteurs, deux Serbes, dont le champion d’Europe junior 2014 en -81 kg Nemanjda Majdov, et un Allemand, le vice champion d’Europe de l’année précédente dans la catégorie des -66 kg Anthony Zingg, avec pour les accompagner, deux piliers d’expérience, le Russe Gerasimenko, un international de très bon niveau qui a eu ses heures de gloire dans les années 2010 – 2012, et l’international Ouzbek Tangriev, l’un des derniers vainqueurs de Teddy Riner (aux Jeux de Pékin en 2008) en poids lourd ! Difficile de dire ce que ce groupe est censé incarner ou représenter, mais l’attelage était néanmoins résistant. Malgré la victoire de Clément Czukiewycz sur le jeune Predrag Nikolajevic, Zingg dominait Avaliani et Majdov Gomes-Tavares ! Dès lors, les carottes étaient cuites et Gerasimenko apportait le dernier point devant Massimino, suivi d’un quatrième pour Tangriev face à Zalagh.
Dommage, Sartrouville ne sera pas engagé dans la Golden League l’année prochaine. Mais la construction se fait petit à petit.
Mulhouse qui pleure, Sainte-Gen’ qui rit
Chez les féminines, le potentiel était largement supérieur, avec, en particulier, les deux finalistes nationaux 2014, l’ASC Peugeot-Mulhouse avec Lucile Duport et la lourde Rebecca Ramanich, le JC Escale Argenteuil de la championne du monde Clarisse Agbegnenou et Sainte-Geneviève avec Aurore Climence. Suivant l’exemple réussi de Maisons-Alfort l’année dernière, qui avait emporté le championnat d’Europe des clubs avec le renfort de l’internationale allemande Myriam Roper, toutes ces équipes françaises avaient leur joker. L’internationale suisse Julian Robra pour Sainte-Geneviève, l’ancienne internationale Sarah Loko pour Argenteuil (ainsi que la jeune internationale française de Villiers-Le-Bel Samah Hawa Camara) et l’Allemande Iljana Marzok pour Mulhouse. Des précautions efficaces puisque les Françaises passaient leur premier tour, Argenteuil contre les Néerlandaises de Noord-Oost par 4-1, Sainte-Geneviève contre les Russes du Shabolovka Moscou (malgré une victoire de l’excellente Ryzhova sur Climence) et Mulhouse devant le Istanbul BBSK, renforcé par l’Internationale Néo-Marocaine Asmaa Niang. Là encore une victoire nette par 4-1. Un beau début, mais l’élan allait se briser rapidement.
Les championnes de France de Mulhouse se faisaient sortir nettement au tour suivant par l’équipe allemande du JSV Speyer, avec la défaite inattendue de Lucille Duport devant la modeste allemande Verena Thumm, et celle de l’ancienne championne de France Cindy Huber devant l’internationale Joanna Mueller, pour un verdict final de 4-1 pour les Allemandes… Lesquelles avait déjà battu au tour précédent Clarisse Agbegnenou et ses copines d’Argenteuil, la championne du monde étant la seule à sortir victorieuse de la rencontre. De son côté, Sainte-Geneviève faisait mieux en passant encore un tour contre les dangereuses Viennoises de Vienna Samourai, avec les internationales Hilde Drexler en -63 kg et Carolin Weiss en +78 kg, qui arrachaient deux points. Mais en demi-finale, Sainte-Geneviève devait céder devant le club suisse Cortaillod, renforcé, rien de moins, que par la double médaillée mondiale brésilienne… Erika Miranda !
Victoire pour Miranda devant Nolwenn Letroadec, préférée à la -48 kg Climence pour l’occasion, victoire aussi en +78 kg devant Cécile Delwail de… Larissa Ceric, une Bosniaque vice championne d’Europe 2014 derrière Emilie Andeol, mais victoires à l’inverse pour Sainte-Geneviève de Gwenaelle Viard et de Juliane Robra. Malheureusement, tout s’était joué en -57 kg où Cindy Madelrieux avait dû s’incliner devant la Suissesse Evelyne Tschopp, une internationale sans grand palmarès, mais troisième tout de même cette année à l’Open européen de Bulgarie. 3-2 pour les Suissesses du Cortaillod, qui rejoignaient les Allemandes du JSV Speyer en finale.
En repêchages, Argenteuil coinçait par 3-2 contre Istanbul BBSK. Malgré Clarisse, le phare d’Argenteuil, malgré les renforts, l’équipe reste un peu faible pour ce niveau.
Nouvelle déconvenue pour Mulhouse, qui s’arrête finalement au pied du podium, écarté 3-2 par un Kenamju Harlem à sa portée. Cette fois encore c’est la défaite du leader, Lucile Duport, devant l’ancienne internationale néerlandaise -48 kg Birgit Ente, qui condamnait l’équipe mulhousienne. Birgit Ente a fait sa meilleure année en 2011. Elle vient de réapparaître sur le circuit international avec une belle médaille d’or à l’Open d’Estonie en -52 kg. Une adversaire sérieuse, mais une contre-performance tout de même pour la vice championne de France Duport, appelée en équipe de France à Rio en 2013, et c’est un mauvais signal pour Mulhouse qui, comme l’équipe de Maisons-Alfort champion d’Europe en décembre et dispersée ensuite par une gestion humaine raté, semblait avoir les clés du camion en mars, avec le titre national, un groupe complet, dominateur et encore perfectible. Mais à partir d’un changement d’entraîneur brutal puis le départ des jeunes d’avenir Margaux Pinot et Linsay Tsang Sam Moi vers Levallois, le champion de France en titre a perdu de sa force et rate l’occasion d’être l’année prochaine en Golden League. Mulhouse devra refaire ses preuves, avec les forts atouts qui lui reste néanmoins, dont trois médaillées nationales.
En revanche, c’est la banane pour Sainte-Geneviève, qui venait tout juste de faire son retour sur le podium national : l’équipe sera en Golden League l’année prochaine. Elle finit en effet sur le podium, en battant par 3-2 les Turques d’Istanbul BBSK, malgré une nouvelle fois la défaite d’Aurore Climence sur la dangereuse Dilara Lokmanhekim, 3e du Grand Chelem de Bakou en -48 kg cette année, et celle de Cécile Delwail face à l’ancienne médaillée européenne turque en poids lourds Gulsah Kocaturk, Sainte-Geneviève arrachait le bronze par 3-2, grâce au beau tir groupé de Madelrieux, Viard – qui faisait l’exploit contre la Polonaise Agata Ozdoba, médaillée européenne cette année ! – et Julianne Robra, qui dominait Asmaa Niang, 8e mondiale. Une victoire importante qui pourrait être une étape décisive pour la marche en avant du groupe féminin de Sainte-Gen’.